✨Nouveau coup de cœur !✨
💙Je vous présente "NOUS" de Christelle Dabos aux éditions Gallimard jeunesse

👤NOUS, c'est une dystopie rétro-futuriste qui se déroule dans un monde où chacun a un instinct auquel il ne peut résister. Les instincts sont multiples et variés, parfois soigneurs ou protecteurs et parfois simplement utilitaires. Ils se déclinent à l'infini et tous sont voués à servir le Nous, une entité immuable qui symbolise la société. Dans ce monde, pas de place pour l'individuel, tout s'organise autour du Nous, surtout la hiérarchie sociale. "Sauvez des vies grâce à votre instinct et devenez quelqu'un, soyez récompensé par le Nous et devenez vertueux puis ange et plus encore. "
C'est dans cet univers que l'on suit Goliath et Claire. Lui est un Protecteur aspirant vertueux, ayant perdu ses bras lors d'une intervention trop risquée et désormais outillé de deux bras mécaniques. Et elle est une Confidente, bien secrète, vouée à écouter attentivement les autres, tant qu'elle ne protège pas ses oreilles avec un baladeur. Ensemble ils vont se plonger dans un mystère, celui de la disparition de plusieurs de leurs camarades de classe. Cette enquête les mènera à se questionner sur le Nous, l'individualité et l'autoritarisme de leur société "parfaite".
Entre le roman policier et le roman fantastique, NOUS est une pépite qui se dévore d'une traite.

📚Nous, de Christelle Dabos, aux éditions Gallimard jeunesse
-576 pages, 19.90€-

-Lola 🐟-

💚 Aujourd'hui, je vous présente mon dernier coup de cœur pour un recueil de textes sur les feminist disability studies, paru aux éditions cambourakis. Ce livre est coordonné et/ou traduit par Célia Bouchet, Mathéa Boudinet, Maryam Koushyar Soucasse, Gaëlle Larrieu, Inès Duflot et Laetitia Rebord, avec le soutien du collectif les dévalideuses.

📖 Dans La théorie féministe au défi du handicap, nous retrouvons six textes publiés en anglais entre 1981 et 2006 par Michelle Fine et Adrienne Asch, Susan Wendell, Jenny Morris, Carol Thomas, Rosemarie Garland-Thomson et Eva Feder Kittay. Ces autrices pensent l'intégration du handicap aux réflexions féministes.
Elles explorent des thèmes comme le rôle social pour envisager les positions sociales des femmes handicapées dans la société ; les enjeux de définitions du handicap et les processus d'altérisation des personnes concernées, les tensions entre droit à l'IVG et combat contre le validisme ; l'importance de l'inclusion de l'expérience personnelle et concrète face à un modèle social du handicap ; la conception du handicap comme constructions culturelles et enfin, le rapport entre handicap et dépendance, analysé sous l'angle de l'éthique du care.
C'est un ouvrage important pour penser l'intersection entre féminisme et handicap, un aspect de nos luttes qui restent encore trop peu pris en compte.

✒️Milo

- La théorie féministe au défi du handicap, ouvrage collectif, éd. Cambourakis, 224 p., 24 €.

💜 Aujourd'hui, je vous présente mon dernier coup de cœur pour un ouvrage collectif : T'aurais pas une adresse ? dans lequel le collectif Synaps retrace, grâce à un travail d'archives important, les luttes menées par le MLAC de Gennevilliers depuis 1973 pour la liberté de l'avortement.

Synaps Collectif Audiovisuel est une association créée en 2007 qui "vise à développer et soutenir des projets cinématographiques et audiovisuels originaux". Le Mouvement pour la Liberté de l'Avortement et de la Contraception est une organisation collective et autonome de lutte, comme son nom l'indique, pour un libre accès à la contraception et à l'avortement.

T'aurais pas une adresse ? est un très bel ouvrage qui donne accès à des sources directes. La lecture riche en informations est rythmée par les différentes voix mêlant intime et politique mais aussi les différents médiums (témoignages, archives papiers, photographies, flyers, livres jeunesses, archives audio et visuelles). Les mises en perspective qu'opèrent le collectif Synaps permettent de porter un regard contemporain sur l'histoire de ce mouvement et sur ses retombées et poursuites actuelles. C'est aussi l'occasion de faire un point sur les luttes qu'il nous reste à mener.

Si l'IVG est inscrit comme une liberté dans la constitution française, il n'en reste pas moins menacé par la montée de l'extrême droite, la fermeture des centres d'IVG, le manque d'informations et la perte de subventions des planning familiaux.
Synaps précise : "Nous avons désiré nous souvenir du MLAC de Gennevilliers comme d'une façon de lutter ensemble et de se tenir collectivement autour des questions d'autonomie, de réappropriation des savoirs, de santé communautaire, de reprise du pouvoir sur nos corps, de faire nous-mêmes et de ne pas attendre que ça vienne de quelque part d'où l'on attend plus grand-chose."

Ce livre vient avec une pochette surprise dans laquelle vous trouverez plusieurs documents pour accompagner la lecture.

✒️Milo

- T'aurais pas une adresse ?, ouvrage collectif, éditions Synaps, 190 p., 20€.

​💜Ce livre, je voulais le lire depuis des années. Publié en français pour la première fois en 2020 aux éditions Libre, il vient d’être réédité, toujours chez le même éditeur.

🌳De sève et de sang retrace l’histoire vertigineuse d’un combat hors norme. Celui de Julia Butterfly Hill, qui, pendant 738 jours, a vécu perchée à 55 mètres de hauteur dans un séquoia millénaire nommé Luna. Après un grave accident qui l’immobilise plusieurs mois, Julia cherche un sens à son existence. Par hasard, elle croise la route d’un groupe de militant·es écologistes en lutte contre la destruction des forêts primaires de Californie. Iels recherchent des volontaires pour le tree-sitting, cette forme d’occupation où l’on vit au sommet des arbres pour empêcher leur abattage. Sans aucune expérience, ni la moindre préparation, Julia grimpe sur la plateforme de Luna pour ce qui devait être trois jours… et elle y restera deux ans.

Elle affronte tout : le froid mordant, les tempêtes déchaînées d’El Niño, la solitude, la peur. Mais aussi la répression brutale de Pacific Lumber, l’entreprise forestière qui tente par tous les moyens de la faire plier : intimidations des agents, hélicoptères rasant la cime des arbres, épandage de napalm. Pourtant, Julia tient bon. Luna devient son refuge, sa confidente, sa force dans les moments les plus sombres.

Ce témoignage est bien plus qu’un récit militant. C’est une leçon de résistance et nous en avons plus que besoin en ce moment. Julia Hill démontre que la désobéissance civile radicale peut être pacifique, que la médiation et l’écoute peuvent parfois désamorcer les pires conflits. Son combat fait écho aux luttes d’aujourd’hui, à celles des Soulèvements de la Terre, du collectif Dernière Rénovation (Riposte Alimentaire), et de toustes les jeunes activistes qui, chaque jour, s’élèvent contre un système qui broie le vivant au nom du profit.

Préfacé par Thomas Brail (arboriste-grimpeur) et traduit par Cassandre Gruyer, ce témoignage est une invitation à tenir bon face à l’impératif de croissance qui ravage tout sur son passage. Une véritable source d’inspiration pour nos luttes. 🌿🔥

De sève et de sang – Julia Hill (@editionslibre ), 284p, 16€

✨Première lecture fortement appréciée de 2025 !!
Dans le fossé, écrit par Sladjana Nina Perković.

🌧 Voici un roman traduit par Chloé Billon du serbo-croate et qui nous emmène au fin fond d'un village balkanique aussi pluvieux que boueux. Notre protagoniste et narratrice nous raconte comment, forcée par sa mère, elle se retrouve embarquée dans la golfette défoncée du cousin Stojan, à foncer à toute allure en direction des funérailles de la tante Stana. Mais sur place rien ne se passe comme prévu. Entourée par sa famille vaguement endeuillée mais bien vénale, chacun des membres n'a qu'une idée en tête : récupérer sa part de l'héritage pour se sortir de son bourbier personnel.

💙Dans le fossé est un roman burlesque, plein d'humour noir. La narratrice est assez apathique et manque cruellement de courage pour s'imposer dans les discussions avec sa famille. Elle se fait bringuebaler tel un sac à dos et nous emporte avec elle dans ses pérégrinations. On se laisse facilement embarquer en se demandant tout de même "Où est ce qu'on va ?" et "Comment en sommes-nous arrivé.e.s là ?". C'était une lecture très agréable, idéale pour couper de l'actualité.

-Dans le fossé de Sladjana Nina Perković, traduit du serbo-croate par Chloé Billon, publié aux éditions Zulma- 240 pages, 10,95€.

Lola🐟

"Oui, ce livre est dur, oui il remue le ventre, oui on ne s'en sort pas indemne. Mais quel texte puissant et nécessaire."

Voici mon roman coup de corps (oui, j'ai été frappée dans tout mon être). Ce récit, largement autobiographique, nous plonge dans l'histoire d'une femme dont la vie a été marquée par les violences masculines. Chaque chapitre porte le nom de celui marque sa vie à jamais. Avec une plume brute et lumineuse, l'autrice décrit son parcours de reconstruction, s'appuyant sur sa force sans pareille, la révolution féministe #MeToo, et la solidarité des femmes à l'autre bout de la planète. Un témoignage poignant qui explore des thématiques telles que l'inceste, le viol, l'IVG, la domination patriarcale, et la pression sociétale.

Ce texte ne laisse pas de répit : je l'ai lu en apnée, traversée par l'émotion et l'admiration face à une écriture aussi extraordinaire qu'essentielle.

✨ À celleux qui cherchent des récits justes de résistance, de courage, et d’espoir : ce roman est pour vous.

📖 Disponible à la librairie, Passez me voir, on en parle avec grand plaisir 💜

📚 "Mes pieds nus frappent le sol" de Laure Martin aux éditions Double Ponctuation, 200 pages, 18€

​👉 Voici venu le moment où on vous dévoile les romans qui nous ont marquéX et fait vibrer pour cette rentrée littéraire de janvier 2025.

💕 On commence avec un immense coup de cœur de Rosa 💜pour le premier roman de la poétesse Rim Battal au titre magnifique, « Je me regarderai dans les yeux »

👉Nous sommes au Marrakech. À dix-sept ans, Rim, entre rébellion adolescente et quête d’émancipation, se heurte violemment à l’autorité de sa mère. Une cigarette fumée à la fenêtre de sa chambre devient le point de départ d’une fugue et d’un ultimatum abject : produire un certificat de virginité. Car selon les mœurs de sa mère, entre fumer une clope et coucher sans être mariée, la frontière est mince. Cet « examen gynécologique forcé », devient sa première fois, une expérience traumatisante et douloureuse.

👌 Entre rires et larmes, Rim Battal nous offre un roman d’une grande sensibilité, explorant avec profondeur le poids des traditions et les blessures familiales qui, de génération en génération, façonnent et enferment. Comment se construire, s’affranchir, et rompre les schémas de transmission lorsque celleux que nous aimons le plus sont aussi celleux qui nous infligent le plus de souffrance ?
Avec une écriture belle et rythmée, oscillant entre tendresse et révolte, l’autrice interroge nos premières expériences intimes, l’absence de l’éducation à la vie sexuelle dans nos familles, les transgressions adolescentes indispensables à notre émancipation, et ce moment inéluctable où, devenuX adultes et parfois parent.es à notre tour, nous tentons de comprendre les choix, parfois douloureux, de celleux qui nous ont précédés.

🔥 J’ai été touchée et captivée par ce livre, impossible de lâcher avant la dernière page. Une claque littéraire féministe, que je vous recommande de tout cœur.
C’est une lecture qui apaise, révolte et console tout à la fois.

T.W. violences intrafamiliales et gynécologiques

« Je me regarderai dans les yeux » de Rim Battal, aux éditions Bayard, 208 pages, 16,90€

Je vous partage aujourd'hui un nouveau coup de cœur : le fabuleux roman de Mardi Forestier, publié aux éditions Trouble en octobre dernier, Harde !

Dans cette histoire en trois actes, nous suivons trois personnages. Tout d'abord, nous faisons la connaissance de Colombine. Elle est lavandière chez Dovecot Lavoir, mais c'est loin d'être la vie de rêve. Elle prend la grande décision de s'envoler à bord du Panamarenko, machine de son invention, et de se laisser porter par les vents. Puis c'est Pierrot que nous rencontrons. Il vit seul avec ses deux chiennes, Castor et Pollux, mais ce jeune rentier éploré se désole du départ soudain de son amante. Il doit néanmoins lui aussi prendre la route pour retrouver sa tante très malade qui a une grande annonce à lui faire. Et enfin arrive Arlequin, qui sait se faire attendre. Al est fauconniær dans un cirque, propose des prestations avec ses deux oiselles, Cor et Caroli, charme des cœurs à l'occasion et voudrait bien s'éloigner du foyer familial.

🐛Les vies et les désirs des trois protagonistes se croisent, s'entrelacent et c'est avec la plus grande joie que nous les suivons dans leurs théâtrale aventure ponctuée d'interludes musicaux. Les décors et l'atmosphère que l'autrice nous décrit sont incroyables, les personnages secondaires éclatants et les animales tout autant importantes à l'avancée de l'histoire. Mais par dessus tout, dans ce récit qui semble hors du temps, ce qu'on adore parcourir c'est la langue dégenrée comme on ne le voit pas si souvent.

C'est un livre dans lequel j'ai adoré me plonger et j'espère que sa lecture vous ravira autant que moi ! Mardi forestier sera à la librairie le 19 novembre pour une rencontre durant laquelle vous pourrez découvrir son roman si formidable plus en détails !

✒️Milo

- Harde de Mardi Forestier aux éditions Trouble @editionstrouble , 200p., 19€

Il y a des différentes manières de rentrer dans la pensée féministe et queer. La sexualité peut être l'une d'elles. Avec le recul, je pense que mon éveil a commencé à s'opérer il y a à peu près 12 ans, avant metoo, sans que je le réalise. C'est à cette époque que j'ai remis en question et changé le schéma de couple dans lequel j'étais et surtout ma prise de conscience est passée par la découverte des sexualités hors cadre hétéronormatif et le nouveau regard posé sur les corps sexués. J'ai alors appris la notion d'identité de genre et découvert le mot pansexuel. Le premier fil de la pelote de laine de la déconstruction a été tirée !

Le livre que je vous présente propose des réflexions sur comment la société influence nos sexualités, comment elles sont traversées par les rapports de pouvoir et comment l'ordre sexuel hétéronormatif les hiérarchise.
C'est un ouvrage collectif écrit par les dissidents, les personnes qui résistent à cet ordre par leur travail et leur militantisme. Iels nous proposent de rendre visibles d'autres formes de liens sexuels et affectifs, de faire sauter les barrières qui agissent contre elles.
Dirigé par Chacha Enriquez, enseignant de sociologie queer au Québec, cet ouvrage collaboratif porte des voix des personnes concernées s'inscrivant dans les réseaux des dissidences sexuelles qui ont toustes contribué aux multiples analyses du livre.

Très accessible à tout le monde, il mêle les savoirs militants des contributeurices et la théorie queer. Largement inspiré de la théorie de Gayle Rubin, anthropologue et militante féministe lesbienne étatsunienne, ce livre explore des sujets variés : la bisexualité, le polyamour, les pratiques de chemsex et de cruising gai, le BDSM, l'asexualité, l'aromantisme, l'éducation à la sexualité positive, etc.

Ce genre de texte participe inévitablement à nous ouvrir vers d'autres espaces d'épanouissement et de libération. Peu importe d'où on part et qui on est.

J'ai hâte d'échanger avec Chacha Enriquez lors de la rencontre du 12 novembre 2024 à la librairie.

✏ Rosa

"Sexualités et dissidences queer", dirigé par Chacha Enriquez, aux éditions Remue-Ménage, 456 pages, 25€

Propagande Saphique Time !!!
Le tome 2 étant sorti récemment, je ne pouvais décemment pas ne pas vous parler de mon coup de cœur absolu de ces derniers mois: She wasn't a guy.

Dans ce Manga à la couleur délicieusement verte pomme, nous suivons Aya, une jeune lycéenne populaire et fan de rock qui malheureusement ne trouve personne avec qui partager sa passion. Mais lors d'une de ses sorties en magasin de CD, elle rencontre un mystérieux disquaire sur lequel elle crush quasi immédiatement. Au fil de leurs rencontres et par le biais de leurs passions communes pour le rock et pour la musique, les deux se rapprochent et le crush d'Aya ne cesse de grandir, au point d'en parler tous les jours à ses amies d'école.
Or ce qu'Aya ne sait pas, c'est que sous la casquette et le masque du mystérieux disquaire se cache en vérité Mitsuki, sa voisine de classe. Et Mitsuki a, elle, bien reconnu sa camarade. Que se passera t'il lorsque Aya découvrira la vérité ? Parce que dans le fond Mitsuki commence, elle aussi, a beaucoup apprécier Aya...

She wasn't a guy est un manga absolument adorable, à la couleur vibrante et rafraichissante. C'est vraiment un énorme coup de cœur ! J'ai adoré les personnages qui sont trop mignons et attachants : Aya et Mitsuki ont de superbes personnalités bien développées. Le format tranche de vie rend l'histoire très dynamique, on a jamais le temps de s'ennuyer.
Le tome 1 m'a tellement plu que j'en ai parlé a tous le monde et j'espère bien que ma propagande va prospérer grâce a ce post. 

Lola 🐟

- She wasn't a guy de Sumiko Arai, traduit du japonais par Morgane Paviot aux Editions Mangetsu -
9,95€ chaque tome, 150 pages chacun

Je vous partage aujourd'hui un coup de cœur pour une anthologie d'un zine queer féministe, coordonnée par Marcia Burnier et Nelly Slim, parue en octobre 2024 chez Cambourakis :It's Been Lovely But I Have to Scream Now

On retrouve ici une sélection de textes qui ont été publiés entre 2017 et 2019, jalonnés des photos qui les accompagnaient dans les zines, et encadrés par une préface de Marcia Burnier et Nelly Slim et une postface de Camille Cornu.
Ce livre porte des messages importants auxquels on croit beaucoup au sein de la librairie. En particulier le pouvoir révolutionnaire de la littérature. Ici, le format offre un espace d'expérimentation qui se traduit entre autre par le choix de publier tous les textes sans les éditer avec la volonté de s'opposer à l'élitisme que peut parfois véhiculer la poésie. Au fil des pages, non seulement on retrouve les explorations littéraires de chacun.e, mais aussi leur militantisme.

C'est aussi ce qui fait de cette anthologie un lieu d'archives important. Elle permet de retracer l'histoire de ce zine, l'esprit DIY, l'envie de créer et la volonté de partager qui l'animaient. C'est un lieu de rencontres, entre ces textes, ceux compilés ici mais aussi avec ceux qui servent d'inspiration. C'est un lieu de lutte. un lieu d'amitié.
Une lecture inspirante que je ne peux que vous recommander chaudement !

✒Milo

(J'en profite aussi pour vous faire un petit tour d'horizon des zines présents à la librairie, certains fraichement arrivés ☀️)

It's Been Lovely But I Have to Scream Now, éditions Cambourakis, 128 pages, 16€

On vous partage aujourd'hui un roman graphique qui a fait l'absolue unanimité au sein de l'équipe !

Alix Garin, vous la connaissez peut-être déjà pour son premier roman graphique, Ne m'oublie pas, paru en 2021. Déjà pour celui-ci nous avions été chamboulé.e.s par l'histoire de Clémence et de sa grand-mère Marie-Louise, une histoire remplie d'émotions et pleine de justesse.

Elle revient cette fois-ci avec un récit complètement autobiographique dans lequel elle se livre sur des difficultés liées à sa sexualité. Atteinte de vaginisme (une contraction involontaire des muscles qui entourent le vagin et qui peut rendre la pénétration impossible ou possible mais très douloureuse), il lui faut attendre plusieurs années avant que le diagnostic ne soit posé. Elle nous raconte l'errance médicale et les professionel.les de santé qu'elle consulte et qui ne font qu'augmenter sa souffrance. Elle nous parle également des injonctions qu'elle a acquise inconsciemment sur la sexualité des personnes sexisées : sur la prétendue obligation à avoir des relations sexuelles (et avec pénétration) et à taire la douleur, même si elle est forte, pour ne pas refroidir son partenaire. Elle nous confie aussi ses réflexions sur le désir et surtout sur l'absence de désir.

Décidée à faire fi de plusieurs tabous, Alix Garin nous emmène dans une quête intime qui a su trouver de nombreux échos à nos différents vécus.

Son travail graphique est riche, varié et incroyablement vivant. Elle sait parfaitement mettre en image ses sensations physiques tout comme les diverses émotions qui la traversent.

Vous vous en doutez, nous vous recommandons vivement tous les quatre la lecture immanquable !

Impénétrable de Alix Garin, éditions Le Lombard, 300p., 29.90€

Attention ! Bombe littéraire !
(TW : Viol, torture)

Je crois que ce genre de texte, on ne tombe dessus qu'une fois dans sa vie. 450 pages envoûtantes qui nous transportent du XXIe siècle en Pologne à une époque sombre de sorcellerie dans l'Europe du XVIIe siècle!
Anna Szajbel, PDG d’une grande compagnie pétrolière d'État, voit sa vie basculer lorsqu'elle est surprise en plein acte d'amour avec un arbre. Ce scandale la fait tomber en disgrâce publique.

Mais tout change lorsqu’Anna, dans sa folie, se retrouve quatre siècles en arrière, dans le duché de Neisse, gouverné par des évêques catholiques radicaux. Elle rejoint alors Mathilde Spalt et les Terreuses, une communauté de femmes ayant renoncé aux conforts du patriarcat pour vivre en harmonie avec la nature. Ces femmes, célébrant la Vieille Pucelle et la Terre-Mère, sont prêtes à tout pour défendre leur liberté.

"Hexes", magnifiquement traduit par Cécile Bocianowski, donne une place centrale à la folie des femmes, utilisée comme arme politique contre un système qui réprimait les femmes refusant de se plier à la norme (coucou Dr Charcot). C’est un cri de révolte contre le patriarcat et une ode à la puissance de la terre et des femmes qui la vénèrent.

Ce roman écoféministe résonne particulièrement avec celles et ceux qui voient dans l'écologie une lutte féministe, et dans le féminisme, une lutte pour la vie. Il interroge notre rapport à la nature, non pas comme une ressource à exploiter, mais comme une mère à chérir.

La capacité du livre à mêler le fantastique et la réalité en fait une allégorie complexe sur la liberté des femmes. La sexualité féminine, en particulier la masturbation, est célébrée comme une force vitale et indomptable, et non comme un objet de désir masculin.

Ce roman est également une critique du gouvernement d’extrême droite polonais actuel, où le droit à l'avortement est en danger. Écrit par Agnieszka Szpila, militante féministe et mère de trois filles, dont deux lourdement handicapées, ce texte est un coup de poing en pleine figure !

"Hexes" d'Agnieszka Szpila, traduit par Cécile Bocianowski aux Éditions Noir sur Blanc, 448 p., 24 €

Peau-de-sang, c'est un roman qui ne ressemble à rien d'autre que j'ai pu lire avant, à la fois dans la sujet que dans la forme.

Le premier chapitre nous annonce le meurtre de Peau-de-sang, plumeuse et prostituée de la ville de Kangoq. Immédiatement après, on retourne un an en arrière pour comprendre comment on en est arrivé là. Non seulement c'est la vie de la protagoniste que l'on découvre mais également l'histoire de tous les personnages qui se déploient au fur et à mesure de leurs interactions avec elle.
L'atmosphère de cette histoire est sans pareil et c'est elle qui nous tient en haleine. L'intemporalité du décor rajoute à l'onirisme qui se dégage du texte.

On a ici affaire à une narration très originale. Il n'y a pas de point à la fin des phrases. Cependant, le travail du souffle et l'alternance des voix rend le tout très fluide.
Il y a tellement de choses qui m'ont intrigué dans cette lecture que je ne l'ai pas lâchée. C'est mystérieusement absorbant et ça reste longtemps dans la tête.

🖊Milo

Peau-de-sang, Audrée Wilhelmy, aux éditions Le Tripode, 240p., 20€.

Nouveau coup de cœur de cette rentrée littéraire : sorti aujourd'hui, Tout brûler de Lucile de Pesloüan au éditions La ville Brûle.

(Trigger Warning: Inceste, violence) Un récit lourd témoignant de l'inceste dans les détails, Tout Brûler c'est la rage et l'injustice sous un vers libre, une poésie qui dépeint la colère.
C'est un véritable coup de point qui raconte l'inceste et le climat incestueux d'une famille dysfonctionnelle mais aussi l'après : la plainte, le jugement et surtout la famille, leurs réactions et comment ils deviennent "l'ennemi". Eux qui ne cessent de défendre l'agresseur, de considérer les victimes comme cause de tous les maux, tous les malheurs, comme ceux disloquant la famille en ayant parlé, en demandant justice. Eux qui n'ont pas protégé les enfants, alors qu'ils savaient.

Dans cet ouvrage on retrouve chaque émotion qu'a pu traverser Stella, protagoniste et narratrice. De la rage au chemin de guérison, on est emporté avec elle dans son combat, ses questionnements. Ecrit comme une poésie-journal intime, chaque page raconte une étape.
Un récit dur et enrageant mais facile et rapide à lire grâce à sa narration en vers libre.

Lola 🐟

-"Tout Brûler" de Lucile de Pesloüan aux éditions la ville brûle,
15€,140 pages.-

Aujourd'hui je vous parle d'un titre de la rentrée que j'attendais avec impatience et qui ne m'a pas du tout déçue !
La mer chantera ton nom de Laura Nsafou est un roman à la frontière entre le récit fantastique et le thriller. On y suit Ino qui est envoyée par son père sur l'île de Gorée, au large de Dakar, pour y passer l'été auprès de sa tante Emilia. Le calme et l'ennui des jours qui passent et se ressemblent un peu trop se voient bousculés par la rencontre qu'elle va faire avec un pêcheur, Salif. Peu après cette rencontre survient une série de meurtres aux circonstances plus qu'étranges, voire surnaturelles... C'est le début pour Ino d'une (en)quête pour tenter de percer les mystères qui entourent son séjour sur l'île.
Ce roman, à la narration entrainante et parfaitement maitrisée, plaira à toutes les personnes avides de récits mythologiques ! Laura Nsafou puise dans les mythes et légendes du Sénégal et nous embarque à la découverte de créatures et divinités que la littérature habituellement mise en avant en librairie n'aborde pas.
Les amateur.rices de romance y trouveront également leur compte grâce à un triangle amoureux à la tournure parfois très sensuelle (elle est donc réservée aux plus de 16 ans !).
Enfin, la force de ce texte se trouve les messages sur notre société sous-jacents et puissants, notamment sur notre rapport à la nature et à ses éléments.

🖊Julie

La mer chantera ton nom de Laura Nsafou aux éditions Albin Michel, 432 p., 19.90€

Parmi les parutions de cette rentrée, mon premier coup de cœur, Jour de Ressac de Maylis de Kerangal.

Dans ce roman polar qui n'en est pas vraiment un, on plonge dans une enquête à la recherche de l'identité d'un corps d'homme trouvé sur la voie publique. La narratrice, une doubleuse de cinéma d'une cinquantaine d'années, se retrouve projetée au Havre, la ville de sa jeunesse, et devient la seule piste d'identification du corps. Et pour cause, son numéro de téléphone est inscrit sur un ticket de cinéma retrouvé dans la poche de la victime. Une enquête qui se déroule au rythme des pensées de notre protagoniste, dans une espèce de ressac passé-présent et une déambulation lente mais captivante.

L'écriture est très agréable a lire. J'ai adoré les flashback et les retours au présent qui sont très bien intégrés au récit. On se laisse aisément porter par la narratrice dans le méandre de ses souvenirs. Jour de ressac est un roman dans lequel on se plonge facilement et dont on ne ressort qu'à la fin.

Lola🐟

« Jour de ressac » de Maylis de Kerangal aux éditions verticales,
21€, 243 pages.

Une BD toute douce pour finir les vacances par des happy ends. Aujourd'hui, je prends l'occasion de me présenter avec mon premier coup de cœur de la rentrée littéraire : la bande dessinée Happy Endings de l'autrice et illustratrice Lucie Bryon (que l'on avait déjà découverte avec Voleuse, déjà aux éditions Sarbacane).

Ici, ce sont trois histoires pleines de tendresse qui s'entremêlent. Celle d'un jeune homme qui pose nu pour une étudiante en art le soir du nouvel an. Celle d'un duo de voyageureuses du temps aux coupes de cheveux improbables qui ont bien besoin de vacances. Celle d'un jardinier qui s'occupe d'un cimetière hanté par un pleureur de tombes professionnel.

Les dessins doux et colorés font penser à ceux des Ghibli, en particulier dans la représentation des émotions. Une BD drôle et pleine de soleil qu'on a envie de partager.

Milo

Happy Endings de Lucie Bryon aux éditions Sarbacane, 25€, 168 pages.

Énorme coup de cœur pour le nouveau roman de Marie Pavlenko, « Traverser les montagnes, et venir naître ici » aux éditions Les Escales.

Ce roman lumineux, sensible, poétique et résolument féministe nous emporte dans une aventure humaine bouleversante, digne d’une adaptation cinématographique. Marie Pavlenko tisse avec brio l’histoire de deux femmes que tout oppose et dont les destins vont se croiser de manière aussi imprévisible que puissante.

Astrid, une Française de 35 ans, a tout perdu. En quête de guérison, elle se réfugie dans la montagne, là où les mélèzes et les marmottes veillent en silence.
Soraya, une jeune Syrienne en fuite, porte en elle les cicatrices indélébiles de la guerre et de la violence. À bout de forces, elle frôle la mort à quelques pas du hameau d’Astrid. Mais le destin, parfois cruel et souvent magique, pousse Astrid à lui sauver la vie et à l’héberger.

Dans ce décor sauvage et isolé, les souffrances des deux femmes résonnent, s’entrelacent, et deviennent un puissant écho aux réalités que trop de femmes vivent encore aujourd’hui. Les éléments naturels, omniprésents, deviennent les témoins silencieux de leur histoire, soulignant la beauté et la fragilité du monde qui les entoure.

Ce roman est un magnifique hommage à la sororité, à l’altérité, et à la fragilité de notre monde et bien sûr au vivant. La poésie de Marie Pavlenko, comme toujours, règne en maître. Elle console, elle guérit, elle fait espérer.
ET ce titre, insoutenable de beauté !

Un livre d'une force et d'une grâce magistrales à ne surtout pas manquer !
Nous allons recevoir Marie Pavelnko en octobre et nous sommes JOIE !
Plus d'infos à suivre...

"Traverser les montagnes, et venir naître ici" de Marie Pavlenko, aux éditions Les Escales, 352p. 21€

Voici LE texte dont j'ai parlé à tout le monde cet été (et qui m'a notamment permis de glisser quelques anecdotes sur Lyon à de la famille en visite...)

S'appuyant sur le film documentaire de Carole Roussopoulos, "Les prostituées de Lyon parlent" (1975), Fabienne Juhel nous raconte la grève de 1975 des travailleuses du sexe lyonnaises. De leurs débuts dans ce métier à l'occupation de l'église Saint-Nizier pendant huit jours, l'autrice nous livre le portrait et les conditions de vie de cinq d'entre elles.

J'ai été saisie par l'humanité qui se dégage de ce texte qui aborde des questions encore très actuelles, celles les droits des travailleur.euses du sexe notamment mais celles aussi leurs corps, de leurs désirs, de leur maternité (ou non), etc.

On découvre un panorama de femmes, ayant des rapports très différents à leur travail, qui s'unissent pour faire entendre leurs voix.

Si l'église Saint-Nizier (qui est d'ailleurs à deux pas de la librairie !) est le décor de l'histoire, c'est aussi l'étincelle qui allume le feu de la lutte qui trouve des échos partout en France.

-Julie (avec la participation de Milo, qui a aussi lu et apprécié le roman !)-

« Les putes sont des hommes comme les autres », Fabienne Juhel, éditions Goater, 17.90€

J'ouvre le bal des livres "étoiles filantes" (parce que j'en ai vu une magique tout en feu récemment et depuis je ne suis plus moi-même) qui brillent particulièrement pour moi en cette rentrée littéraire avec "Kiffe Kiffe Hier" de Faïza Guène.
L'autrice frappe encore une fois avec son dernier roman. Après avoir adoré La Discrétion en 2021, j'attendais avec impatience ce nouveau retour d'une de mes autrices préférées et je n'ai pas été déçue !

On retrouve Doria, l'alter ego de Faïza, 20 ans après "Kiffe Kiffe demain". Aujourd'hui, c'est une femme de 35 ans, séparée, qui élève seule son enfant. Et quelle femme ! Avec un humour cinglant, Doria nous raconte sa vie avec une verve qui donne l'impression d'assister à un one-woman-show. On rit du début à la fin, d'autant plus qu'elle instaure une compétition hilarante entre elle-même et l’Humour : Humour 5 - Doria 0 ! Spoiler : Doria perd toujours.

Mais ne vous y trompez pas, sous les éclats de rire, le roman est aussi une critique sociale acérée. Faïza aborde des sujets brûlants et qui lui sont chers comme la colonisation (la France, ce "pays du fromage, de la baguette et de la blessure coloniale mal cicatrisée"), l'immigration, les violences policières dans les banlieues, le racisme décomplexé, le sexisme, l'islamophobie et les violences conjugales.

J'ai savouré chaque phrase et j'ai déjà envie de le relire ! 

Parmi les voix francophones, celle de Faïza Guène occupe une place privilégiée dans mon cœur et j'espère qu'elle gagnera le vôtre aussi !

"Kiffe kiffe hier" de Faïza Guène, aux éditions Fayard, 260p., 20,90€

Alerte coup de coeur !

Le voici le voilà, ma lecture 2024 la plus attendue.

J’ai attendu un nouvel ouvrage de la grande Tiffany McDaniel pendant si longtemps que mes attentes n’ont cessé d’augmenter. Et spoiler alert : je n’ai pas été déçu.

Sans grande surprise, “Du côté sauvage” prend sans équivoque la place de numéro de mes lectures préférées de cette année 2024.

Ici, on suit l’histoire de Arc et Daffy, deux sœurs jumelles aux particularités physiques étonnantes : les cheveux roux, elles possèdent chacune un œil vert et un œil bleu.

Elles grandissent auprès de leur grand-mère et s’échappent des ténèbres familiales et la réalité de leur quotidien entaché par la violence grâce à leur imagination débordante.

On se retrouve dans la peau de Arc, qui lutte contre ses démons, lorsque de mystérieux événements se produisent et que plusieurs corps de femmes remontent à la surface de la rivière.

Ce dernier roman de Tiffany McDaniel est une fois de plus une énorme claque. Sa plume délicate et poétique nous livre d’une manière crue la violence de notre monde, les vices de l’humain et les abysses de l’homme. Ici se mêle un réel imaginaire lorsque la rivière prend vie. Elle dénonce sans détour les violences faites aux femmes et la cruauté dont l’homme est capable.

“Du côté sauvage” c’est une plongée terrifiante dans un univers sombre, cruel, injuste où la drogue et la violence prédominantes ne laissent aucun répit à ces deux petites filles, qui pourtant n’avaient rien demandé. C’est une histoire de survie, de sororité dans un monde hostile où la femme doit se battre pour réclamer la place qui lui revient de droit.

Mais surtout c’est un récit intense et sublime, où on en ressort marqué.e. Une véritable ode à celleux que nous avons perdu.es.

Mais attention… tout ce que vous pensiez savoir pourrait se révéler n’être qu’un rêve flou…

“Du côté sauvage” de Tiffany McDaniel, traduit de l’anglais par François Happe, publié chez Gallmeister, 720p., 27€90.

Je vous recommande chaudement de lire ce court essai « Féminisme » de la sociologue Eléonore Lépinard.

Le livre est paru dans la collection « Le mot est faible » des éditions Anamosa qui propose de décortiquer, un mot, un concept actuel, et lui redonner son sens, loin des clichés idéologiques et de ses différentes réappropriations.

La chercheuse fait un d’état des lieux du sens du mot Féminisme aujourd’hui et pose beaucoup de questions pertinentes. Avec les multiples versions des féminismes (matérialiste, black, queer, radical, ecoféministe, etc.), y a-t-il dans le mot féminisme un projet politique commun au contour défini ? Quoi et qui, il représente ? En prenant en compte les fractures les plus importantes du mouvement, faut-il accueillir toutes ces versions du projet Féministe, où placer la limite entre ce qui relève légitime et ce qui est inacceptable ?

En s’appuyant sur les travaux de Monique, Wittig, bell hooks, Teresa de Lauretis, Eléonore Lépinard fait une brillante analyse des conflits et des paradoxes qui ont existé et persistent dans le mouvement, souvent basés sur l’exclusion d’un groupe de femmes (femmes racisées, Lesbiennes, trans) et les voit plutôt comme un terreau pour penser nos contradictions et réinventer de nouvelles pratiques d’émancipation. Elle déclare que les femmes ne sont pas le sujet du féminisme et propose plutôt de parler d’une catégorie politique femmes, moins hétérogène, moins essentialiste et de déployer notre capacité critique du féminisme à partir de cet écart. Notre cher gouvernement aurait dû lire ce brillant essai avant de parler de la liberté garantie à la Femme dans le texte de loi qui constitutionnalisée le droit à l’IVG.

J’ai beaucoup aimé son exploration sur ce que cela veut dire « se dire féministe » : créer une communauté politique, une mise en relation avec d’autres féministes, et de les traiter bien, accepter les désaccords, se remettre en question en permanence.

Un essai a une réflexion dense mais très intéressante et juste qu’il est nécessaire de lire pour s’interroger toujours et toujours sur nos valeurs et nos comportements féministes.

« Féminisme » de Eléonore Lépinard, aux éditions Anamosa, 106p. 9€

Alerte coup de coeur

"Rivages Lointains" est une BD dans l'univers sombre mafieux.

On suit Jules, jeune immigré italien dans le Chicago des années 1938.

Il réalise un petit boulot assez ingrat qui lui permet à peine de payer ses factures lorsqu'il est repéré par Adam, un homme plus âgé, qui travaille pour la mafia locale.

Ensemble ils vont tenté de conquérir le monde, souvent poussés par des ambitions trop grandes, et des ennemis dangereux.

Le tout couronné par une histoire d'amour gay (tragique alors sortez les mouchoirs).

J'ai beaucoup aimé cette BD de par ses dessins, ainsi que par la relation entre Jules et Adam qui ne laisse pas indifférent. L'univers mafieux est prenant, nous entraînant dans une folle course à la gloire et un instinct de survie face aux coups bas des concurrents ennemis.

Jules est un jeune homme attachant, en quête de rédemption et de succès, animé par des désirs et rêves qui le sort des sentiers battus.

A lire !

"Rivages Lointains" de Anaïs Flogny aux éditions Dargaud dans la collection Combo, 240p., 19€

Les contemplées c’est l’histoire d’une féministe française, qui après avoir pris le risque de manifester en soutien d’une prisonnière devant le palais de justice de Tunis, et seins nus d’autant plus, se retrouve dans une prison pour femmes, la Manouba, à Tunis. Là-bas, c’est l’enfer sur terre : entre les conditions d’hygiène exécrables, la maltraitance des gardiennes et l’absence quasi totale de l’air frais. Bolona, tél est le surnom qu’elle se voit donner, atterrit dans le pavillon D, un 35 mètres carrés ou s’entassent 27 femmes. Ne parlant par l’arabe, elle va pouvoir établir la communication en procurant ses dons de voyante a la grande joie des condamnées. A travers les lignes de leurs paumes, Bolona découvre leurs récits des femmes victimes de la violence patriarcale et de la misogynie.

Les contemplees, c’est surtout l’histoire de ses femmes enfermées , ces parias, Abusées, soumises, humiliées, battues qu’aucune justice ne protège mais bien le contraire, elle les condamne. Avec les histoires de chaque détenues l’autrice dresse le tableau de la condition des femmes en Tunisie.

Cependant dans cette violence du quotidien et du réel, Bolona va trouver une sororite sous sa forme la plus pure et la plus belle. Jamais elle ne le retrouvera ailleurs.

Ce roman me faisait l’œil depuis sa sortie en grand format, et quelle claque ! La plume est juste, l’écriture est galopante, l’histoire est puissante, l’immersion est immédiate. J’aime lire la richesse des expériences des femmes d’autres cultures, d’autres religions et d’autres continents. Cela remet toujours en perspective ses propres vécus d'une femme occidentale.

C’est aussi un roman féministe sur l’amour de son prochain, sans jugement.

"Les contemplées" est basé sur l’histoire personnelle de l’autrice qui a fait l’expérience de la prison tunisienne. Pendant son incarcération, elle a pu garder avec elle un livre - "Les contemplations" de Victor Hugo qui va lui servir de cahier de notes. Pauline Hillier mettra 10 ans avant de décider d’écrire l’histoire des contemplées.

"Les contemplées" de Pauline Hillier, aux @jailu_editions_ (initialement paru aux éditions La Manufacture des livres , 251p., 7,60€

« Les Luttes fécondes, libérer le désir en amour et en politique » est un essai singulier, sur un sujet unique. Qu’est-ce qu’il y a en commun entre le désir amoureux et l’engagement politique ? Rien, de premier abord. Mais Catherine Dorion tisse un lien évident, limpide qui provoque plein de questionnements et d’étincelles.

Quand on rencontre quelqu’un, on tombe amoureux et très vite, on voudrait figer ce sentiment dans un cadre : la plupart du temps le couple et le mariage et toutes les règles qui en découlent.

En politique, on s’organise, on descend dans la rue, on mène une révolution. Puis on se dépêche à enfermer cette belle énergie militante dans de vieilles institutions politiques pour finir avec un sentiment d’impuissance face au système.

Les règles cherchent à moduler le désir pour rendre la vie prévisible alors que l’humain, lui, n’arrête jamais son mouvement.

L’autrice dit que la vie nous donne un espace de liberté immense entre la naissance et la mort. Alors pourquoi nous vivons avec un sentiment d’aliénation, le ventre tordu ? Quelle est cette force qui nous garde immobiles ? Et de constater que le conformisme est un mal qui fait tout autant de dégâts que n’importe quel autre « isme ».

En invoquant les réflexions d’autres auteurices, l’autrice propose de s’organiser en sociétés nouvelles. Elle cite le mouvement féministe qui, sans jamais avoir besoin d’un parti politique (et tant mieux), agit dans le monde de manière efficace depuis des siècles.

Il y a beaucoup d’analyses très intéressantes qui m’ont fait réfléchir sur la manière dont JE mène ma vie amoureuse et NOUS menons les luttes collectives. Il est temps de libérer nos désirs entravés pour un engagement fécond !

« Les luttes fécondes » est un essai tel que je les aime aujourd’hui, rempli de pensées fraiches, intime (ça me parle de moi) et politique (ça parle du monde), ancrée dans l’actualité et avec une portée salutaire. J’ai adoré !

Un nouvel ouvrage indispensable dans la géniale collection « Sur la table » des éditions Binge !

« Les luttes fécondes » de Catherine Dorion, en beau québécois « non traduit », aux éditions Binge, 153p., 16€

COUP DE COEUR !

Dans un monde en sursis où une comète menace de s'écraser sur la Terre, nous suivons Petra, adolescente de 13 ans qui rêve de devenir conteuse d'histoires, comme sa grand-mère l'était.

Afin de sauver l'humanité, elle ,ainsi que ses parents et son petit frère, sont choisi.es pour un long voyage de 380 ans (rien que ça), à la conquête d'une nouvelle planète.

Iels seront plongé.es dans un long sommeil, et quand iels se réveilleront, beaucoup d'années se seront écoulées mais elleux n'auront pas vieilli d'une once !

Sauf qu'à son réveil, sa famille a disparu, Petra est toujours dans le vaisseau et le reste des survivant.es ont perdu la mémoire et semblent formaté.es à servir un groupe de rebelles qui ont pris le contrôle du vaisseau. Pour une raison qui lui échappe, Petra est la seule dont les souvenirs sont restés intacts.

J'ai adoré ma lecture ! Dès les premières pages on se prend d'affection pour cette héroïne attachante, intelligente, quoique timide et discrète, mais qui ne manque jamais de bonnes idées pour ne pas suivre les règles.

Son adelphité et sa loyauté sans faille la poussent à surpasser ses peurs pour préserver ses souvenirs et aider les autres enfants à retrouver les leurs.

Défiant l'autorité des adultes, ce groupe d'enfants vous fera passer par le rire, la peur, la joie, la tristesse et surtout la victoire !

Car oui, les adultes n'ont pas toujours raison sur tout... alors il faut être prêt.es à mettre son masque à oxygène et fuir sur une planète inconnue pour clamer sa liberté!

"Zeta-1 : année zéro" de Donna Barba Higuera, traduit de l'anglais (américain) par Valérie Le Plouhinec, dans la collection Hélium des éditions Actes Sud, 17€90, 368p

Coup de coeur pour une sortie littéraire du jour !

Inty fait partie d'un groupe de scientifiques chargé.e.s de réintroduire le loup en Écosse. L'idée derrière cette mission est de rééquilibrer le règne animal installé sur le sol écossais en introduisant un carnivore dans la chaîne alimentaire. L'objectif est donc écologique. Mais l'opération est complexe du fait de l'intelligence de l'animal mais aussi de la bêtise de l'être humain ; les habitant.e.s et agriculteur.rice.s de la région concernée étant aveuglément opposé.e.s à cette réintroduction et prêt.e.s à tout pour voir repartir le grand méchant des contes.

Inty est une héroïne à la personnalité et au vécu complexes mais aussi un personnage très bien incarné. Elle nous montre notamment que l'empathie peut être une force, qu'il faut apprendre à maîtriser certes mais qui nous permet une meilleure compréhension du vivant qui nous entoure. Et elle nous prouve aussi que d'affronter ses émotions est aussi beau et dangereux que se retrouver nez à nez avec un loup... Charlotte McConaghy nous montre dans son roman que la force de la nature est aussi puissante que la force de nos émotions et qu'il faut savoir les accepter !

L'autrice nous offre aussi un beau roman sur les liens familiaux et la transmission intergénérationnelle, posant la question de l'inné et de l'acquis dans la nature humaine.

Enfin, c'est un roman écoféministe qui nous aborde également les violences faites aux femmes, en miroir de celles faites à la nature (TW donc car violences sexuelles et emprise au sein du couple).

Ce roman m'a profondément marquée et a su faire écho en moi sur tous ces sujets. Je me suis laissée emportée par ce récit très bien rythmé aux allures de thriller et j'espère vous avoir donner envie d'en faire autant !

"Je pleure encore la beauté du monde" de Charlotte McConaghy (traduit par Marie Chabin), aux éditions Gaïa, 368p., 22,90€

Attention coup de cœur BD

S'il est une BD aussi belle du point de vue des graphismes que celui de l'intrigue, c'est bien celle-ci ! Je dirais même que les dessins et les couleurs servent à merveille l'intrigue tant ils insufflent de vie et de délicatesse aux personnages et à leur histoire.

On nous y raconte la rencontre de deux êtres marginalisés qui ont été rejeté.e.s par la même communauté mais pas pour les mêmes raisons. Ce duo composé d'un enfant albinos et d'une sorcière vivant au fond des bois est peut-être des plus improbables mais un lien très puissant va les unir.

Comme d'autres récits, le contexte historique du Moyen-Age n'est qu'un prétexte pour évoquer des thématiques et des sujets très actuels : bien sûr la marginalisation de la différence, la famille qu'on choisie et le rapport au genre. Le récit sait donc trouver écho à nos vécus et questionnements contemporains avec force et douceur et ne nous quitte pas une fois la BD refermée !

"Rebis" de Irene Marchesini (Scénario) et Carlotta Dicataldo (Dessin), traduit par Claudia Migliaccio, aux éditions du Lombard

​J’adore lire les biographies mais encore faut-il qu’elles soient bien écrites. Celle d’Emma Goldman que je m’apprête à vous présenter est plus que parfaite !
L’autrice n’est autre que Vivian Gornick, journaliste, critique littéraire redoutée et féministe radicale américaine !
Je m’y suis plongée dans la vie d’Emma Goldman, cette immense anarchiste américaine d’origine juive, née en Russie, avec beaucoup d’intérêt et j’ai dévoré le livre.
L’autrice nous propose d’aborder l’histoire Emma Goldman sous 4 chapitres : Caractère, Vie, Exil et Héritage.
Cependant, même si on la suit depuis sa naissance jusqu’à sa disparition, Vivian Gornick ne dresse pas uniquement le portrait politique de la vie d’Emma mais se concentre sur la puissance de son extraordinaire rébellion pour chercher à éclairer l’élan existentiel qui sous-tend sa politique radicale. Pour Emma, la révolution devait inclure une passion saine pour la vie intime. Elle luttait pour la libération sexuelle, la contraception, la réforme du mariage avec énormément d'intensité. Elle mettait la joie et l’expression individuelle au centre de son anarchisme. C’est surtout à cet engagement et ses origines que Gornick consacre son texte.
Marquée par une enfance violente (elle était le bouc émissaire des faillites de son père), la marginalité juive et l’absence de l’amour filial (elle a coupé les ponts avec toute sa famille, excepté sa sœur Hélèna), Emma Goldman a lutté toute sa vie pour la liberté d’expression, pour la résistance, contre toute forme d’injustice et de pouvoir. Oratrice hors norme, elle a sillonné l’Amérique pour donner des centaines de conférences aux salles combles. Dévouée à l’Amour et à la passion sexuelle, elle a toujours nourri ses convictions politiques par la libération intime de l’esprit et du corps.
Si vous ne connaissez pas Emma Goldman et son travail de révolutionnaire anarchiste, je vous conseille chaudement de lire cette incroyable biographie qui vous fera découvrir cette femme passionnante dont les idées sont si actuelles !
A lire absolument comme un excellent roman !
« Emma Goldman » de Vivian Gornick, aux @editionspayot, 202p., 20€

Je continue à vous présenter mes livres adorés en ce début d’année autour de la poésie. En voici un autre avec le titre magnifique qui peut être un poème à lui tout seul « Tant de neige et si peu de pain » de Béatrice Wilmos.
Le roman retrace la vie de Marina Tsvetaieva, l’immense poétesse russe du XXème siècle que j’adule particulièrement. Mais l’autrice concentre son récit sur une période spécifique et tragique de la vie de Marina. On est à Moscou en 1919. La Russie postrévolutionnaire est en pleine guerre civile, ce sont les années de la famine extrême. Son mari a rejoint l’armée blanche et Marina se retrouve seule avec ses deux filles en bas âge à surmonter l’épreuve du froid et de la faim (d’où le titre). Ce sont les pommes de terre à chaque repas et la dernière chaise sacrifiée pour se chauffer dans un studio glacial sous les combles (son palais grenier). Marina va tout faire pour nourrir et sauver ses filles mais les difficultés matérielles vont la contraindre à les laisser dans un orphelinat. Alia est son ainée et sa préférée. Cela a été posé d’emblée, par le destin. Fille surdouée, amoureuse des mots comme Marina, elle sera récupérée par sa mère quelques mois plus tard car malade. Irina, la cadette, c’est la fille que Marina n’aurait jamais voulu avoir. Ignorée et mal aimée, aux prises de troubles de la santé mentale, Irina sera malheureusement abandonnée par sa mère et se laissera mourir. Le souvenir d’Irina agira "comme des aiguilles plantées dans le corps" de Marina toute sa vie.
Comment ce choix terrible est envisageable ? Comment est-ce possible d’aimer un enfant à la folie et délaisser l’autre ?
Forcément la poésie traverse tout le roman, car Marina ne s’est jamais arrêtée d’écrire.Elle avait un rapport ardent et passionné à l’écriture. C’était un remède contre la solitude, la misère, le froid. Il était urgent d’écrire, coûte que coûte, même s’il fallait voler du papier, même avec les doigts gelés.
Je vous conseille cette splendide lecture, qui vous fera (re)découvrir Marina Tsvetaeva, son âme, son univers et bien sûr sa prodigieuse poésie.
« Tant de neige et si peu de pain » de Béatrice Wilmos, aux éditions du Rouergue, 157p. 18,90€

Deuxième coup de 💜 de cette rentrée littéraire, celui de Julie, qui vient de rejoindre l'équipe !

👋 On ne pourrait trouver meilleur roman pour m'introduire auprès de vous : Frappabord en est un habilement mené et réunissant des thèmes qui me sont chers (monde animal, écologie) !
Pour les non initié.e.s au vocabulaire québécois, Mireille Gagné nous parle ici de mouche, de taon plus précisément. L'autrice parvient d'ailleurs à rendre cet insecte à la morsure redoutée fascinant grâce à ce court roman qui nous tient en haleine de bout en bout.
Le roman alterne le point de vue de l'insecte, celui d'un entomologiste chargé par l'armée canadienne d'une mission top secrète et celui d'un ouvrier à la vie simple, quoique désordonnée. Quatre-vingt ans séparent la vie des deux hommes. Pourtant les activités de l'un ont des conséquences redoutables sur le monde de l'autre.

C'est un récit saisissant sur les rapports de l'humain au monde du vivant et sur l'exploitation irréfléchie de celui-ci.
C'est un récit qui nous glace le sang quand on sait que des faits réels l'ont inspiré et qui prend par moment des allures de roman d'anticipation...
C'est un récit que je ne peux que vous recommander !

Hello la commu ! On vous présente ce soir notre troisième coup de cœur de cette rentrée littéraire d'hiver !

"Dans la peau de Shirley Page" est une belle fresque familiale où se mêlent secrets de famille et quête d'identité.
On suit la narratrice, dont la mère, dans sa jeunesse, est partie aux Etats-Unis où elle a brièvement été une Shirley Page.
La narratrice va alors développer une obsession pour ce sujet là, qu'elle ignorait jusqu'à présent.
Le roman est partagé entre récits de ces fameuses Shirley Page, image de marque de Kodak et moments de vie de la narratrice qui navigue entre la France et Tunis autour d'amitiés et d'amours tumultueux.ses à la recherche de la vérité sur sa mère.
A travers ce récit l'autrice dénonce également les violences et discriminations raciales dans le monde de la photographie.

Une très belle découverte !

"Dans la peau de Shirley Page" de Constance Trautsolt chez HapperCollins, 19€90, 256p.

💥Voici mon premier coup de cœur littéraire de 2024 et il annonce le début de mes lectures placées sous le charme de la poésie.
Je vous présente « La fille de Lake Placid » de Marie Charrel.
💁‍♀️C’est un roman envoutant sur la rencontre entre Lana Del Rey et Joan Baez. Basé sur des faits biographiques des vies de 2 icones du folk américain, l’autrice nous plonge dans leurs univers fascinants et sensibles, emplis de poésie et de musique. On découvre Lana Del Rey, enfant, puis ado, touchante, troublée, en quête de son destin, curieuse et libre, mais aussi sombrant dans une addiction à l’alcool, inconsolable par l’absence d’un ami cher et hantée par une vision d’une femme blanche. Loin des clichés, on approche la richesse de son monde intérieur qui a construit son œuvre musical unique.
🎵Si comme moi, vous ne connaissiez Joan Baez que par sa chanson « Diamonds and rusts », vous découvrirez une artiste singulière et mythique de l’Amérique, une artiste peintre qui vit retirée en pleine nature et qui plonge dans le lac tous les matins avant le lever du soleil. La nature est omniprésente ici, car indissociable de la poésie.
🍹C’est un roman « ambiance », qui vous dépaysera et vous fera voyager en Californie, à LA, ville lumière, qui va rendre heureuse Lana. On croisera Bob Dylan et Amy Whinehouse, une voyante extravagante, on lira sur le fond d’une playlist folk, on repassera forcément en boucle le clip « Video games », on savourera la merveilleuse voix de Lana comme une caresse d’or. Mais surtout, on s’emplira de sa poésie qui « plonge dans l’ombre de la mélancolie et la cisèle pour y laisser passer la lumière, la musique qui ne pousse pas à la révolte, mais qui guérit ». Car seule la poésie peut aider à mieux supporter le monde !
Marie Charrel est aussi l’autrice « Qui a peur des vieilles », un essai sur l’âgisme et le sexisme qui pèsent sur les femmes vieillissantes, paru en poche le 3 janvier.
« La fille du Lake Placid » est un 5ème livre de la collection « Les audacieuses » des éditions Les Pérégrines où des autrices mettent leur univers littéraire au service d’une réécriture de la vie de leurs héroïnes.
« La fille de Lake Placid » de Marie Charrel, 260p. 20€

📣Alerte alerte 📢
Pour toutes les personnes à qui je n'ai pas encore parlé de Camille Jourdy alors il faut savoir une chose très importante : je suis totalement fan de son travail et c'est l'une de mes autrices BD préférées ! Elle fait de la BD adulte avec Rosalia Blum et Juliette (qui parle très bien de l'anxiété!) et aussi de la BD jeunesse, avec Les Vermeilles qui est un super mélange d'Alice au pays des merveilles et d'un Miyazaki. Maintenant que les bases sont dites : elle revient avec une BD jeunesse cette année, à ma plus grande joie, Pépin et Olivia. ✨
Une sœur et son frère qui sont rempli.es d'imagination et très attachant.es. Nous les suivons dans leur quotidien durant par exemple une balade dans les bois avec leur grand-mère jusqu'à la catastrophe de se perdre! Tout ça pour chercher des champignons : des trompettes, mais la grande question c'est : des trompettes, comme dans les orchestres ou pas ?!?. Mais aussi quand iels se cachent sous la table pour regarder le film en secret mais que Pépin n'entend rien à cause des parents qui discutent, c'est pas vrai !! Pépin et Olivia c'est toujours comme ça, on rigole avec elleux et parfois d'elleux mais aussi et surtout c'est toujours très doux et très beau.
"Pépin et Olivia" c'est aussi des enfants qui s'amusent, qui adorent voir les cousines et les cousins, faire la fête, jouer et surtout voir leurs ami.es ! C'est une belle bande d'enfants qui nous font beaucoup rire et où chaque petite histoire devient une fabuleuse aventure. Attention, je mets au défi les personnes qui le lisent de tester la recette du papa : un cake thon vanille !! 😉

C'est toujours avec beaucoup d'humour et d'amour que Camille Jourdy nous donne à lire des tranches de vie. Foncez les yeux fermés pour tous les enfants de votre entourage ou même pour les plus grand.es 💜

Manon ✍️

COUP DE COEUR

Une bande dessinée aux couleurs pastelles qui réchauffe le cœur.
On suit Léold, une personne transmasc non-binaire, tout le long de son parcours.
Au cœur de Bordeaux, iel va évoluer au sein de la communauté queer, va se chercher, essayer de trouver une paix relative à son rapport au corps, ne pas chercher mais quand même trouver l'amour.
Soutenu.e par son père et son petit frère mais rejeté.e par sa mère, iel part en quête d'indépendance et de réponses. Au travers de l'écriture, iel met des mots sur des émotions et sentiments qu'iel n'arrive pas à dire à voix haute.
La question des opérations, des hormones, du "cispassing", de l'hétéronormativité, de la queerphobie, de l'amitié, de l'adelphité, de l'amour et de la reconnaissance d'une communauté sont des sujets traités avec une justesse et une douceur inattendue.

Cette bande dessinée montre que chaque parcours est différent, que chaque personne trans suit le chemin qu'iel décide d'emprunter, et qu'il n'existe pas qu'une seule manière de transitionner et d'évoluer dans cette société binaire et hétéronormée qu'est la nôtre.
"Que vivent les trans, que meurent les monstres"

"lLe seul endroit" de Séverine Vidal et Marion Cluzel aux éditions Glénat, 22€, 103p.

Coup de poing !

Cyan est une BD au style graphique particulier : les couleurs jaune, bleu et rouge sont prédominantes. Et c'est important dans l'histoire.
Ici on vit dans une société régit en trois castes : les jaunes, les magentas et les cyans.
Les jaunes font partie de la population privilégiée tandis que les cyans sont mis à l'écart de la société, marginalisés.
La fracture est plus que présente, et les violences, racisme que subit cette population sont palpables.
Au milieu de tout ça se trouvent un groupe de jeunes de toutes les couleurs qui décident de s'en foutre des codes sociaux et des castes et de devenir ami.es entre elleux.
Une révolution s'opère afin de mettre fin à un système oppressif et inégalitaire.
Malheureusement, un drame se produit.
On retrouve cette même bande de potes vingt ans plus tard, lorsqu'un indice rouvre l'enquête au sujet du drame ayant eu lieu vingt ans auparavant.
Ces ami.es que le feu a séparé, vont alors se serrer les coudes afin de combattre la menace de cette société fracturée.

J'ai été chamboulé.e par cette BD aux allures de dystopie et aux couleurs vives accrocheuses. Le fait d'alterner entre les deux époques rend le récit entraînant.
C'est un récit sublime sur l'adelphité, l'amitié, l'engagement politique et le militantisme. Sur une jeunesse dirigée par des politiques à la frontière de la dictature, une jeunesse dont la parole est trop souvent tue et étouffée, une jeunesse souvent oubliée et effacée.

Une BD brûlante d'actualité !

Cyan de Lucia Biagi aux éditions Cà et Là, 26€

Maria Burnier est l’autrice du célèbre "Les Orageuses", texte plein de rage collective, de colère et de vengeance. Dans "Hors d’atteinte" elle est beaucoup plus apaisée dans l’écriture.

À travers Erin, qui a vécu une relation abusive et violente, elle montre le chemin d’une reconstruction. Bienvenu.e à Massat, petit village des Pyrénées ariégeoises pour apprendre à (re)vivre grâce à l’isolement. C’est un long chemin qui commence au travers de si belles randonnées. Comment avoir confiance en l’autre quand tout a été si violent durant autant d’années ? Erin a peur : de l’autre, du moindre bruit, de la petite ombre au bout du chemin. Elle est dans un comportement de survie et d’hypervigilance. C’est la nature qui va l’aider à reprendre confiance en elle : réussir à gravir une montagne ça aide à gravir sa montagne mentale aussi. Pour unique compagnie sa fidèle chienne, Tonnerre, elle va apprendre à accepter les mains tendues, de sa voisine au début puis peu à peu de plus de personnes.

Ce roman est beau, délicat, c’est une bouffée d’air au milieu de la brume. C’est aussi un doux retour à la terre, à la force de la marche (pour celleux qui me connaisse ; vous savez comme j’aime marcher en montagne) alors quand j’ai commencé Hors d’atteinte, je savais d’avance que j’allais beaucoup aimer ce texte. C’est une douce bulle de solidarité, d’isolement mais pour mieux s’apprivoiser et vivre. J’aurai qu’un conseil supplémentaire à vous donner : partez sur les chemins si vous le pouvez, accompagné.e ou seul.e. Je ne me sens libre qu’en haut d’un sommet, en plein milieu de la nature.

Manon

Hors d'atteinte, Marcia Burnier, éditions Cambourakis, 18€.

Connaissez-vous le podcast “Vivons heureux avant la fin du monde” ? Moi, je suis tombée dedans il y a un an à peu près. C’est un podcast de Delphine Saltel, produit par d’Arte Radio, qui pose des questions essentielles de nos existences du 21 siècle. Comment nos vies ou plutôt relations sont impactées par le progrès technologique, la 3ème vague dela révolution féministe ou encore la crise écologique ? Ce sont des épisodes courts avec les experts, les réflexions personnelles de Delphine Saltel et les enregistrements sonores de son quotidien qu’elle a archivés.

Le livre est inspiré du podcast mais ce n’est pas une retranscription écrite de tous les épisodes.

Delphine Saltel a décidé de parler de 3 sujets en particulier : couple, famille, sexualité. Soyez prévenu.es, ces sujets sont traités principalement sous l’angle d’une relation hétérosexuelle, puisque l’autrice parle depuis sa situation d’une femme blanche, cis, mariée avec un homme, de classe moyenne.

Delphine Saltel, comme moi, comme plusieurs d’entre nous, a été secouée par la révolution #metoo et tout ce que ça soulève comme remise en questions sur nous-mêmes et nos pratiques amoureuses. Souvent pour le meilleur, mais parfois pour une zone plus floue où on navigue, dans les eaux plus ou moins troubles, et on se pose beaucoup de questions sur comment relationner en tant que femme hétéro ? Comment déconstruire le modèle conjugal et le couple monogame ? Comment faire famille quand les histoires de couples durent de moins en moins longtemps ? Qu’attend-on des parents aujourd’hui ? Où en sont nos scénarios sexuels ? Et même si, déconstruire sa grille de lecture de ce monde patriarcal est indispensable, la sortie de l’hétérosexualité, comme système, ne se fait pas en un claquement de doigts et parfois nous n’avons ni les moyens, ni les capacités de le faire. Alors, il faut réfléchir et inventer de nouveaux modèles !

C’est ce que Delphine Saltel propose de faire dans son livre passionnant que j’ai adoré !

J’aurai le plaisir d’échanger avec elle le 4 octobre prochain à la librairie et j’ai hâte !

Rosa

“Vivons heureux avant la fin du monde” de Delphine Saltel, aux éditions Philosophie magazine, 240p., 19€

Et si on pouvait choisir le jour et l'heure de sa mort, que feriez-vous ?

Carole Fives parle ici de l'euthanasie avec brio, au lieu d'en faire un livre plombant sur la mort c'est au contraire une ode à la vie. Le décor est simple : la mère est gravement malade et elle a rendez-vous avec la mort, en Suisse, pour partir avec dignité et pouvoir dire au revoir à toutes les personnes qu'elle aime. Un road trip surprenant commence : les enfants et le mari l'accompagnent pour faire leur adieu.

Comment dire au revoir à un être cher ? Que faire entre le chagrin et la douleur face au respect de cette décision, et accompagner au mieux l'être aimé ? Dans ce récit choral, où chacun.e prend la voix, on suit leur questionnement, leur chagrin, leur colère parfois. Mais surtout, c’est un beau roman sur le choix. De pouvoir choisir de mourir dans de bonnes conditions, en prenant le temps de quitter et de dire au revoir.

J’ai trouvé ce roman touchant et très doux contrairement à ce que l’on peut penser avec un tel sujet. Il permet de mettre au centre un sujet de société qui n’est toujours pas traité en France.

Manon

Le jour et l'heure, Carole Fives, JC Lattès, 17€.

Coup de cœur

C'est officiel "Tout le bleu du ciel" est de loin mon livre préféré.

Ici, on suit Emile, 26 ans qui est diagnostiqué d'un Alzheimer précoce. Les médecins ne lui donnent pas plus de deux ans à vivre, tout en sachant que c'est une maladie dégénérative et qu'il perdra vite sa capacité de vivre indépendamment.

Mais Emile refuse de devenir sénile et coincé dans un programme qui ne lui sauvera même pas la vie. Il ne veut pas vivre aux crochets de ses parents ni connaître la pitié de ses proches.

Il décide donc d'acheter un van et de partir en bivouac dans les massifs des Pyrénées pour les deux ans restants. Il poste une petite annonce pour trouver un.e compagne de voyage.

Joanne, jeune femme effacée, discrète, silencieuse et quelque peu bizarre, répond à son annonce et toustes deux se lancent dans une aventure hors du commun.

Ce livre est bien plus qu'un roman d'amour. D'ailleurs ce n'est pas un roman d'amour.

C'est une histoire sublime de résilience, d'acceptation, de deuil.

C'est une introspection sur la vie, sur soi-même.

C'est une quête constante de remise en question, de vivre.

C'est bouleversant, dépaysant.

Ce livre change la vision du monde, sa façon de considérer la vie.

Préparez les mouchoirs, car Mélissa Da Costa saura vous briser le cœur tout en vous faisant rire et sourire.

"Tout le bleu du ciel" de Mélissa Da Costa aux éditions Le livre de poche, 10€90, 840p.

"Rien n'est su" de Sabine Garrigues est un récit autobiographique écrit en vers libres, sans aucune ponctuation ni majuscule.

L'autrice revient sur les attentats du Bataclan en 2015 où elle a dû faire face à la perte de sa fille.

"Rien n'est su" est un roman intime poignant et bouleversant sur ce qu'est, a été une relation mère-fille et sur l'amour puissant de ce lien.

"Rien n'est su" décrit de façon poétique le deuil, l'absence d'un être aimé, la résilience face à la mort, la colère et le chagrin.

"Rien n'est su est un texte fort et déchirant mais qui, malgré tout décrit paradoxalement la beauté du monde, l'amour, le vide et la douleur.

"Rien n'est su" est sûrement la sortie littéraire de cette rentrée qui m'a le plus changé.e.

Apprendre à vivre, réapprendre à aimer suite à une perte douloureuse, oublier la colère, accepter l'absence, trouver cette "urgence" de vivre au travers d'un drame, puis se reconstruire, créer des souvenirs en la mémoire de l'autre.

"Rien n'est su" est universel et résonnera en nous toustes, il doit être lu, relu, offert, transmis et partagé.

"Rien n'est su" de Sabine Garrigues aux éditions du Tripode, 128p, 13€.

La rentrée littéraire, ce n’est pas que des
romans en grand format, c’est aussi tous ceux qu’on n’a pas eu le temps de lire lors de la rentrée précédente et qui sortent en poche. C’est l’occasion d’attraper son retard.
“Deux secondes d’air qui brûle" a paru aux éditions Seuil en 2022 mais je trouve que ce roman a une résonance encore plus actuelle aujourd'hui. C’est l’histoire d’une bande d’ami.es dans un quartier populaire. Dès le début, Astro, le narrateur, nous plonge en apnée dans le décor défriché d’une cité avec
une pyramide dans son centre, lieu de tous les possibles. "Là où les sirènes et les gyrophares, on n’y prête plus vraiment attention et qu’on maintient la garde quasiment toute l’année". Avec ses potes Chérif, Issa, Demba et Nil, iels passent leurs journées d’été autour des barbecues improvisés, des rodéos urbains, des petits deals, de la débrouille et beaucoup d’ennui.
Des journées banales, presque chiantes.
Mais ce soir-là, ce n’est pas tout à fait pareil, il y a toujours des soirs où ce n’est pas tout à fait pareil. L’un d’eux, devenu un peu “trop”, indésirable, à punir, se fait abattre lors d’un énième contrôle de police. Alors la riposte collective s’organise. Les chapitres portent des noms de points de rassemblement, théâtre de leurs vies (parking, garages, sous-sol, etc.), sauf un, consacré à Samy, ce petit frère qu’on a promis de protéger à sa mère.
La langue très musicale et très vivante fait qu’on sente appartenir à ce groupe de potes. On a la rage et la colère pour elleux. On pense forcément à Fatima Ouassak. Ces jeunes pirates qui rêvent sur les toits, seul endroit où l’horizon est visible. On pense à Naël. Diaty Diallo nous raconte ces corps stigmatisés de par leur couleur de peau qui évoluent dans un espace urbain mais qui ne sont pas insensibles à tout ce qui pousse.
C’est l’histoire d'oppression, du harcèlement quotidien, d’amitié, du droit à l’espace public, du droit de vivre. Mais aussi, le roman rempli de joie collective, de musique (avec une playlist de ouf) et de célébration.
Mon roman coup de poing !
TW : violences policières, racisme !
"Deux secondes d'air qui brûle" de Diaty Diallo, aux éditions Points, 158p., 6.90€.

Un véritable page turner !

Sam et Sadie, meilleur.es ami.es d'enfance dont la vie a séparé les chemins, se retrouvent totalement par hasard sur un quai de métro dix ans après la séparation.

Leur complicité retrouvée, et toustes deux geeks dans l'âme, iels se lancent dans la conception d'un jeu vidéo. Sans grande surprise, ce fut un succès mondial.

Dès lors, tout change.

Une sublime histoire sur l'amitié, le handicap et l'amour. Mais au delà, la vérité sur un univers du jeu vidéo plus que sexiste où le fossé entre les hommes et les femmes se creuse tel un gouffre. Un roman qui questionne de manière subtile et délicate l'identité, les questions du genre et qui dénonce sans détour le racisme, le sexisme, les relations d'emprise et la violence.

Néanmoins, l'autrice met en lumière la vie en temps que co-artistique et tout ce que cela implique ainsi que la complexité des relations humaines.

Un récit poignant.

"Demain, et demain, et demain" de Gabrielle Zevin, traduit par Aurore Guitry, publié aux éditions du fleuve, 528, 22€90.

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Quoi que je dise : aucun mot ne sera suffisant pour décrire l'amour que je porte à Minnie Bruce Pratt et à son ouvrage.

Avant de partir en vacances, Manon vous postait son coup de coeur pour Stone Butch Blues de Leslie Feinberg. Et aujourd'hui je reviens avec le sublime texte de sa conjointe Minnie.

Minnie Bruce Pratt était une icône lesbienne des années 70. Elle était une militante activiste engagée dans la lutte ouvrière, féministe, lgbtqia+, antiracistes et anti-impérialistes. Elle enseignait également pour un programme d'études sur le genre.

Son interview sur ses engagements est publié dans l'anthologie Feminist Freedom Warriros aux côtés d'Angela Davis.

Dans son recueil de nouvelles Il/le, Minnie écrit sur son parcours de vie de mère lesbienne. Perdre la garde de ses enfants aux profit de son ex-mari ; la découverte de sa sexualité ; les diverses relations qu'elle a eu ; la fluidité du genre et du sexe : les infinis. Elle parle de sa lutte pour obtenir justice et égalité. Elle nous partage son impressionnante quête de vie au travers d'une écriture somptueuse, lyrique et envoûtante.

Malheureusement Minnie Bruce Pratt est décédée le 2 juillet 2023, avant la parution française de son ouvrage. Par l'hommage que je rend aujourd'hui à Minnie Bruce Pratt, je veux dire merci à toustes les militantxes pour s'être battu.es pour un monde plus juste. Merci à toustes les militantxes de continuer de se battre, de descendre dans les rues, de crier notre colère face à l'impunité, de réclamer justice. Le chemin est encore long mais ensemble nous irons loin.

Pour finir, nous donnons notre soutien entier aux éditions Blast : une maison d'édition antiraciste, féministe et queer qui défend une littérature révolutionnaire, engagée, incisive et brûlante d'actualité.

Merci à elleux pour leur travail et merci à elleux de permettre la transmission du texte de Minnie Bruce Pratt.

BRAVO LES LESBIENNES

"Il/le" de Minnie Bruce Pratt, traduit Mirza-Hélène Deneuve, publié aux éditions Blast, 304p, 23€

PS : un Un hommage à Mirza-Hélène Deneuve (militante et fondatrice de TRANSGRRRLS) qui a fait ici un travail remarquable de traduction.

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Je vous avoue que “Western” est LE LIVRE que j’attendais !

Depuis que j’ai lu “Feu”, je voue un amour absolu à Maria Pourchet. Elle incarne pour moi tout ce que j’adore dans la littérature : le travail d’écriture dingue, l’exploration de nos névroses et son humour décapant. Ses livres me marquent au plus profond, je relis les phrases et je médite dessus. C’est indéniablement l’une des plus grandes autrices contemporaines.

“Western” est l’histoire de 2 personnages qui rompent avec leurs vies parisiennes et fuient vers l’Ouest. Elle, c’est Aurore, mère célibataire épuisée, en manque d’amour qui fait un boulot à la con. Elle quitte tout et s’installe dans la maison de sa mère décédée, se met à jardiner et se coupe des hommes. Lui, Alexis, un comédien très connu, doit jouer le rôle de Dom Juan au théâtre mais à quelques jours de la première, il ne se présente pas aux répétitions. Il a anticipé sa fuite. Alexis pressent une condamnation de la société et fuit sa malédiction (on saura laquelle dans le roman). La rencontre entre les deux aura lieu.

“Western” pose cette question ultime “Comment on peut aimer les hommes aujourd’hui ?”. Sujet déjà travaillé dans “Feu”, l'autrice va plus loin et interroge les mécaniques de nos relations amoureuses (hétéros) post-MeToo. Et la réponse est complexe. J’aime beaucoup l'ambiguïté qui se dégage de son héroïne Aurore, une femme qui oscille entre les idées féministes et son conditionnement par le patriarcat.

A travers la figure de Dom Juan, l’autrice se demande “Pourquoi les hommes aiment si mal?”, “Quelles sont les expressions du masculin et de la virilité dans l’amour aujourd’hui?”.

Mention spéciale pour le personnage de Cosma, cet enfant non genré d’Aurore qui regarde tout ça avec une lucidité étonnante.

Ce sujet ultra moderne est traité d’une manière très juste et nuancée. Maria Pourchet a son propre style que j’adore, avec une plume prodigieuse, exigeante et abrasive qui vous rend addict.

Je croise les doigts pour que “Western” obtienne ait l’un des prix littéraires dont les nommés seront annoncés cette semaine !

Sans hésiter, c’est UN ROMAN MAGISTRAL !

“Western” de Maria Pourchet, aux éditions Stock, 304p., 20,90€

Aujourd'hui c'est le grand jour !

C'est le jour de la sortie officielle de "Sous les strates" de Lou Eve.

Et comment vous dire...

Ce livre est un must be read.

Lou Eve livre le récit d'une Vietnamienne adoptée par une famille française.

On la suit durant les différentes étapes de sa vie : l'enfance, l'adolescence, la quête des origines, l'indépendance, l'entrée dans le milieu militant féministe, la recherche de soi, la sexualité, l'amour, la violence.

Ce récit est découpé sous trois points de vue différents : la jeune femme (narratrice principale), le point de vue de sa mère adoptive ainsi que celui de sa mère biologique restée au Vietnam.

Comment vous dire que ma lecture m'a bouleversé !

L'écriture intime est fluide et entraînante.

Les différents points de vue rendent le récit riche et complexe.

C'est un roman bouleversant sur l'intersectionnalité qui vous fera voyager dans toute l'Asie et vous fera ressentir des émotions multiples.

"Sous les strates" de Lou Eve publié aux éditions Les Escales, 224p, 20€

Voici mon immense coup de coeur qu'il me tarde de partager avec vous !!!

C'est le nouveau roman de Caroline Deyns qui nous a déjà emporté.es avec son premier livre "Trencadis" sur Niki de Saint Phalle (paru en poche récemment).

"MURmur" est un roman en 2 parties. Il s'ouvre sur le récit d'une femme enfermée en prison, on entend sa voix comme un cri étouffé. On imagine que cela se passe dans un futur dystopique. Elle décrit son quotidien oppressant et confiné, qu'elle partage avec ses sœurs de crime, puisqu'on est à l'époque où toute interruption de grossesse est condamnée par la loi. L'ambiance générale rappelle beaucoup La servante Ecarlate. Les incarcérées sont réduites au silence, privées de révolte. La femme prisonnière décide de faire pousser le cri et d'écrire l'histoire menacée, le secret transmis de grand-mère en mère, de mère en fille, chuchotée à son oreille depuis ses 9 ans car tous les textes racontant les femmes qui avortent ont été détruits. Il est grand temps de la mémoire ! Cette première partie est très belle, aussi esthétiquement car la mise en texte se réfère à une cellule d'une prison : mots alignés en colonnes comme les encoches que la femme griffe sur le mur pour compter ses jours d'enfermement (du moins c'est ce que j'ai visualisé).

La deuxième partie est un véritable femmage à toutes les femmes do procès de Bobigny de Gisèle Halimi. Elles sont nommées par des définitifs impersonnels : Grandenfant, Mère, Faiseuse, Avocate, etc. On plonge avec la peur au ventre dans un roman choral qui raconte ce moment décisif de l'histoire des droits des femmes à disposer librement de leur corps. Droit qui est sans cesse menacé dans le monde, nous rappelle l'autrice, comme au Salvador où l'IVG est considérée comme homicide aggravé et passible de 50 ans de prison.

Par ailleurs, l'autrice a fait un sublime travail d'écriture !

"MURmur" est un roman urgent, engagé, essentiel, poétique et virtuose, au réalisme qui frappe, aux mots qui bousculent et émeuvent !

Un texte d'une force et d'une grâce magistrale !

"MURmur" de Caroline Deyns, aux éditions Quidam, 178p., 19€

Coup de <3 : VIERGE

Dès la première page de ce roman, Maxine nous emporte dans son univers drôle et touchant. Elle soufre, à 25 ans, de n’avoir encore jamais embrassé personne. Voulant mettre fin à cette situation coûte que coûte, elle met au point des plans très pragmatiques mais pas forcément poétiques. On suit Maxine évoluer entre ses cours de théâtre, ses questionnements, son guide inattendu et son appartement qu’elle partage avec sa Mémé farfelue et sa soeur rentre-dedans. Je veux que Maxine soit ma cops et qu'on parte en virée ensemble. Ce livre est une vraie friandise : j'ai ri et je l'ai dévoré, miam! VIERGE de Constance Rutherford, Harper Collins, 193 p., 19,90€

"Celles qu'on tue" est un récit terrifiant et brûlant d'actualité.

Dans un monde où les femmes sont une minorité oppressée et violentée, où la justice ne les écoute pas, et pire encore, où cette même violence prime sur la justice, nous voyageons dans ce récit au Brésil aux cotés de la narratrice.

Elle est journaliste et enquête sur les féminicides. Elle prend alors en charge un procès contre un groupe d'hommes accusés d'avoir assassiné une jeune indigène mais que la justice brésilienne protège à tout prix. Ainsi elle va découvrir la beauté de la jungle et les rituels ancestraux des peuples indigènes d'Amazonie.

Elle s'engage alors dans une quête de justice sans limites. Justice qu'elle n'a pas pu obtenir pour sa mère, victime de violences conjugales.

C'est une lecture indispensable et révoltante.

Nous vivons dans un monde où les femmes sont battues, violentées, maltraitées, méprisées.

Nous vivons dans un monde où la seule justice existante est une justice sexiste et patriarcale.

Nous vivons dans un monde où la justice est du côté de la violence, où la justice protège les coupables et blâme les victimes.

Dans un monde tel que celui là, il y a les lectures telles que 'Celles qu'on tue".

Des lectures révolutionnaires qui dénoncent des crimes protégés par la société.

Ce sont ces lectures qui entretiennent la flamme de notre rage, rage de tout brûler, rage de faire changer les choses, rage d'obtenir justice ET réparation.

Rage de vivre dans un monde non pas dicté par le patriarcat mais où chaque vie a son importance.

"Celles qu'on tue" de Patricia Melo, traduit du portugais par Élodie Dupau, publié aux éditions Buchet Chastel, 292p, 22€50

Je m’apprête à écrire ma chronique sur “Eunice”, ce roman que je mets sur le top de ma liste des coups de cœur de la rentrée littéraire et dont j’ai décidé de parler en premier et je me rends compte que je n’ai pris aucune note. Alors que j’ai religieusement rempli mon petit fichier de suivi pour tous les autres livres lus, aucun commentaire sur “Eunice”. Ah si, il y a cette remarque laissée “Quelle découverte, j’ai tout adoré!”. C’est simple, je crois que j’ai été tellement emportée par les émotions que rationaliser, théoriser cette histoire m’était impossible.

Alors, j’invoque aujourd’hui mes souvenirs récents.

Pour vous planter le décor : Eunice, une jeune étudiante en psycho, athlète, slammeuse et bi, se fait larguée par son petit copain (qu’on déteste déjà) et pour noyer le chagrin, quoi de mieux qu’un binge drinking, se dissoudre dans l’alcool et dans la musique, toute seule chez soi ? Danser seins nus et envoyer valser le monde ! Au réveil, c’est le coup de fil qui “réveille”, la mère d’Eunice est morte, soit disant tombée dans le fleuve et s’est noyée. Incapable de se résoudre à cette idée, Eunice va partir en quête de cette femme puzzle dont elle sait peu. En allant sur les traces de sa mère, des femmes de sa lignée et les secrets de sa famille, Eunice sera secouée mais trouvera le chemin de l’apaisement et la joie de vivre dans les bras de l’incroyable Jennah. Souffle, Eunice, souffle, tel est son mantra.

Il y a tout ce que j’aime dans ce roman : une héroïne ultra attachante, de l’humour, de l’érotisme, de l’amour, des thèmes féministes, de la queerness et surtout la poésie qui emporte tout !!! Il y a des passages qu’il faut absolument lire à voix haute, c’est un poème nerveux en vers libres. Ça claque, ça émeut aux larmes !

Dans la même veine que “Djinns” de Seynabou Sanko, je veux plus de romans écrits par des poétesses et musiciennes, ce sont de vrais chefs d’œuvre littéraires !

Voici ma première recommandation à découvrir absolument ! Je n’ai rien d’autre à rajouter.

“Eunice” de Lisette Lombé, aux éditions Seuil, 190 pages, 18€

🏳️‍⚧️Alerte coup de cœur !🏳️‍⚧️

✨Je pense qu'on a toustes déjà entendu parler de Elliot Page. Peut-être à travers ses différents rôles sur le grand écran comme Juno, Bliss ou encore Inception. Peut-être sur le "petit écran" à travers les séries Umbrella Academy ou encore Les chroniques de San Francisco.

🫶L'annonce de son coming out trans non binaire en décembre 2020 fait beaucoup de bruit dans la presse people et dans le milieu hollywoodien. Cependant, il est très mal reçu, et l'homophobie dont il était victime depuis 2014 suite à son coming out lesbien se transforme en transphobie.

✨Elliot Page revient ici avec un témoignage magnifique sur son parcours de transition. Il raconte les difficultés et violences morales (parfois physiques) qu'il a subi depuis qu'il a fait ses pas dans le milieu du cinéma. Des anecdotes de vie parfois attendrissantes, souvent bouleversantes sur son quotidien professionnel, mais aussi amical et amoureux.

🫶Elliot Page était déjà une icône à l'âge de six ans lorsqu'il demande à sa mère "Est-ce que je peux être un garçon?"

Un récit à lire !

✍"Pageboy" de Elliot Page, traduit par Marie Brazilier, aux éditions Calmann Lévy, 277p, 21€50

Il y a des livres qui nous marquent. Qu'on lit, qui changent et enrichissent nos luttes et nos cœurs. Il y a des livres qui nous bouleversent et quand on les finit, j'ai la sensation de devoir dire au revoir à des proches qui m'ont accompagnée. Stone Butch Blues est l'un de ces livres. Il y a un avant-après Stone Butch Blues.
Pour résumé brièvement, nous suivons Jess.e, né.e aux États Unis dans les années 50, et qui va lutter pour vivre son identité de genre et son orientation sexuelle. Jess.e se cherche dans son genre : être une femme, un homme ou être non binaire ? C'est beau et violent, mais c'est aussi historique. C'est un indispensable pour comprendre les luttes LGBTQIA+. Dans le contexte oppressif et brutal de ce monde, mais surtout être un.e "il-elle", Stone Butch Blues est un roman politique : comment les communautés queer ont lutté pour qu'aujourd'hui nous existions (et pourtant où tout est encore menacé). C'est une ode à l'amour, au collectif.
La beauté de ce livre : Leslie Feinberg, l'auteurice, nous fait basculer d'une émotion à l'autre sans transition. Entre les rires, la douceur de l'amour, du partage et la violence de la société, de l'état et de la police c'est une claque : il y a de grandes chances que vous pleuriez face à cette avalanche de sentiments. Il y a comme une urgence de vivre, pour construire un monde meilleur ensemble.
Un petit mot pour Leslie Feinberg, qui était une personne assurément incroyable : ce roman est largement inspiré de sa vie et de ses luttes. Iel est une lesbienne butch, activiste, ouvrier.e et a dû lutter pour affirmer son genre, même au sein du milieu militant. Ses derniers mots ont été : « Vivement la révolution ! Souvenez-vous de moi en tant que communiste révolutionnaire »
Il y a des livres que l'on veut savourer, que l'on finit et où on se dit :
je veux le relire immédiatement. Stone Butch Blues est de ces livres. Cette
année, l'édition de Stone Butch Blues a 30 ans et les droits de la
communauté sont encore fragiles et menacés.
La maison d'édition qui a publié cet ouvrage est incroyable : un collectif
militant qui a passé plusieurs années à traduire, avec de longues
discussions et iels ont essayé de le rendre le plus fidèle possible.
L'auteurice était anti-capitaliste, iel voulait que le livre soit accessible
au plus grand nombre, par conséquent vous pouvez lire le livre au format PDF
sur le site de la maison d'édition.
Enfin, Leslie Feinberg était marié.e à Minnie Bruce Pratt, qui est morte le
2 juillet 2023 alors qu'une traduction magnifique sort de son livre « Il/le
» le 25 août chez les éditions Blast. Je suis si impatiente de le lire et
de vous en parler. Merci à elleux d'avoir lutté, d'avoir existé. Que la
lutte continue.
Manon
Stone Butch Blues, Leslie Feinberg, traduit par un collectif militant, éditions Hystériques et associé.E.s, 16€.

​💜 COUP DE COEUR 💜
Gloria Steinem est une icône du féminisme américain depuis les années 60 (elle était présente à Washington lors du discours historique "I have a dream" de Martin Luther King Jr!).
Toute sa vie, elle a sillonné les Etats-Unis. Enfant dans la voiture familiale puis adulte en tant qu'organisatrice d'évènements militants. Elle nous raconte ici d'incroyables rencontres qui ont influencé sa compréhension du monde et son ouverture aux autres qu'ils soient chauffeur.euses de taxi, hôtesses de l'air, camionneur.euses, personnages politiques, étudiant.es, collègues ou encore membre de la communauté Cherokee,
Ce livre fait croire en l'humain, à la possibilité du changement et donne envie d'aller parler à tout le monde! 🫶
Je recommande chaleureusement.

Marion ✍️

Ma vie sur la route, Gloria Steinem, harper collins poche, 7€90.

Daphné et Julie se rencontrent au détour d’une pride en 2013 et tombent amoureuses. Peu avant, la loi pour le mariage pour tous.tes est adoptée et la promesse de l’ouverture de la PMA aux femmes seules et couples lesbiens remise à plus tard. Au cours de leur relation le désir d’avoir un enfant s’installe, sans vraiment qu’elles osent se l’avouer. Quand on leur pose la question elles répondent toujours «c’est pas évident»
S’il suffisait qu’on s’aime retrace le parcours de PMA des deux autrices avant l’adoption de la loi de 2021. On y voit leur histoire, leurs questionnements et leurs difficultés. Mais cette bd est aussi la chronique d’un moment important de notre histoire politique, d’une lutte pour le droit à la parentalité, à la filiation : le droit de faire famille pour tous.tes.
J’ai été passionnée par la qualité des analyses ; il ne s’agit pas simplement d’un témoignage personnel mais d’une réflexion sur la famille, les origines et la manière dont les personnes queers ont été délibérément privées de ces droits. Ce n’est pas un oubli mais une véritable exclusion, une façon de réserver la famille aux « normaux.les », de conserver un ordre patriarcal et oppressif. On est replongé dans les débats et les effets qu’on eut la violence homophobe sur les personnes concernées. C’est une lecture parfaite pour comprendre les enjeux de cette lutte particulière au sein du féminisme. Les autrices montrent qu’il s’agit d’un combat pour le droit à disposer de son corps mais aussi en quoi la PMA est au cœur d’une lutte plus vaste pour revendiquer des parentalités lesbiennes, queers ou trans et faire émerger de nouvelles possibilités.
Alors que la loi de 2021 reste une avancée partielle qui rencontre des difficultés de mise en application notamment pour les femmes racisées et dont les personnes trans restent exclues, cette bd est d’autant plus importante. Elle met en colère (CW : beaucoup de discours homophobes) mais donne aussi de l’espoir. Elle donne envie de se battre pour la justice procréative, de soutenir les familles homoparentales et queers qui nous entourent, mais aussi celles à venir!
Lisa
S’il suffisait qu’on s’aime, Daphné & Julie Guillot, édition STEINKIS, 25€

🕵Découvrir les autrices oubliées, telle est ma passion. J’ai l’impression de rattraper le temps perdu durant les années d’école, où quasiment aucune autrice n’était au programme (du moins en Russie). Prise par une forme d’urgence, j’adore me plonger dans ces textes effacés par l’histoire et me faire surprendre par leur résonnance moderne. C’est ce qui s’est passé avec Dola De Jong, Alice Rivaz ou encore Marcelle Auclair : mes belles découvertes.
🔥Grace aux éditions du Typhon, qui fait ce travail extraordinaire de réhabilitation, j’ai découvert « Une étincelante » de Irmgard Keun, qui est paru en poche récemment, toujours chez Typhon.
✨C’est simple, j’ai lu les premières pages et je n’ai pas pu lâcher ce roman par la suite !
🤩Doris, une jeune femme belle, passionnée, intelligente et plein d’ambitions, fuit Cologne, l’ennui et la pauvreté, pour Berlin, avec un seul rêve en tête : devenir une vedette ! N’ayant aucune envie de se plier au destin routinier des femmes au foyer, elle va se donner tous les moyens pour y échapper. Nous sommes la veille de l’arrivée des nazis au pouvoir, Berlin c’est la jungle. C’est la crise économique et morale. Sans un sou en poche, Doris part à la recherche de celui qui pourra aider à réaliser son rêve. Elle va côtoyer les hommes de tous milieux (elle les appelle par les petits surnoms : Mousse Verte, Onyx, Le Maléfique), connaitre la misère, la rue, les soirées arrosées, la joie et la déception. Doris déborde du désir : désir de s’émanciper, d’aimer, d’aller à l’encontre des injonctions, de vivre ! Ce désir éblouissant est son carburant. Son énergie et son humour sont ses moteurs de résilience face au chaos.
👏Un seul mot me venait à l’esprit pendant ma lecture ! JUBILATOIRE ! Ce mot décrit le mieux le style frénétique, drôle et remarquable d’Irmgard Keun. Son héroïne ultra moderne, avec un esprit futé et brillant, ne vous laissera pas indifférent.e, promis !

💜« Une vie etincelante » d’Irmgard Keun aux @leseditionsdutyphon est un roman unique, intemporel et inoubliable que je vous recommande de découvrir !

👍Excellent travail de traduction de Dominique Autrand, 227p. 10,90€

💜 COUP DE COEUR 💜

✨Quand Rosa est arrivée à la librairie un matin après avoir lu "Les sept maris d'Evelyn Hugo" et nous a partagé sa lecture, j'ai tout de suite su qu'il fallait absolument que je le lise. Verdict : j'ai tellement adoré que j'ai été incapable de le lâcher (je me suis couchée à 3h de la nuit à coup de "un dernier chapitre et j'éteins" jusqu'à la fin du livre).

✒On suit Monique, une journaliste d'une trentaine d'années qui travaille pour un petit journal. Sa vie professionnelle n'est pas florissante, et elle vient de rompre avec son mari. Un jour, elle est contactée par Evelyn Hugo, légendaire star hollywoodienne, qui lui demande d'écrire un livre biographique qui sera publié après sa mort. Tous ses secrets, sa montée vers la gloire, les sacrifices et compromis, les polémiques du tapis rouge, les histoires d'amour (ou de désamour) avec ses sept maris : tout sera écrit noir sur blanc dans ce livre. Et elle l'a choisie pour la rédaction d'un livre qui la rendra sans aucun doute riche et célèbre. Alors pourquoi a-t-elle choisi Monique, jeune journaliste inconnue et sans talent remarquable?

✨Taylor J Reid nous dépeint ici d'une écriture fluide et addictive, les envers du décor du milieu hollywoodien, tous les dramas et polémiques qui se cachent derrière les paillettes, le luxe et la célébrité. Le suspens croît au fil des pages jusqu'à exploser en une fin somptueuse.
✨Un livre féministe et bouleversant abordant avec humour et subtilité l'homosexualité et la bisexualité dans le milieu du cinéma des années 50.
✨Une belle brique de plus de 500 pages vous tiendra éveillé.es toute la nuit afin de connaître tous les secrets que renferme la légendaire Evelyn Hugo.

✒"Les sept maris d'Evelyn Hugo" de Taylor J Reid, traduit de l'anglais par Nathalie Guillaume et publié aux éditions Hauteville, 504p, 8€90.

💜ALERTE COUP DE COEUR 💜

✒"Les sept nuits de Miriam" est une romance lesbienne feel-good. Et oui enfin une !
On suit Rachel qui travaille dans une agence qui représente des talents d'Hollywood.
Elle suit un régime restrictif depuis son enfance, comptant chaque calories et est obsédée par son poids, et ce à cause de la pression exercée par sa mère. Son seul plaisir quotidien est un yaourt glacé nature sans garniture et dans une coupe pas trop pleine servi par son serveur habituel qui ne se risque pas à compromettre le rituel quotidien et maniaque de Rachel.
Mais un bel après-midi, le serveur est remplacé par Miriam, une femme plantureuse et extravagante qui balaye d'un geste de la main toutes les restrictions de Rachel.
✒Cette dernière perd alors totalement le contrôle et son univers bien cadré bascule.
Les deux femmes vont se lier d'amitié et Rachel va apprendre à lâcher du lest, à être moins obsédée par son physique.
Alors que son appétit revient, un autre appétit fait surface : le désir charnel.

✨Ce récit drôle, surprenant et attachant aborde avec subtilité le judaïsme, l'homosexualité, le désir, les troubles alimentaires, les rapports au corps (et les diktats de la société), aux parents et aux autres.
Ce roman est fluide, frais et addictif : parfait pour cet été !

✒"Les sept nuits de Miriam" de Mélissa Broder, traduit par Carine Chichereau, publié aux éditions Bourgois, 416p, 24€.

🕵️‍♂️ J’adore les polars ! Il y a une dizaine d’années, je ne lisais que ça. J’étais particulièrement fan des polars nordiques très noirs. Aujourd’hui, quand j’en prends un, c’est souvent pour faire une pause dans mes lectures des essais féministes ou romans que j’enchaine. Un bon polar me change des idées, m’absorbe et m’évade.
Mais je n’ai encore jamais lu un sous-genre de la littérature policière qu’on appelle « cosy mystery ». Qu’est-ce que c’est ? C’est une enquête sans bains de sang, cadavres ou autres atrocités, souvent menée par une femme qui n’a rien en commun avec le milieu judiciaire. L'histoire se passe dans petit village perdu. Cosy, parce qu’on dévore cette enquête parsemée d’humour avec légèreté et qu’on passe un bon moment en général.
Alors, quand Anne Boudart m’a envoyé son polar à l’irrésistible nom « Les sombres affaires de Rosita Marcadet », je me suis dit, c’est le moment de te lancer dans ton 1er cosy mystery.
Anne est l’autrice de ma BD préférée de tous les temps, celle que je conseille à toustes, j’ai nommé « La voie de la sagesse ». Elle est illustratrice à la base, et a eu une excellente idée de pimenter son livre de quelques dessins qui donnent un côté ultra cool à l’expérience de la lecture.
Son héroïne Rosita Marcadet est une française de 56 ans, sans mari, ni enfant, végétarienne et lesbienne. Elle débarque dans un petit village hollandais (dans un but précis qu'on découvrira à la fin) « Beel and Zrt » et se trouve mêlée, malgré elle, à résoudre une affaire de meurtre, déguisée en suicide.
Sans raconter toute l’histoire, je peux vous dire que c’est une lecture qui m’a enchantée ! Drôle, précise, prenante, Anne a en plus posé son female gaze féministe sur l’histoire (un jeune homme qui s’éprend d’une femme mure, des femmes puissantes en nombre, un amour lesbien, un couple homosexuel, etc.).
C’est le premier tome d’une série et vivement la suite des aventures de Rosita Marcadet !
Bravo, ma chère Anne pour ton talent de faire naitre des histoires incroyables en partant de pas grand-chose, si ce n’est qu’une envie folle de les créer !
"Les sombres affaires de Rosita Marcadet" d'Anne Boudart, aux éditions Moissons Noirs, 424p. 20€

Que dire sur ce livre ? Absolument tout est à l'intérieur. C'est une bombe qui éclate et qui nous hante pendant plusieurs jours/semaines. J'ai fini la lecture de ce bijou il y a plus d'une semaine, et j'avais qu'une hâte : la sortie officielle pour pouvoir vous en parler. 💜

Le livre est découpé en deux grandes parties : la première est sur la montée du fascisme en France et en Italie, notamment. L'importance de nommer le fascisme, le lien avec nos "démocraties" actuelles, la banalisation de l'extrême droite dans les médias et la vie politique, la victimisation de ce parti et la lutte contre le communautarisme, tout est dit. Constaza Spina revient sur le terme du sociologue Gérard Mermet, la "démocrature'' qui traduit si bien nos quotidiens : des "démocraties dysfonctionnelles dans lesquelles le fascisme et le populisme prennent le pouvoir".
Dans la seconde partie c'est un ton plus optimiste : ce qui va sauver le monde politique et la société c'est sans grande surprise la QUEERNESS! Une ode à l'amour, à l'adelphité, aux alternatives collectives, mais aussi aux soins communautaires, aux médias indépendants et comment un monde plus juste est possible. L'auteurice brosse un panorama complet des luttes : l'intersectionnalité, le commun, la justice transformative et l'amour. ✨

C'est dur de trouver les mots justes pour un texte qui vous a tant marqué.
Ce livre c'est le livre qui fait battre mon cœur de militante, de libraire et il y a à l'intérieur une immense partie des sujets qui m'animent. C'est beau, fort, politique et queer. C'est doux et rageant.
Pour l'anecdote quand on a reçu le livre et que j'ai ouvert le colis, par curiosité, j'ai commencé à lire les premières phrases, autant vous dire : j'ai lu l'introduction et je n'ai pas pu m'arrêter, je l'ai dévoré. Ce manifeste est à mettre entre toutes les mains, il doit être diffuser massivement.

Les éditions Trouble signent leur premier livre en maison d'éditions avec ce texte et c'est une grande réussite. De l'écriture inclusive, à la police utilisée, au contenu, je l'ai dit : tout y est. 💜
Manon ✒️

Manifeste pour une démocratie déviante, amours queer face au fascisme, Costanza Spina, éditions trouble, 19€.

💜💜💜 Immense coup de cœur BD !
📚La Bande Dessinée « L’éléphant » d’Isabelle Pralong a été publiée d’abord en 2007 et en rupture depuis plusieurs années ! Heureusement que les éditions Atrabile ont eu envie de republier ce véritable chef d’œuvre.
Isabelle Pralong est une autrice et dessinatrice suisse et lauréate de nombreux prix de la BD. On adore notamment sa BD « Polly » qui parle de la non-binarité de genre d’une personne intersexe.
Dans « L’Eléphant », la bédéiste nous livre un récit sur l’absence d’un père, celui qu’on n’a jamais connu et qui nous hante toute notre vie. Celui de Claire fait apparition dans sa vie alors qu’elle a 39 ans, mère de 2 enfants et couturière. Elle est appelée par l’hôpital qui annonce que son père est dans le coma et ses jours sont comptés. « Je n’ai pas de père » s’indigne-t-elle, « Tout le monde a un père », répond la voix au téléphone. Prise de colère, de peur et d’angoisse montante, Claire finit par accepter l’idée de le rencontrer. Le quotidien rythmé de Claire se bouscule alors : entre les courses, le boulot, les enfants, les accidents de vélo, les visites à l’hôpital, Claire dort mal, respire mal, se retrouve seule avec un très fort besoin de parler et de partager ce qui lui arrive. Alors elle se confie à une inconnue, une infirmière, une doctoresse, son mari (en déplacement très loin). Elle essaie aussi de trouver du réconfort auprès de ces enfants, la tendresse et les câlins ont le pouvoir magique.
Malgré le sujet dramatique, la BD est une bulle de légèreté, de sensibilité et de poésie ! C’est bourré d’humour et d’intelligence, on n’a vraiment du mal à décrocher. J’ai particulièrement adoré le dessin, aux accents d’une gravure, tout en noir et blanc. Ahhh, c’est vraiment beau !
🐘 Et si vous vous demandez pourquoi ce titre « L’Eléphant », il faudrait lire la BD et jusqu’au bout 😊Moi, j’ai envie de dévorer toutes les autres BD d’Isabelle Pralong maintenant.
🌟 Une lecture magnifique qui file direct dans mes BD préférées de l’année !
« L’Eléphant » d’Isabelle Pralong, aux édition Atrabile, 15€

[Suite à un commentaire, nous apprenons qu'il y a eu une polémique autour de cette bd sur l'utilisation des termes TDI. Nous n'étions pas au courant et nous nous excusons par avance pour les personnes concernées. La BD est d'inspiration fantastique et les raccourcis fait avec les TDI sont rapides mais nous trouvons que c'est important de laisser la chronique telle quelle pour évoquer, certes superficiellement, les troubles de l'identité.]

💁‍♀️ Voilà enfin la suite (et fin) tant attendue de la trilogie Elles. Dans ce dernier opus, on retrouve l’attachante héroïne qui, à travers ses cheveux roses, a réussi à reprendre le contrôle après la période sous le règne de Bleue. Mais la porte a été ouverte, et Elle ne peut plus revenir en arrière : il faut pouvoir concilier les différentes émotions qui se battent en elle et la guident au quotidien. Il faut pouvoir apaiser son identité clivée.
🌈Les six personnalités d’Elle partent donc, dans un voyage intérieur et initiatique, à la recherche de cette petite voix qui se glisse dans sa tête depuis un moment déjà et qui arrivera peut-être enfin à les faire cohabiter. Elle devra dans ce tome s’appréhender elle-même pour pouvoir conquérir son monde malgré les secrets de famille, les amitiés mises à l’épreuve et un cœur sensible et singulier sous ses nombreuses couleurs de cheveux !
💜 C’est une très belle conclusion à cette série. Les dessins sont toujours aussi frais et lumineux, mais surtout très expressifs. On saisit bien ainsi le cheminement des différentes personnalités d’Elle, et toutes les clés sont données pour avoir le fin mot de l’histoire.
👍 Dédramatisé mais pas banalisé, le trouble dissociatif de l’identité est traité avec pédagogie et bienveillance, et sous les traits de Kid Toussaint et Aveline Stokart, la différence n’est plus un facteur de rejet. En somme, c’est une jolie leçon de vie, à mettre entre les mains des grand.es comme des plus petit.es !

✏ Corinne, en stage à la Librairie à soi.e et une libraire en devenir !

Ma première rencontre avec une autrice à la librairie était avec Maureen Wingrove, alias Diglee pour "Je serai le feu" et elle ouvrait le bal des rencontres magiques qui ont suivi ! J'étais encore une toute jeune libraire, fan du travail de Diglee et une groupie toute intimidée de l'interviewer.
Aujourd'hui, Maureen est devenue une amie très chère, qui commence tous ses textos par "Chère Rosa," et me gatte de sa générosité à chaque fois qu'on se voit. C'est une personne précieuse dans mon cœur.
Son deuxième roman "Atteindre l'Aube" est une lettre. Celle adressée à sa grand-tante adorée, Georgie. Sa magicienne, son inspiratrice, excentrique, sauvage, insolente, fantasque. C'est une plongée bouleversante, tellement intime dans l'histoire de Georgie, femme libre, sans mari, ni enfants mais aussi dans la famille de Diglee et surtout celle de ces ancêtres femmes. Car parfois, Maureen, telle une gardienne de cette mémoire, remonte loin, très loin dans son arbre généalogique. Le faisant, elle explore sa propre vie, soulève les questions et tache de trouver des réponses.
Le cœur du sujet est l'amour passion, dévastateur, fusion, tempête, l'amour masculin, celui qui fait tout chavirer et qui, soit disant, viendrait tout sauver. Maureen nous parle de son rapport aux hommes, aux pères, aux amants, de son éveil et de son deuil des amours tristes.
C'est un texte sensible, tendre, délicat. Maureen a une plume merveilleusement belle et travaillée, son roman se déguste comme une délicieuse tasse de thé (dans une cabane isolée d'une foret, c'est encore mieux!). C'est une invitation à la lenteur et une promesse de liberté !
C'est un roman féministe doux que je cherchais depuis longtemps ! Merci ma chère amie 💜💜💜 de l'avoir écrit.
✏ Rosa

'Atteindre l'aube" de Diglee, aux éditions @lavillebrule 208p., 18€

🌺 Pisse Mémé est ma BD du printemps 🌺 !
Tout part d'un rêve qu'on a déjà toustes eu une fois dans sa vie. Qu'est-ce qu'on ferait si on gagnait au loto ? Quatre amies quadras Marie, Nora, Camille et Marthe ouvriraient un tiers-lieu où chacune pourrait exceller dans son domaine : libraire, prof de yoga, barista et pâtissière et l'appelleraient "Pisse Mémé" ! Sauf que ce rêve devient réalisable le jour où Camille et Marthe, sœurs jumelles héritent une très grosse somme d'argent de leur tante décédée, jamais connue. Commence alors l'aventure de création de projet dans laquelle je me suis forcément beaucoup identifiée : recherche de local, plan de com, crowdfunding, chine des meubles, etc. ‍📚 On assiste aux petites victoires mais aussi aux galères et préoccupations, tout le quotidien complexe du montage d'un projet et de son lancement.
💥 Cati Baur, qui a illustré et scénarisé "Pisse Mémé", aborde plusieurs sujets à travers la vie personnelle de ses héroïnes : le burn-out, la PMA des couples lesbiens, l'asexualité et l'aromantisme, le non désir d'enfant, la charge mentale, la misandrie, trouver le sens de sa vie et oser bifurquer. On apprend aussi l'histoire de la fameuse tante riche, qui était-elle et pourquoi les jumelles ne l'ont jamais connue ?
🌼 C'est drôle, fraiche et féministe, quoi demander de plus ? Ah si, de chouettes dessins de Cati Baur, colorés, tendres et réalistes !
🌻 Ne manquez pas les remerciements de l'autrice à la fin de la BD, texte très sincère qui m'a beaucoup touchée.
💐 Délicieux moment de lecture garanti 💜

✏ Rosa

"Piss Mémé" de Cati Baur, aux éditions @dargaud , 19€, 119p.
@catibaur

💜COUP DE COEUR ! 💜

🖋"La fin des hommes" est un roman d'anticipation se déroulant en 2025. Une pandémie mondiale touchant que les hommes se propage à travers les continents. Petit à petit les personnes aux gènes XY disparaissent. Face à cette situation, les femmes reprennent le contrôle, osent prendre la parole et une société matriarcale s'installe où la domination masculine n'est plus qu'un vaste souvenir. Les hommes, qui auparavant inspiraient la peur, sont maintenant devenus une minorité quasi inexistante et deviennent rapidement des personnes à qui ont ne fait pas confiance sans poids politique ou sociétal.
🖋Au cours de ce récit on suit plusieurs protagonistes partout dans le monde au cours des mois et années que dure la pandémie. En quête d'un vaccin, quel est le prix à payer pour le retour des hommes?

✨Pour la fun (ou pas fun) fact, Christina Sweeney-Baird a mis le point final à son roman en juin 2019 soit quelques mois avant l'arrivée de la crise du Covid en France. Confinements, deuil, résilience, peur : en bref ce que nous avons vécu, l'autrice l'avait prédit. Sa vision avant-gardiste fait de ce thriller à couper le souffle un roman qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière page.

➡️Bref, n'hésitez pas et foncez !

☀Amandine☀

"La fin des hommes" de Christina Sweeney-Baird traduit de l'anglais par Juliane Nivelt, aux éditions Gallmeister, 12€20, 480p,

✊Charlotte Perkins Gilman était militante et elle a fait partie des figures majeures du mouvement des suffragettes aux Etats Unis. Elle était donc très engagée et sans surprise ça se retrouve dans son écriture!

L'histoire est somme tout "banale" : une femme épuisée par sa dépression post-portum. Alors qu'elle tombe de plus en plus dans la maladie, son époux médecin décide d'enfermer sa femme, "au repos" dans une demeure sombre, à la campagne sans aucune distraction que son enfant à s'occuper. Ces quelques mois dans cette maison rurale vont être un véritable enfer pour elle et sans surprise, on se doute bien que c'était la pire idée du siècle : elle tombe de plus en plus dans la dépression et dans la folie. Elle est alors persuadée qu'une femme est enfermée dans le papier peint jaune de la maison. Peu à peu, entre hallucinations visuelles, auditives, elle se persuade de sauver cette femme du papier peint.

🔪🔦 Dans cette édition, nous profitons surtout d'un éclairage plus contemporain grâce à cette nouvelle traduction, qui met en avant les enjeux féministes et qui questionne aussi notre rapport à la folie et à la dépression. Le meilleur pour la fin, pour lire ce texte vous aurez besoin de deux outils indispensables: un coupe papier et une lampe de torche. Le.a lecteur.ice doit déchirer à son tour le papier pour accéder au texte, pour deviner les ombres cachées et pour délivrer cette femme prise au piège. Nous tombons à notre tour dans une frénésie de lecture. Une véritable réussite, si hâte de lire leur nouveauté qui sort dans quelques jours !! (spoiler alert : je vous en parlerai !!!)

Manon 🖋

Le Papier peint jaune, Charlotte Perkins Gilman traduit par Marine Boutroue & Florian Targa, éditions Tendance Négative, 15€

​Connaissez-vous Censored ?
C'est tout d'abord un excellent média indépendant, engagé sur les questions féministes et queer sous un angle artistique. Créé en 2018 par 2 soeurs, Clémentine et Apolline Labrosse, Censored est une géniale newsletter et une très belle revue hétéroclite. Nous soutenons Censored depuis l'ouverture de la librairie en distribuant les numéros de la revue.
Aujourd'hui, nous sommes heureuses de voir Censored grandir et créer leur propre maison d'édition Trouble avec la première parution "Manifeste pour une démocratie déviante - amours queers face au fascisme" 💜 de Costanza Spina qu'on a hâte de dévorer et qui sort en juin.
Le numéro 8 de Censored revue est sorti la semaine dernière. Chaque numéro explore une thématique et celui-là parle de l'écologie et plus précisément de l’urgente nécessité de faire communauté face à l'exploitation violente de notre terre et du vivant dans son ensemble. La forme du contenu varie : de magnifiques photographies (gros coup de coeur pour le travail de Maëlis Bekkouche), des cartes blanches attribuées aux artistes femmes et/ou queer, des interviews, des critiques sociales et analyses, de la poésie, des textes inédits encore jamais traduit en français !
J'ai adoré lire la conversation entre Starhawk et Juliette Rousseau qui parlent des militances joyeuses et du refus de la fatalité, j'ai trouvé hyper intéressant de plonger dans la pensée "capitalisme gore" de Sayak Valencia, activiste et chercheuse transféministe mexicaine. La queen Myriam Bahaffou nous parle de son écoféminisme décolonial et éropolitique (si vous n'avez pas encore lu "Paillettes sur le compost, go!). Le reportage photos dans un camp féministe queer à Bure donne envie de tout laisser tomber et de vivre en pleine nature et en communauté entre personnes assignées femmes‧ De courts textes sur les utopies de Donna Harraway nous montrent l'urgence de faire travailler nos imaginaires et d'envisager d'autres futurs comme des chants d'espoir.
J'ai lu toute la revue d'une traite et suis ressortie avec un sentiment de joie (oui, oui, malgré le sujet alarmant), l'envie d'agir encore plus et surtout à plusieurs !
"Censored 08",sur l'écologie, 20€

​Arrêtez tout et lisez absolument Becky Chambers. Ma chronique pourrait commencer et se terminer comme ça.

Je vais être honnête, j'ai mis du temps à réussir à trouver les mots et écrire cette chronique, parce que c'est difficile de rendre justice à un texte aussi beau. C'est doux, positif et c'est le rare texte où le personnage principal est non-binaire.

Nous sommes dans un monde utopique : l'humanité a arrêté de prendre autant de place, le genre et l'orientation sexuelle ne sont plus un sujet : la pluralité existe, point. L'ère du capitalisme a laissé place au minimalisme : le monde est fractionné en deux. Une partie est occupée par l'humanité et l'autre par toutes les autres espèces et laissée à l'abandon pour la nature ! Dans ce doux univers, nous suivons Froeur Dex. Iel est moine du thé et iel excelle dans ce métier. Cependant, sa vie manque de goût, iel se sent perdu.e et souhaite partir à l'aventure dans cette nature florissante. Une longue quête et dépassement de soi commence. Durant son voyage, Dex croise Omphale, un robot. Il a une mission : partir au contact de l'humanité pour savoir comment elle a évolué. Il a surtout une question à poser "de quoi les humains ont-ils besoin ?"

Tandis qu'on a l'habitude dans la science-fiction d'avoir des mondes dystopiques, où l'humanité est à l'asphyxie, où le monde s'écroule et où les inégalités sont exacerbées, ici c'est tout l'inverse. Le monde est peuplé de respect pour la nature, pour les robots, la solidarité est primordiale entre les êtres humains et le lien social est essentiel. Parce que ce texte est aussi indispensable car il permet d'avoir des modèles pour développer nos imaginaires.

Deux nouvelles à découvrir d’une autrice brillantissime et un immense bravo pour la traduction !! C'est réussi avec brio : tout est accordé, écrit, traduit pour que le texte soit neutre, et ce n'est pas une mince affaire dans notre langue française si binaire.

Manon 🖋

Un psaume pour les recyclés sauvages, Becky Chambers, sublimement traduit par Marie Surgers, éditions Atalante, 12€90

Une prière pour les cimes timides, Becky Chambers, traduit par Marie Surgers, éditions Atalante, 13€50

​Ce livre, je l’attendais impatiemment. Premier ouvrage que l’excellente revue La Déferlante a décidé de publier en tant que nouvelle maison d’édition. Et le résultat a dépassé toutes mes attentes !
J’admets sans fioritures que ma gorge s’est serrée à la lecture de la préface et ça a lâché aux derniers mots « que meurent les monstres, que vivent les personnes trans ».
La fin des monstres est un récit intime de TAL MADESTA sur sa transition de genre. Construit sous forme de différentes étapes du processus, du moment où on s’oublie, on saute, on passe à l’action, on se protège, on doute, à ceux où on se bat beaucoup, on disparaît souvent, on s’invente car nécessaire, on vit et enfin on aime, l’auteur nous partage ses réflexions qui les accompagnaient tout au long de ce parcours. On comprend beaucoup de choses et on les comprend surtout mieux.
Comment la dysphorie du genre peut prendre des formes "rétorces et inattendues" et comment on n'existe qu'à travers le regard de l'autre. Quand se piquer n'est rien face à la douleur et la violence de la transphobie, quand sortir de chez soi devient une épreuve à tout instant, quand en devenant un homme, on devient invisible, on touche alors au pouvoir absolu et on appréhende sa nouvelle masculinité, quand on apprend à faire le deuil ("de grande vie, de lumière, de sécurité").
Mais être une personne trans, c'est aussi les "pleurs doux", la joie et la tendresse, c'est créer une nouvelle famille, nouveaux liens communautaires, pour finalement vivre et s'aimer.

Lauren Bastide dit : "Les personnes trans nous montrent la voie", et Tal Madesta écrit : "Les femmes trans ont tant à nous apprendre". Je rajouterai , lisez et écoutez les personnes trans, soutenez leur travail, fréquentez-les et soyez des allié.es de leur lutte.
"La fin des monstres" de Tal Madesta, incontestablement un livre événement de la littérature féministe et queer de ces dernières années !
81p., 15€, aux éditions @ladeferlanterevue

🐞🐌Deux albums jeunesse qui peuvent se lire séparément :
Dans le premier "Marcel et Odilon", nous allons rencontrer Marcel, Odilon et Hypoline. Trois histoires avec des insectes et des gastéropodes à coquilles (oui j'ai regardé sur internet pour trouver le nom savant des escargots!). C'est parti pour l'aventure, entre une coccinelle qui veut quitter la ville qui l'oppresse, un escargot qui rêve de gagner une course de rapidité et une grand-mère escargot qui était une comédienne et nomade dans sa jeunesse, c'est avec douceur et humour que l'on suit surtout ces histoires d'amitié.

🌻Dans le second, "Olive et Zélie" on suit l'entrainement d'Olive pour une course d'escargot !! (et oui c'est la sœur d'Odilon). Et c'est du sérieux, saut de lacets, natation et saut d'obstacle sur un olivier. Avec sa coquille customiser, va-t-elle gagner cette course ?
Un gros coup de cœur jeunesse, j'ai ri de bon cœur ! À découvrir, partager : c'est autant un plaisir pour les enfants que pour les parents!! (peut être lu à partir de 4-5 ans jusqu'à 103 ans)

Manon avec une âme d'enfant 🖋

Marcel et Odilon de Noémie Favart, versant sud, 15€90
Olive et Zélie de Noémie Favart, versant sud, 16€50

💜Alerte coup de cœur !💜

🖋Après avoir lu et adoré 'Mercy Street' de Jennifer Haigh à la rentrée dernière, je suis tombée en admiration avec les travaux de cette autrice.
J'ai donc assouvi cette "obsession" avec ' Le Grand Silence' sorti quelques années plus tôt et je reviens avec un autre coup de cœur.
Si, en effet, j'ai adoré 'Mercy Street', il en est finalement rien à côté du 'Grand Silence'. C'est simple, j'ai ouvert la première page et je ne l'ai pas refermé avant de l'avoir fini.

🖋Si on me demandait de résumer ce livre en trois mots, ça serait : bouleversant, juste et épatant. On plonge dans le quotidien d'une fratrie d'une sœur et de deux frères dont l'un est prête. Un jour leur frère est accusé d'avoir abusé d'un enfant de chœur. La famille explose. Le reste de la fratrie s'éloigne du coupable. Chaque membre de la famille cherche un moyen de 'deal' avec la situation comme il peuvent. La sœur décide de soutenir son frère dans sa quête de justice alors que le deuxième frère se rapproche de la mère de la victime. Nous assistons alors aux déchirements d'une famille face à une accusation aussi grave. Comment continuer à vivre lorsque que notre, fils, notre frère est accusé de telles violences?

🖋Nous sommes face à une question qui sûrement vous a déjà traversé l'esprit. En tout cas, c'est une question que je me suis souvent posée.
Quelle serait votre réaction si vous appreniez qu'un membre de votre famille avec qui vous avez des liens fusionnels, est accusé.e de violence(s)?
Oui notre soutien va irréfutablement à la victime car nous réclamons justice. Mais comment réagiriez-vous?
Dans notre société actuelle, les violences exercées au sein de l'église ne sont plus un secret. Nous avons eu affaire à de nombreux cas de pédophilie. Mais ce sujet reste encore trop tabous, les paroles ont du mal à se libérer.
Jennifer Haigh dénonce un problème sociétal capital avec délicatesse et brutalité, d'une plume poétique et criante de vérité.

✨C'est fort, puissant et transcendant.
Must be read ! ✨

"Le Grand Silence" de Jennifer Haigh, publié chez Gallmeister, traduit par Janique Jouin-de-Laurens, 368p, 10€40.

Difficile de savoir comment écrire sur "Rien à perdre". C'est fulgurant, politique, rapide, beau, brutal. C'est l'euphorie de la vingtaine, le passé d'une enfance à la campagne, la quête de la réussite, la transition. C'est intense. "Rien à perdre" est un premier roman aux goûts d'Annie Ernaux : en parlant de son milieu, c'est tellement plus, c'est une France que l'on ne veut pas voir, rurale, présente et pourtant si importante.
C'est aussi une quête vitale vers la réussite, le besoin si nécessaire de s'extraire de cette campagne, de monter à Paris et de réussir. C'est aussi un livre si profond sur l'amitié qui sauve et des amours parfois toxiques et nocifs. C'est la beauté d'être plus fort.e.s ensemble. C'est également un récit de transition, d'un changement de pronom, prénom, et de cheminement vers la quête de soi. C'est beau, je l'ai déjà écrit, mais sait-on jamais.
Hanneli est venu à la librairie le 10 mars dernier et c'était génial, si des personnes veulent ajouter des mots doux : direction en commentaire! ✨

Manon🖋

Rien à perdre, Hanneli Victoire, éditions Stock, 19€.

🌈Que sait-on juste du terme queer, je vous demande ? L’autre jour, j’ai fait une sorte de session questions/réponses auprès d’une classe de seconde et à un moment j’ai employé le mot queer. L’une des élèves m’a demandé : « Madame, c’est quoi queer ? » et toute la classe a écouté ma réponse suspendue à mes lèvres. Iels ont appris un truc ce jour-là. J’ai donné la réponse la plus commune (insulte homophobe réappropriée par la communauté LGBT+ dans les années 80 aux Etats-Unis) sans rentrer dans les détails. On entend beaucoup le mot queer mais peu de personnes savent vraiment ce que cela veut dire, même pas les jeunes. C’est sans parler que ce mot fait peur, et on sait que quand on a peur de quelque chose, c’est souvent par l’ignorance !
🌈Dans « Queer theory, une histoire graphique », Meg-John Barker, activiste et universitaire, et Jules Scheele, illustrateur, proposent une synthèse concise du mouvement queer. En commençant par sa (ses) définition (s), ses origines, sa construction, ses concepts, ses precurseur/euses, ses penseur/euses, son développement actuel, son champ politique, la façon queer d’être au monde, cet excellent roman graphique vulgarise cette théorie à merveille ! On apprend énormément, par exemple que sous le parapluie queer (qui englobe toutes les identités LGBT+), il y a aussi des hiérarchies et la perpétuation de la division binaire, le tournant poststructuraliste sur lequel toutes les théories queer s’appuient, la hiérarchie sexuelle de Gayle Rubin ou encore comment le féministe noir est à la source du mouvement queer, ou que queer c’est surtout faire et pas être. L’objectif du livre est d’être utile aux personnes dans leur vie quotidien, à penser et à agir de manière queer.
🌈Bref, c’est absolument passionnant ! Et cerise sur le gâteau, la mise en image faite par Jules Scheele apporte une touche humoristique à cet essai riche !
Un ouvrage indispensable à avoir absolument dans sa bibliothèque féministe et queer !
« Queer theory, une histoire graphique » de Meg-John Barker et Jules Scheele, trad. de l’anglais par Valentine Dervaux et Rémy Toulouse, avec la collaboration d’Emmanuelle Beaubatie, aux éditions de la Découverte, 173p. 20€

TW : Un livre pas du tout féministe ! 😉

✨Antonia et Sofia sont nées dans une famille bien plus vaste qu'elles ne l'imaginent. Leurs pères font partis de la Famille. Entendons par là, la mafia italienne qui a immigré aux Etats-Unis avant la seconde guerre mondiale. Quand le père d'Antonia veut quitter la Famille pour offrir à sa famille un monde sans peur et sans violence, il disparait/meurt ; on ne quitte pas vivant la Famille. Mais c'est surtout le récit de l'amitié entre Sofia et Antonia, indéfectible et inconditionnelle. Elles sont avives de projets, et d'émancipation. C'est une saga familiale : nous les suivons de leur tendre enfance jusqu'à l'âge adulte.
Ici, ce que j'ai particulièrement aimé ce sont les liens justement dans cette Famille. Entre violence, pouvoir et (non)choix, comment vivre dans un milieu qui nous laisse aucune place? Comment tenir tête quand on est l'une des filles du bras droit du "parrain" ? Comment la misère profite aussi à un système à côté ? Où est l'humanité dans ces personnages qui tentent juste de survivre avec des codes qui sont hors de la société ? Quel est le prix de l'émancipation ? Est-ce que l'émancipation même est possible ? Quelles sont leur point de manœuvre, de choix dans cette vie toute tracée pour elles ?
Lorsque Sofia se retrouve en danger de mort, Antonia est prête à tout pour la sauver. Ce sont elles contre le monde. Ce sont elles leur force. C'est parce qu'elles sont là l'une pour l'autre qu'elles peuvent littéralement briser cette Famille aux dictats si strictes pour les femmes. Elles sont censées être des épouses, des femmes qui ne posent pas de questions, qui subissent, mais lorsqu'elles décident de faire autrement c'est tout un système en face d'elles qui faut affronter. Rien n'est aussi simple, elles sont tout de même prisonnières de nombreux modèles qui ne leur correspondent pas. Mais ici, c'est leur amour qui va les sauver.

Manon 🖋

La famille, Noami Krupitsky, traduit de l'anglais (USA) par Jessica Shapiro, éditions Gallimard, 24€.

🍋 Qui parmi vous aime les jeux de mots déjantés et complètement loufoques ? Si c'est le cas, vous allez adorer ces deux albums jeunesse.
Nous partons à la course poursuite des consommes et des voyelles dans ces deux albums mais l'objectif n'est pas si simple : alors que des citrons sont tranquillement en train de siffler sur le sentier en mangeant des sucettes, patatra : un voleur!! La grande course poursuite commence : un champignon chagrin, des petites patates, des radis roses qui râlent, un melon sans mallette, mais qui est à l'origine de tous ces vols ?! 🧐
Dans le second, nous entrons dans le cirque Rififi : avec Lucas Ananas un acrobate de l'Opéra, Mimi la fourmi la grande magicienne, mais petit à petit ce cirque n'est pas à la hauteur de l'attente du public... mais si on mettait plutôt tous nos talents ensemble pour créer un nouveau spectacle ? Un vrai carnaval chantant et dansant ! Un pur régal pour rire et apprendre en même temps.
Un véritable jeu sur les sonorités, je ne vous raconte pas des salades!

Manon qui retombe en enfance 🖋

Six citrons acides sifflent sur le sentier, de Françoise de Guibert, éditions six citrons acides, 16€.
Six citrons acides sont assis au Cirque rififi de Françoise de Guibert, éditions six citrons acides, 16€.

​La question du port de voile en France est l’une des celles qui divisent les féministes, ce n’est pas un scoop. Combien de fois j’ai entendu mes amies/connaissances féministes que le foulard aliène et qu’une femme qui en porte un est forcément soumise, privée de toute liberté. Pour moi, plus le sujet est polémique, plus il est complexe et les réponses ne sont pas simples.
Dans ce brillantissime essai « Les femmes musulmanes ne sont-elles pas des femmes ? », Hanane Karimi développe une réflexion complète sur cette question. Etant elle-même une personne concernée et consacrant une thèse entière à cette question, l’autrice nous explose littéralement le cerveau en 150 pages.
Elle nous parle de « la nouvelle laïcité » instrumentalisée, qui sous couvert du principe de ladite laïcité, engendre l’exclusion des femmes qui portent le foulard les assignant à l’ennemi musulman. Comment notre héritage impérial et colonial en sont à l’origine de cette désignation à l’altérité radicale des femmes musulmanes. Comment cette assignation à l’intégrisme religieux et l’islamophobie qui en découle permettent l’essentialisation et l’indistinction de ces femmes et les dépossèdent de toute forme d’identité légitime. La haine de l’islam précède celle du voile.
Par ailleurs, la femme musulmane ne rentre pas dans une forme de féminité hégémonique, y compris dans les camps féministes, mais plutôt paradoxale, hérétique, et traitée comme dangereuse, car indisponible sexuellement. Ceci a un cout social élevé à payer, s’en suit une oppression qui exclut des femmes portant le foulard des écoles, des universités et des piscines. Cette politique d’exclusion a aussi comme conséquence, une dévalorisation de l’image de soi, perte de son estime et de la confiance.
Et finalement comment résister face à cette oppression et quels sont les outils de réparation et de transformation ?
Bref, s’il y en avait un livre à lire sur ce sujet capital, ça serait celui-ci !
« Les femmes musulmanes ne sont-elles pas des femmes ? » de Hanane Karimi, aux éditions Hors d’atteinte, 168 pages, 18€

Personne ne sort les fusils est le reflet d'un système capitaliste qui pousse à la dépression et à la valeur travail qui détruit des vies. 💣

En 2019 un procès important et décisif va avoir lieu et pourtant, qui s'en souvient ? Sept dirigeant.es d'Orange-Telecom sont accusé.es de maltraitance au travail au point d'entrainer une vague de suicides de plusieurs salarié.es. Sandra Lucbert, l'autrice était au procès et nous décrit les oppressions bien menées et comment le langage est détenu par une poignée de personnes. La justice est un art oratoire, que seul.es les plus habiles peuvent gérer et utiliser pour leur "défense". Les sept accsué.es nient, font mine de ne pas comprendre ce qu'iels font là et pourquoi iels sont à ce procès. Après tout le PDG a un seul regret et c'est pour dire : " cette histoire de suicides, c'est terrible, ils ont gâché la fête''. Ici l'objectif est de ridiculiser les familles qui réclament justice. La violence d'un procès et d'un système qui écrase les plus démuni.es.
Véritable pamphlet, l'autrice nous montre l'écrasement verbale et judiciaire. L'écriture y est capitale et montre si bien ce que la société fait aux travailleureuses.

Un texte plus que d'actualité, en plein mouvement de mobilisation et de grève pour refuser une réforme des retraites qui précarisent, maltraitent et tuent encore plus. Que la grève dure ✊

Manon 🖋

Personne ne sort les fusils, Sandra Lucbert, éditions points, 6€20.

UNE BD GENIALISME !!! 🔥

Je ne sais pas trop quoi vous dire de plus : c'est une bd sur les questionnements et le chemin pour se trouver, sur la non-binarité, la transidentité, la société hétéropartiarcale, sur les amours, l'amitié. C'est beau, et surtout c'est positif et plein d'humour, j'ai ri aux éclats sur certaines pages, et c'est un véritable bonheur.

Je crois que je n'ai pas beaucoup de mot à ajouter si ce n'est : LISEZ CETTE BD 💜

Manon 🖋

Genderflou, Tamos le Thermos, éditions Exemplaire, 19€.

Quand deux génies se rencontrent ça donne une pépite. Deux artistes qui ont déjà fait un travail ensemble que j'aime particulièrement : "Une âme égarée" publié aussi chez les éditions Format, donc évidemment une grande joie quand j'ai vu cette nouvelle BD ensemble. Un bel ovni dans le monde de l'art.

Ici, nous suivons Monsieur Remarquable. Il est beau, jeune, valide et surtout narcissique : il adore se prendre en photo et faire des selfies. Tout le monde le trouve remarquable dans le sens où on se souvient forcément de lui. Cependant, à force de se prendre en photo, son reflet est altéré, il ne se reconnait plus, il n'est plus remarquable. Pour quelqu'un de si narcissique, c'est un grand problème. Alors Monsieur Remarquable va tout faire pour avoir un nouveau visage quitte à ressembler à tout le monde...
Véritable critique de notre société si égocentrée. Excellent, comme toujours! Quelques images pour apercevoir ce travail de grande qualité 💜

Olga Tokarczuk a eu le prix nobel de littérature en 2018 car elle est brillante et Joanna Concejo est une illustratrice de génie. Dois-je vous en dire plus pour vous parler d'elles ?
A découvrir ! ✨

Manon 🖋

Monsieur Remarquable, Olga Tokarczuk et Joanna Concejo, traduit du polonais par Margot Carlier, éditions Format, 22€90.

💜Alerte coup de coeur ! 💜

🔥Impossible à résumer, j'ai été complètement happée par ce roman. Véritable coup de poing, l'écriture incisive et marquante de l'autrice nous emmène dans la vie des habitants d'une petite ville en passant par désespoir, rêves, amour, angoisses.
🔥L'autrice nous dresse avec humour une Amérique contemporaine avec des tirades anticapitalistes mais aussi chrétiennes sans queue ni tête. Elle crée des personnages autant improbables qu'absurdes. Elle dénonce le capitalisme et l'exploitation de ce dernier : du corps de la femmes, des animaux, du patriarcat.
🔥Ce récit est à mi chemin entre le roman traditionnel et le recueil de nouvelles. Il parle d'identité, des jeux de pouvoir (post Metoo), des traumatismes. C'est un tourbillon d'idées qui nous donne envie de faire durer la lecture mais en même temps qu'on ne peut pas lâcher; ni oublier.

✨"Par un soir de chaleur dans l'appartement C4, Blandine Watkins sort de son corps. Elle n'a que dix-huit ans, mais elle a passé l'essentiel de sa vie à souhaiter que cela se produise. C'est une douce souffrance, comme l'ont promis les mystiques." ✨

🖋"Ecoutez-moi jusqu'à la fin" de Tess Gunty, publié chez Gallmeister traduit par Jacques Mailhos, 26€60, 560p.

➡Amandine

​👉En voici un génial roman graphique qui m’a happé pendant un moment.
J’avais hâte de le lire car il parle de mon pays de naissance, l’URSS et la Russie post-soviétique.
👉Dans ce reportage graphique, Victoria Lomasko dépeint le monde post-soviétique avec une justesse folle. Elle est partie sur ses traces en voyageant dans les ex républiques soviétiques, souvent en profitant pour donner des cours de dessin dans les milieux militants. Victoria a mené des entretiens avec des locaux et a fait ses dessins sur le vif. Sa motivation principale est de comprendre qu’est-ce qui unifiait les peuples par le passé et qu’est-ce qui reste aujourd’hui de ces liens. Pour rappel, L’URSS, c’était 15 ethnies différentes sans compter des dizaines de peuples des territoires autonomes. Qu’est-ce qu’on sait au juste aujourd’hui de la vie au Kyrgystan, Dagestan, Georgie, l’Arménie ou encore Ingouchie. Quelles sont les conditions des femmes ? Quel est le régime en place ? Comment s’organise l’opposition ? A quoi rêve la jeunesse ? Qu’est-ce qui reste du régime communiste ? Quelle est la relation avec les russes et la langue russe ?

📚La réalité est souvent sombre, très complexe et rempli de paradoxes, comme en témoigne ce jeune russe artiste militant Dima qui idéalise l’Union Soviétique tout en imaginant l’avenir idéal pour la Russie, calquée sur le modèle occidental.
🪆« La dernière artiste soviétique » est d’une actualité incroyable car il aborde la question des multiples repressions du régime autoritaire de Poutine, que ça soit à travers Alexeï Navalny, les mouvements féministes et écologistes en Russie ou à travers la propre histoire de l’autrice.
🎨Finalement, la question ultime qui est posée, c’est « Quel est le rôle et la place de l’artiste dans le traitement de l’actualité politique ? ». Victoria Lomasko nous délivre son point de vue qui surprend mais qui exprime une forme de fatigue militante selon moi.
Victoria Lomasko est une artiste féministe dissidente russe, mondialement connue et exposée. Elle vit en exil en Allemagne depuis mars 2022.

« La Dernière artiste soviétique » de Victoria Lomasko, trad. du russe de Gerald Auclin, aux @editions_thehoochiecoochie 300p. 26€

Le poids de l'usine, du travail, de l'épuisement. Voici ce que Nella Nobili nous décrit, nous conte et nous transmet. Un texte poétique fort et puissant. C'est un texte qui montre un travail intense, une enfance en Italie, de l'entraide et la solidarité et aussi paradoxalement de la musicalité des machines, des ouvrières qui chantent. Texte court, mais d'une actualité brûlante, je vous laisse découvrir quelques extraits de ma lecture en slide ➡️ (photos prises en lisant, la luminosité n'est pas des meilleures ni le cadrage!)

Un texte qui résonne encore plus avec aujourd'hui, journée de mobilisation et de grève générale !✊🔥💜

Manon 🖋

La jeune fille à l'usine, Nella Nobili, éditions Cambourakis, 10€.

​"Petite sale" n’est pas un polar comme un autre. Il n’y a pas de violence, de sang, de meurtre ici et cela n’empêche pas l’intrigue d’être époustouflante !
📚 Nous sommes en février 1969, au nord de la France, dans un petit village figé dans le temps. Ici, tout n’est que le froid, la boue, le gris, l’humidité. Augustin Demest, un riche propriétaire d’une exploitation agricole, emploie la moitié du village et règne, tel un féodal, sur son Domaine. J’avoue parfois j’avais tendance à imaginer l’atmosphère plus proche du moyen âge que du 20eme siècle.
Catherine Caron, une bonne à tout faire est employée dans la maison du maître. Catherine rase les murs, baisse les yeux, ne parle pas, au point de devenir invisible aux yeux de tout le monde. Catherine se fait appelée Petite Sale, alors qu’elle est toujours propre mais Catherine est pauvre. Catherine se tait mais elle hait son patron en cachette. Un jour, Sylvie, la petite fille de Demest est enlevée et c’est Catherine qui était en charge mais elle n’a rien vu. La demande de rançon tombe et 2 flics parisiens débarquent pour mener l’enquête !
Ce nouveau roman policier de Louise Mey est un formidable témoignage sur la lutte des classes. Il dénonce toute la violence de classe dans notre société capitaliste, le pouvoir de l’argent, la misogynie et le patriarcat. Catherine, femme et pauvre, donc forcément limitée, forcément incapable.
L'autrice dépeint parfaitement le monde rural de la France profonde post 68, à l'aube de la deuxième vague féministe mais qui a du mal à arriver jusqu'aux campagnes.
Les 2 flics, très attachants sont au centre de ce roman d'atmosphère au climat glacial. Gabriel, le jeune flic qui représente la jeunesse impatiente et révoltée et Dassieux, son supérieur, fatigué et usé par le travail de longues années. Ils vont se heurter aux silences et les non-dits du village tout au long de l'enquête.
Toute l'ambiance pluvieuse et froide participe à cette immersion absolue dans ce monde paysan, soumis à la violence des mots, des gestes.
J'ai dévoré "Petite Sale" de Louise Mey, qui reste l'une de mes autrices de polars préférées.
"Petite Sale" de Louise Mey, aux éditions Le Masque, 300p. 21,50€

💜COUP DE COEUR💜

🖋Une saga familiale, un roman de l'exil, de la perte et du deuil ciselé de poésie.

🖋Un récit magnifique qui narre le destin d'un Tibet sacrifié, d'une douloureuse nostalgie pour une terre, une contrée que l'on a quittée mais surtout des liens inébranlables d'une famille soudée.

🔥Une histoire émotionnellement prenante : colère, dégoût, honte, tristesse, admiration.
🔥Mais c'est aussi une leçon majeure, une remise en question de notre moyen de préserver la culture.
🔥C'est également un pays qui est narré ici, des parents en exil, des enfants migrant au Canada, des croyances, une culture, des vies de réfugiés.

✨C'est beau, profond et sensible.
✨C'est fort, puissant : à lire absolument !

✊Amandine ✊

"Quand notre terre touchait le ciel" de Tsering Yangzom Lama, traduit de l'anglais (Canada) par Claire-Marie Clévy, édité chez Buchet Castel, 570p, 24€80

😍Quelle belle surprise que ce court roman de Marie-Hélène Lafon !
👉En 1967, Isabelle est mal mariée à un homme violent. A 30 ans et déjà 3 enfants, son quotidien est le synonyme de l’humiliation, de la honte, de la peur et de la violence. La famille vit dans une ferme isolée, au fin fond de la campagne auvergnate.
👉7 ans plus tard, c’est son mari qui, lors d’une insomnie nocturne rumine et nous livre ses pensées sur le féminisme des années 70s, sur le déclin de l’activité agricole et sur ce que c’est d’être un homme.
👉Enfin, dernier tableau, leur fille Claire en 2021, fait le tour de la ferme familiale avant sa vente et s’en souvient !
🧡J'ai été littéralement emportée par l'écriture incisive et précise de l'autrice ! A la page 80, une immense émotion viscérale m'a saisie, au point que j'ai du m'arrêter et reprendre mon souffle. C'est très rare que j'ai des réactions physiques (je pleure que peu par exemple) à mes lectures mais là, c'était si fort, instinctif et inévitable.
👍Ce roman est un cri que je ne suis pas prête à oublier !
✒️ Rosa

"Sources" de Marie-Hélène Lafon, aux éditions Buchet Castel, 118 pages, 16,50€

🌿Bivouac est le nom d'une opération d'éco-warrior, qui se lance dans une lutte pour la nature et tout un territoire. Nous nous trouvons dans le Haut-Kamouraska, au Québec, le lieu est menacé par une déforestation pour l'implantation d'un complexe pétrolier...

✊Bivouac est surtout une ode profonde à la vie et à la forêt. Aux bruissements du vent qui font danser les arbres, aux murmures de la vie, aux chants des nombreux êtres qui peuplent ce lieu sauvage, au son apaisant de l'eau qui court. À cet écosystème si riche, si précieux. Mais c'est surtout le récit de l'espoir d'un monde meilleur où les forêts seraient protégées plutôt qu'anéanties, rasées et brulées, pour des profits. L'espoir d'un monde plus doux aux amours pluriels et à la solidarité. À un monde surtout de lutte où le capitalisme n'aurait plus raison de la nature au profit de coût, d'argent, de servitude mais un monde où la nature serait de nouveau au centre et prise au sérieux.

🔥À l'heure où les politiciens se moquent littéralement de nous : " Qui aurait pu prévoir la crise climatique?", sérieusement, notre président aurait pu faire mieux. Ce livre est un cri des entrailles, pour la lutte, pour la révolte, une ode à occuper l'espace, à se rebeller contre tous les projets inutiles qui sont menés sur les territoires outre atlantique mais aussi, ici en France, et ils sont nombreux... Alors, allons crier contre les écocides, contre le capitalisme, contre les Etats qui tuent, pillent.

💛 Je suis hantée par cette lecture. J'ai l'impression de devoir laisser les ami‧es qui m'ont accompagnée. Si vous n'avez jamais lu Gabrielle Filteau-Chiba, foncez. Un énorme coup de cœur.🧡

Manon 🖋

Bivouac, Gabrielle Filteau-Chiba, éditions Stock, 22€.

💜Alerte coup de cœur !💜

🖋"Vers le paradis" est une fiction un peu particulière qui se déroule sur trois siècles différents : 1893, 1993 et 2093. Ce roman est donc découpé en trois livres totalement indépendants malgré l'usage des mêmes prénoms pour les protagonistes des trois histoires. Il est donc inutile de chercher un lien désespérément entre chacun des personnages car il n'y en a pas.
Cependant, on retrouve des similitudes dans chacune des histoires : une Amérique différente pour imaginer ce que son pays aurait pu être, a été et ce qu'il pourrait devenir. Des points communs entre ces sociétés subsistent bien évidemment, certains personnages détiennent le pouvoir, d'autres le subissent, et tous doivent décider ce qu'ils sont prêts à sacrifier pour leur liberté ou leur sécurité.

1893 : Une scission définitive séparent les états libres du Nord et les colonies au Sud. Dans cette société, le mariage homosexuel a été promu mais pas l'émancipation des esclaves. David Bingham doit trancher entre un mariage arrangé avec Charles ou une passion à l'avenir incertain avec Edward.

1993 : Des personnages homonymes vivant dans les mêmes lieux (mais je le répète, il n'existe aucun lien entre David et Edward des deux époques) doivent faire face au choc et à la propagation du SIDA. Mais la sécurité et le confort d'une vie conventionnelle dans les beaux quartiers de New York peuvent-ils faire oublier les rêves d'une identité autre?

2093 : La ville de New York est maintenant divisée en secteurs et est surveillée par un régime autoritaire suite à une vaste série de pandémies. David Bingham a participé en tant que scientifique à l'élaboration de cette société répressive dans le but de protéger la population de la maladie et de la mort mais ses derniers efforts seront consacrés à permettre à sa petite-fille de choisir la liberté.

🖋Récit agrippant, bouleversant et sublime. Un véritable coup de poing d'une beauté à couper le souffle. Des sujets encore tabous de nos jours abordés avec subtilité, justesse. Un chef d'œuvre.

✨Citation en commentaire :)✨

📚"Vers le paradis" de Hanya Yanagihara, chez les éditions Grasset, traduit de l'anglais par Marc Amfreville, 29€, 816p.📚

​💜Alerte essai génialissime !💜

✨"Dysphoria Mundi" c'est la transfiguration d'un monde insoutenable.
✨"Dysphoria Mundi" c'est une pierre philosophale.
✨"Dysphoria Mundi" c'est une révolution de la société.

C'est brillant, ingénieux, à la fois politique et poétique, beau et confus.

✨"Dysphoria Mundi" c'est un bouleversement total, au delà même de l'individualité.

"Nature, culture. Vivant, mort. Mâle, femelle. Science, croyance. Organique, mécanique. Présentiel, distanciel. Concret, conceptuel. Hôte, intrus. Analogique, numérique. Créateur, destructeur. Bien, mal. Sain, toxique. Blanc, noir."

🖋Dans cet essai il est question des changements post pandémie, de ce qu'on appelle le "réel". Il est question d'une révolution ascendante se heurtant à l'ancien. Il est question des batailles gagnées et de celles à venir. Il est question d'un monde en reconstruction, en déconstruction (si je puis dire). Il est question de faire front sur toutes les luttes comme si elles n'étaient qu'une et même lutte. Il est question d'alliances, de renégociations, d'émancipation, d'ordre autoritaire, de forces libres et créatives. Il est question de défaire les binarités, les valeurs et les hiérarchies d'un régime de pouvoir autoritaire et autodestructeur.

Le monde est en transition et la dysphorie est l'expression du décalage entre les anciennes conceptions héritées de la modernité occidentale et de nouvelles façons de voir le monde.

Amandine

📚"Dysphoria Mundi" de Paul B. Preciado aux éditions Grasset, 25€, 592p.

L'instruction est simple : "Que celui qui cherche la vérité se mette à la place d'un animal conduit à l'abattoir".
Au cours d'un burn out en 2008, Isabelle Sorente se lance dans une quête de sens. L'un de ses maîtres lors d'une retraite spirituelle lui adresse cette instruction. Depuis, cette dernière va hanter l'autrice et la narratrice. La quête commence : le choix de l'animal sera le porc. L'objectif : visiter un élevage ''familial" porcin, où 15 000 bêtes sont élevées, engraissées, et emmenées à l'abattoir tous les six mois. Elle s'enfonce de plus en plus loin dans l'instruction et décide d'aller dans un abattoir. Elle est rongée par l'image de Coré 9887, une truie qu'elle a inséminée où ses porcelets sont condamnés à mort avant même leur naissance. Tout est programmé.

✊ Ce n'est pas la violence que l'on fait subir aux animaux qui est intéressante dans ce livre mais tout un système à remettre en question. Un système qui broie les êtres humains et animaux. Un système qui ne veut plus de sa "magie sympathique" comme le dit si bien Marguerite Yourcenar dans les Mémoires d'Hadrien. Un système qui brûle et détruit la nature qui pourtant est essentielle à notre survie.

C'est avec délicatesse et poésie que l'autrice nous embarque dans un voyage sans retour.

Manon 🖋

L'instruction, Isabelle Sorente, éditions JC Lattès, 20€90.

💜ALERTE COUP DE COEUR ! (encore lol) 💜

Ici se mêle l'histoire d'une adolescente souffrant des stéréotypes de beauté instaurés par la société actuelle, d'une mauvaise image de son corps et qui subit de l'harcèlement scolaire.
En parallèle, nous suivons Nora, une trentenaire sous emprise amoureuse qui évolue dans une société où elle subit sexisme et racisme.
Ce roman est frappant et bouleversant abordant les violences faites aux femmes et la puissance meurtrière de cette société patriarcale.
La plume de Nesrine Slaoui est prenante, juste et criante de vérité.

"Seule" de Nesrine Slaoui publié chez les éditions @editionsfayard ,144p, 17€

👉 « Un djinn n’est pas un alter ego, ni un double, ni un fantôme. Ce qui se rapproche le plus d’un djinn, selon moi, est un négatif de photographie. En théorie, parce qu’en pratique c’est encore plus complexe que ça, c’est invisible ».
Cet extrait n’est qu’une définition du mot djinn donnée par Penda, l’héroïne du roman, noire et queer. Pour en avoir la vôtre, lisez cette merveille !

✨« Djinns » est le premier roman de Seynabou Sonko, autrice, chanteuse et musicienne française (connue sous le nom de Naboo). Le même jour, Penda perd son travail à la superette du coin et apprend que son meilleur ami et voisin Jimmy, accro au cannabis, est interné en HP suite à un excès de colère et diagnostiqué comme schizophrène. Mami Pirate, sa grand-mère sénégalaise et guérisseuse dans le Xème arrondissement de Paris, est convaincue que Jimmy peut être soigné grâce aux plantes, et notamment une plante halluci¬nogène du Gabon interdite en France mais qui reste trouvable quand même. Alors, avec l’aide de Chico et Shango Penda élabore un plan pour sortir Jimmy de là et trouver le remède miracle.

🥰 Ce qui frappe dans « Djinns » dès les premières pages, c’est le rythme palpitant de la narration. J’ai dévoré ce roman en moins de 24 heures. Ecrit dans un style pourvu d’oralité, vivant, parsemé de mots en verlan, il est impossible de s’arrêter. Les personnages sont tous ultra attachants, il se passe plein de choses, c’est rempli de tendresse et d’humour. « Djinns » est un formidable roman d’aventure, à la croisée de l’intime et politique, aux contours du surnaturel. Il y est question du racisme ordinaire, de la santé mentale et de son identité de genre !

💜💜💜Enorme coup de cœur en somme 💜💜💜
Lisez-le absolument !
✏ Rosa
« Djinns » de Seynabou Sonko, aux éditions @editionsgrasset , 173p., 18,50€

💜 Alerte Coup de cœur prodigieux !
Je vous parle aujourd’hui de « Double V » de Laura Ulonati que j’ai tellement aimé qu’il m’est difficile de ressembler les mots pour en faire une chronique digne d’une libraire, l’émotion est à son comble ! Pourtant cela fait quelques jours que je l’ai terminé, mais ce texte m’habite encore.
💜Si vous êtes passionné‧es de Virginia Woolf (comme moi), vous devinez à travers la photo de la couverture que ce roman (ce n’est pas une biographie) parle d'elle. Mais ce n’est pas elle sur l’avant plan, c’est sa sœur ainée Vanessa Bell, la célèbre peintresse et c’est sous son regard qu’on plonge dans le voyage de la famille Stephen. L’idée est venue à l’autrice quand elle a découvert un tableau de Vanessa Bell à Beaubourg et elle s’est posée cette question « Qu’est-ce que c’est d’être une sœur ainée de Virginia Woolf ? ». On suit les 2 soeurs dans leur vie, de l’adolescence jusqu’à la fin, elles entretiennent une relation fusionnelle. On découvre comment chacune grandit en tant que femme, amante, artiste et comment elles s’accompagnent et se nourrissent dans leur pratique artistique. Laura Ulonati aborde la question de rivalité entre sœurs, elle-même ayant une sœur. Comment cette rivalité impacte nos relations avec nos « sœurs » au sens large ? Les chapitres sur Vanessa et Virginia sont parfois mis en pause, et l’autrice niche ses réflexions personnelles autour des tableaux de Vanessa Bell. La question de place à prendre en tant qu’artiste femme est posée et il n'y a en a pas pour tout le monde.
👉Je dois prévenir qu’on ne rentre pas aisément dans le texte. Mais passé les 30 premières pages, on ne s’arrête plus. Il faudrait dire que la langue de Laura Ulonati est tellement riche, belle, raffiné, d’un style épuré, dépourvu de toute oralité, je vous encourage à laisser la place à cette narration (qui m’a rappelé légèrement les écrits du XIXème) et se laisser emporté.e par la magie du texte.
💜Il y a de magnifiques passages que j’ai annotés et je vous mets dans les slides.
« Double V » est un livre précieux d’une beauté rare et je vous le recommande fortement !

✏ Rosa
« Double V » de Laura Ulonati, aux éditions Actes Sud, 205p., 20€

💜ALERTE COUP DE COEUR !💜

✨"Thelma" c'est le quotidien d'une adolescente en proie à l'anorexie, une adolescente qui combat tous les jours la voix de l'Entraîneur, personnification de sa maladie, qui ne lui laisse aucun répit. "Thelma" c'est aussi une famille et un entourage qui tentent tant bien que mal de comprendre et d'aider l'adolescente. Souvent de manière maladroite, mais toujours avec bienveillance et l'envie de bien faire.

✨Thelma est un personnage marquant, à la densité remarquable. Elle a une présence solaire et une énergie, une détermination et une intelligence vives. Elle fait face aux rouages complexes de l'adolescence passant par le rapport au corps, les fortes amitiés, l'éveil à la sexualité, la construction d'une identité encore incertaine, le regard des autres et l'insertion dans un groupe social.
C'est un récit sensible, bouleversant d'une haute intelligence et dont la profondeur magnifique offre une mise en abîme de la psychologie d'une famille, ses doutes et tourments, ses secrets et lassitudes.
C'est à la fois profond et léger, réconfortant et destructeur, sublime et troublant.

🖋Une petite citation pour la fin :
"Elle peine à mesurer sa transformation physique car elle ne la ressent pas. Intellectuellement elle en accepte les preuves matérielles, un chiffre sur la balance ou une taille de vêtements mais en elle quelque chose d'irréductible, de têtu, d'inaccessible à la raison, refuse de s'approprier ce que démentent aussi catégoriquement ses sens"

✏ Amandine 
📚"Thelma" de Caroline Bouffault publié le 6 janvier 2023 chez les éditions Fugue, 256p, 20€

 Pour ma première lecture de 2023, j’avais envie d’un roman dépaysant et prenant ! Loin de la frénésie de Noël, loin du bruit du monde. La nouvelle sortie des excellentes éditions Dalva tombait à pic ! « Plus page turner que les autres… » disait le petit mot qui accompagnait le service de presse. Parfait !

💧 L’histoire se passe au Canada, sur les bords de la rivière Outaouais, quelque part dans un futur proche (j’avais 2035 en tête). Le monde est à la dérive, ravagé par le réchauffement climatique, les tempêtes impitoyables et les rivières qui débordent. Bordeaux n’existe plus, les Etats-Unis se sont effondrés et le Canada est le lieu de refuge des américain.es, plus ou moins bienvenu.es.

Dans cet environnement dystopique, Zoé, vit seule dans un chalet à 2 pas d’un camp des refugié‧es. Elle gagne sa vie comme une chasseuse de prime pour le gouvernement. Elle traque des mineur‧es américain‧es qui sont capturé‧es et renvoyé‧es en Alaska pour la plupart. Mais Zoé a son propre but. Il y a 6 ans, elle et son mari Thomas ont perdu leur fils Nathan, disparu en jouant dans la cour. Malgré les fouilles acharnées, Nathan n’a pas été retrouvé. Le couple n’a pas survécu (qui survit à ça ?). Après avoir perdu espoir, Thomas a refait sa vie à Paris, mais Zoé reste convaincue que Nathan n’est pas mort. Alors, elle le cherche obstinément.

L’autrice dresse des personnages singuliers, puissants et très attachants : de la mère de Zoé, Camille, une autochtone arrachée à sa culture et détruite par son passé à Pamela, une ado américaine enceinte qui survit en forêt. Il y a pas mal de suspense et la narration est d’une efficacité redoutable. Le roman a quelque chose d'écoféministe, Zoé est une enfant de la nature, cette femme aux mille instincts prête à affronter tous les dangers que cette dernière lui réserve. La nature est omniprésente ici : forêt, rivière, tornades jouent un rôle fondamental.

« L’enfant rivière » est une fiction envoutante qui nous hante des jours suivants et nous embarque dans une quête d’une femme à la recherche d’elle-même.

Un trésor rare de la littérature imaginaire !
✏ Rosa
« L’enfant rivière » d’Isabelle Amonou aux éditions Dalva, 300 pages, 20,50€

❤ALERTE COUP DE COEUR❤

📖Dans ce roman retrouvez l'histoire de 21 femmes.
21 femmes jugées différentes.
21 femmes brisées, violentées et cabossées par cette société patriarcale.

✒Roxane Gay dénonce ici les violences sexistes, sexuelles et racistes vécues par les femmes. Son écriture incisive et percutante fait de ce recueil de nouvelles une lecture bouleversante, nécessaire mais surtout engagée. Vous allez être transporté.e.s, marqué.e.s et en colère par les destins tragiques de ces 21 protagonistes malmenées qui nous donnent envie de hurler toutes ces violences, de faire changer cette société patriarcale et surtout de sortir de ce silence complice.

✨"Je suis restée silencieuse, j'allais le rester encore longtemps."✨

✏ Amandine
"Difficult Women" de Roxane Gay, trad. Par Olivia Tapiero, aux édit Mémoire d'encrier, 23€, 352p.

💜Coup de coeur BD 💜 !
👉 Connaissez-vous la légende de la comtesse Bathory ou autrement appelée "La comtesse sanglante" ? Moi, je n'ai jamais entendu parlé jusqu'à ce que @diglee_glittering_bitch en parle lors de la soirée à la librairie en mentionnant le poème "La comtesse sanglante" de Alejandra Pijarnik.
👉Si elle est connue, c'est grâce aux divers légendes et croyances populaires selon lesquelles, elle a torturé et tué des jeunes filles vierges pour prendre un bain de jouvence rempli de leur sang.
👌L'autrice Anne-Perrine Couët déconstruit ce mythe dans cette génialissime BD et propose une autre image de la comtesse.
📚Nous sommes en Hongrie, au début du XVII siècle, la chasse aux sorcières bat son plein. Elisabeth Bathory, grande comtesse issue d'une famille princière, mariée à Ferenc Nádasdy, se retrouve seule à gérer le château et les propriétés quand son époux part à la guerre. Entourée d'Anne Darvulia, l'enchanteresse (comprendre guérisseuse) et de ses domestiques les plus proches, elle va soigner les nécessiteux et les soulager contre les terribles maux et maladies dont iels souffrent.
La BD s'ouvre sur son procès et celui de ces complices et on plonge en flashback dans cette histoire passionnante (je n'ai pas pu décoller de la lecture).
😍 Alors, oui, Elisabeth Bathory était une femme forte, intelligente, puissante et indépendante et forcément, cela n'a pas plu à la cour. Avec nos lunettes féministes, on ne peut que facilement voir le complot et les manigances dont elle était victime. Une autre sorcière à condamner, d'autant plus qu'elle organise des réunions entre femmes pour se transmettre les savoir-faire.
💜💜💜Une histoire passionnante, superbement illustrée et fichtrement féministe !

✏ Rosa
"Bathory" de Anne-Perrine Couët aux éditons Steinkis, 22€

Et si on commençait par dire un immense merci à Gabrielle Richard ? 🙏

Ce livre, on rêvait toustes qu'il sorte, qu'il existe, qu'il questionne, qu'il repense la notion de famille. Il y a aucun texte sur les familles queer écrit par des familles queer. Alors merci pour ce texte qui était nécessaire et qui fait du bien.

❤️‍🔥 En partant de témoignages ainsi que de sa propre expérience de famille, Gabrielle Richard reprend des notions au plus simple pour visibiliser les familles queer, comme : le queer, c'est quoi? vers des notions qui n'ont pour l'instant jamais été exprimées avec un livre : l'impensé des parentalités trans (à comprendre, impensé pour notre société encore conservatrice et le parcours de parentalités quand on est une personne trans) ou encore dégenrer le langage (comment se faire nommer quand il y a plusieurs papas, plusieurs mamans, quand on est non binaire, quand on fait famille à plusieurs adultes référent·e·s).

🫶 Faire famille autrement est un livre aussi pour les familles hétéronormatives. L'idée de ce livre c'est de rendre accessible le propos, mais aussi repenser collectivement la notion de famille.

Lorsque j'ai lu ce livre, j'ai voulu préparer en même temps la future rencontre qui aura lieu le 16 février, mais le problème c'est que je me suis mise à garder tous les passages, tout le livre est désormais corné parce que tout est important, fait sens. Je l'ai dévoré en seulement quelques heures. Alors j'ai dû chercher parmi tout ce que j'avais envie de mettre en avant (ça n'a pas été simple!), je pense que la citation qui résume si bien cet essai est la suivante : "Dire ce que doit être une famille, c'est aussi politique que de dire ce qu'elle ne doit pas être".

✊ Et vous, elle est comment votre famille ?

✒Manon

Faire famille autrement, Gabrielle Richard, Binge, collection sur la table, 15€.

TW : inceste, suicide

1 enfant sur 10 est un enfant incesté.e. Qui connait une famille de moins de 10 membres ?
Depuis la lecture de ce livre je suis hantée par ce chiffre. Je suis hantée par les trop nombreux cas d'incestes proche de mon histoire, de mes amies, de mon entourage. Je ne cesse d'être hantée par ce silence, par l'inceste tout court. Pour être tout à fait honnête je n'arrivais pas à écrire. Je ne trouvais pas les mots pour vous parler de ce livre et pour réussir à passer l'émotion de la lecture, pour tenter de trouver les mots justes. Je ne suis pas sûre de les avoir trouver, encore aujourd'hui, mais je me DOIS d'écrire, de parler, de dire.
La Culture de l'inceste est un essai puissant, plus que nécessaire sur la violence de la société face à ce qui est tabou mais si répandu, si courant, des rapports de domination des corps depuis l'enfance. C'est un livre qui parle de traumatisme collectif, de structure de l'inceste dans la société et de ce silence entretenu.
C'est aussi un livre écrit après le suicide de Tal Piterbraut-Merx. C'est son dernier livre publié. Il était spécialiste de théorie politique et de genre, il menait un doctorat en philosophie à l'ENS Lyon. Certain.es d'entre vous le connaissaient peut-être.
L'inceste est tout ça à la fois : un récit intime, personnel mais plus que jamais collectif, il est partout, omniprésent, violent. Un-des traumatismes qui structurent en réalité toute notre société.

✒Manon

💜 Coup de cœur indéniable pour "La Paix des Ruches" d'Alice Rivaz !
Moi, Rosa, vous savez que j'adore découvrir les autrices oubliées, effacées par l'histoire et notre culture patriarcale. Alice Rivaz en est une et je parie que peu de personnes connaissent cette formidable écrivaine !
Alice Rivaz est suisse et a écrit au milieu du siècle dernier. Elle a mené une vie autonome, sans mari, ni enfant et son œuvre est éminemment féministe.
Son roman "La paix des ruches" vient d'être réédité par les éditions Zoé et il est ultra moderne dans sa portée.
Jeanne est mariée à un homme, elle s'ennuie à mourir dans sa relation et dans son rôle d'épouse. Elle travaille à mi-temps comme dactylographe dans un bureau où elle partage ses après-midis avec quelques autres collègues femmes, avec qui elle noue une relation d'amitié. "Ce compagnonnage amical", (à l'époque le mot "sororité" n'est pas encore d'usage, du moins dans la littérature), lui sert de bouffée d'air, mais aussi de source de réflexion sur la condition des femmes et les relations qu'elles entretiennent avec des hommes.
Le livre a paru en 1947, 2 ans avant avant "Le deuxième sexe" et on est plus que frappées par sa résonnance actuelle ! Les thèmes comme la charge mentale, la charge sexuelle, le mansplanning, la sororité sont abordés déjà. La paix des ruches est une métaphore employée pour décrire une société parfaite et bien organisée, où les males trublions sont mis hors-jeu et ainsi la ruche prospère. Alice Rivaz envoie un avertissement : "Oui, les hommes devraient se méfier. Ils devraient songer plus souvent aux abeilles, à la paix des ruches. Au prix payé pour la paix des ruches".
L'écriture de l'autrice m'a fait beaucoup penser à Anaïs Nin, aux accents du journal intime et la réflexion frôle celle d'Emmanuelle Richard dans 'Hommes".
Ne manquez pas la préface de Mona Chollet qui apporte un éclairage brillant sur le roman d'Alice Rivaz !
"Pourtant, j'attends encore quelque chose, je le sens, de cette race étrangère avec laquelle nous partageons nos demeures , nos lits, notre vie. Mais pourquoi ?"

"La Paix des ruches" d'Alice Rivaz, aux éditions Zoé, 140p. 16€

🖋️ Rosa

« On s’assoit par terre et on ne bouge plus, jusqu’à ce qu’ils aient compris ». Ce sont les derniers mots du dernier chapitre de « Futur.es », le nouvel essai de celle qui j’estime le plus au monde (après ma mère 😊), Lauren Bastide.
💜Je ne vais pas m’étaler dans ce post sur tout l’amour que je porte à Lauren (j’aurai l’occasion de le faire ailleurs) mais plutôt essayer de vous faire un résumé complet de « Futur.es » et de vous convaincre pourquoi c’est une bombe dans la pléthore de la littérature féministe et queer florissante de ces dernières années.
👌Comme à son habitude (déjà commencé dans « Présentes »), Lauren Bastide déroule son énorme pelote de savoirs et d’idées qui constituent les pensées féministes. Ces pensées se cristallisent autour de 5 grandes idées qui définissent selon elle, le nouveau futur d’une société véritablement égalitaire. Ce sont : la pensée queer, la sortie de l’hétérosexualité comme régime politique, la pensée anticarcérale et la justice réparatrice, le care et l’écoféminisme. Chacune de ses analyses, appuyée par les travaux des plus grand.es chercheus.es et penseux.ses féministes fait l’effet d’une épiphanie, retourne le cerveau, fait naitre une agentivité nouvelle, donne de la joie et de l’espoir. Oui, la distinction sexe/genre n’a plus de sens, oui, les personnes trans nous montent la voie, oui le féminicide est un acte hétérosexuel, oui l’hétérosexualité nous est imposée, oui la révolution metoo n’a pas eu lieu, oui la prison échoue à éradiquer la violence, elle la perpétue même, oui, il faut tendre la main aux auteurs de violence (le masculin emporte ici à raison pour une fois), oui, il faut remettre l’étique du care au cœur de toutes nos activités, à commencer par l’Assemblée nationale (Sandrine Rousseau a commencé cette semaine), oui il faut enfin se taire et écouter ce que la nature nous dit.
Enfin, Lauren (et je l’appelle par son prénom parce que, quand je la lis, j’ai l’impression de parler à une sœur), finit par poser que la seule issue face à la violence est la non-violence. Et qu’on a besoin de s’assoir en cercle, toustes ensemble, en mixité, opresseurs et opréssée.s et que cet ancrage au sol soit la base du monde de demain.
Voilà, cette chronique n’est qu’un avis abrégé de « Futur.es ». Le livre décortique ces idées et bien d’autres à l’image du papier jaune qu’on déchire au fur et à mesure, comme l’héroïne du roman éponyme de Charlotte Perkins Gillman que Lauren adule tant !

« Futur.es » de Lauren Bastide, aux éditions Allary, 305p. 19,90€

🖋 Rosa

🌳"Bien souvent je me retrouve seule à la fin. Mais ce serait laisser croire que je suis nombreuse au début". Ainsi se termine le dernier chapitre de cette œuvre polyphonique.

🏡Poétique et parfois cruelle, Ariane Lessard dépeint un tableau gothique : un pensionnat perdu au milieu de la forêt et sombre. Nous suivons la vie quotidienne avec les "dames" qui s'occupent des enfants durant les quatre saisons. Le petit plus de l'écriture : chaque personnage a son style littéraire propre.

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Ecole pour filles, Ariane Lessard, éditions la ville brûle, 14€

✒ Manon

"Être handicapée, c'est aussi une construction sociale, tout comme ce qu'on y oppose, à savoir être valide"

Charlotte Puiseux est féministe, psychologue, docteure en philosophie et spécialiste du mouvement crip. Elle est aussi handicapée et lutte contre notre société validiste. Elle questionne, décortique, réfléchit et parle d'un sujet si important dans nos luttes mais encore si invisible.
✊Elle expose plusieurs théories, de la politisation du handicap, des courts poèmes, son engagement queer, intersectionnel et féministe. C'est une vraie découverte et coup de cœur en essai de la rentrée. Il a beaucoup résonné dans ma propre réflexion sur les questions d'handicap.

🔥Un livre nécessaire, car peu - trop peu !! - d'ouvrages de personnes concerné.es sont publiés !

Je ne résiste pas à l'envie de vous faire découvrir l'un de ses poèmes, si beau et qui ouvre l'essai :
" Nous sommes de chair, de fer
D'amour et de colère.
Mais bien vivantes, puissantes,
Sous nos blessures sanglantes.

Nous sommes Frida Kahlo,
Du haut de sa colonne,
Des clous trouant sa peau,
Sa souffrance qui résonne.

Nous sommes plaies et cassures,
Cicatrices et douleurs,
Sur nos corps, dans nos cœurs ;
La rage pour seule armure.

Et si je suis de chair,
De celles qui ont peur,
Tremblent, doutent, se perdent, pleurent,

Je suis de fer.
Forgée pour résister,
Droite et fière de lutter."

✒Manon

💜Coup de cœur Poésie !

💥Recueil de poèmes en prose tous autant touchants les uns que les autres.
Grâce à son talent, Tosca Noury se livre dans son ouvrage d'une manière tendre et douce qui nous fera ressentir des émotions bouleversantes, elle a réussi à coucher sur le papier des mots qui peuvent raisonner pour nombreuses d'entre nous.
Ses poèmes sont accompagnés des illustrations de Pauline Gallois et font de ce recueil, un ouvrage dont on prend plaisir à lire et relire.

✨"La manière
dont je t'ai laissé m'aimer
est sûrement le reflet
de l'amour
que je sais mériter"✨

✒ Amandine

💜 Coup de cœur Roman Ado !
💥 Entre dystopie écoféministe et thriller, ce roman de Louise Mey se dévore !
Mila, 15 ans, vit avec sa mère dans la communauté de femmes en auto-suffisance totale. Chaque famille est responsable d'une tâche en particulier (approvisionnement en eau, potager, cultiver le chanvre, etc.) mais toutes s'occupent de tout ! Il n'y a pas d'hommes et le village vit caché loin de l'agitation générale. Mila est une héroïne badasse, forte, intrépide, intelligente et surtout prête à tout pour protéger les siennes. Elle a un secret qu'elle partage avec sa mère et dont elle va se servir quand le danger se présentera ! . J'ai passé un super bon moment de lecture !
Lecture parfaite pour les ados, à partir de 14 ans

💁‍♀️ Petit mot au sujet de l'autrice. Louise Mey est aussi une autrice de romans policiers que j'adore, et notamment de l'excellent "Deuxième femme", un thriller féministe qui dénonce des relations toxiques, des violences conjugales et le féminicide !

🖋 Rosa

🌈Un album jeunesse qui aide à déconstruire des notions sociétales importantes comme la distinction entre le genre et le sexe, les pronoms mais aussi les différents modèles de famille, les métiers et les inégalités encore existantes. Parce que oui, sans surprise, les dinosaures avant de disparaitre ne sont pas dit ''Quand mon espèce sera éteinte, je veux devenir un jouet pour garçon''.

📖Livre jeunesse accessible et pouvant être lu accompagné·e à partir de 5 ans. À faire découvrir aux plus petit·es et plus grand·es.

✒Manon

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💥 Alerte coup de cœur !
💁‍♀️ Dans "La vie têtue", Juliette Rousseau s'adresse à sa sœur décédée d'un cancer de leucémie il y a quelques années sous forme de courts textes mélangeant prose et poèmes ! Entre souvenirs et réflexions intimes, l'autrice parle des toutes les femmes de sa famille, de l'arrière grand-mère à sa fille ! Plusieurs sujets sont abordés : la campagne, la forêt, le couple, l'écologie, la solitude, le deuil, l'amour, etc. ✏ 📚 L'écriture est magnifique, percutante et sincère. C'est émouvant et juste, lumineux et poignant, c'est l'intime est politique à son apogée !

« Nous sommes les héritières d’une détermination farouche, nous les descendantes des avortements ratés, des grossesses imposées. Celle-ci est indémêlable de nos douleurs et de nos rages, transmises d’une génération à l’autre comme on essore un torchon plein de sang, dans l’anonymat d’une cuisine plongée dans la nuit. »
"Je voudrais t'écrire un livre dont on entend les pages respirer lorsqu'on les tourne"
"Les années qui ont suivi ta mort, je les ai attendues le cœur serré. Tant qu'elles reviennent, ta mort est absence, pas une rupture. Le retour des hirondelles, c'est la vie têtue."

Rosa

💁‍♀️ Voici un autre livre que nous avons beaucoup aimé dans cette rentrée littéraire !
"Pourquoi tu revenais tous les étés" est une non-fiction romancée. L'autrice fait partie du collectif "Ni Una Menos" (grand mouvement féministe en Argentine). Elle relate ici sa propre histoire de violences sexuelles dont elle était victime entre ses 12 et 16 ans de la part de son oncle (qui est est commissaire de police d'autant plus). Elle a décidé de porter plainte contre lui à l'âge de 21 ans au risque d'éclater sa famille et c'est ce qui se produit ! Chaque court chapitre est une voix d'un témoin, d'un membre de famille, de sa mère, de toutes les personnes faisant partie du procès (flic, psy, juge, médecin). C'est la même histoire vue et vécue de tout le monde. La langue est crue, sans pudeur, les scènes d'inceste sont décrites de manière réaliste et franche .

🙌 Ce qui m'a le plus marqué, c'est la figure de son oncle : ambivalent et complexe, doux autant que violent, gentil autant que pervers !
Aussi, l'autrice démontre intelligemment quel est le coût social, émotionnel, familial de PARLER ! C'est un non retour !
💜 Livre dur, poignant mais oh combien important qui mérite d'être mis en avant, lu afin de porter les voix des victimes !
TW : violences, inceste

✏ Rosa

✨Comment vous parlez d'une BD pareille ? Par où commencer, par l'histoire, la qualité magnifique des dessins ou juste vous dire que c'est un immense coup de cœur ?

⚖️Essayons par le début : Valentine a dix-neuf ans quand elle décide de contacter l'ACAT. Cette association permet de mettre en lien des déténu·es condamné·es à mort aux Etats-Unis et des correspondant·es. L'autrice va donc écrire à Renaldo McGirth. C'est le début d'une longue relation épistolaire qui va évoluer en rencontres mais surtout c'est le début de leur amitié.

⚙️Au fil des pages et de leur correspondance c'est tout un système judiciaire et ses rouages qui sont mis en avant. Nous passons de l'absurdité et la violence de l'institution carcérale à l'espoir et à leur amour commun pour l'art. Ces quelques phrases me paraissent si réductrices pour une œuvre qui abordent une pluralité de sujets ! (l'histoire des droits civiques, la représentation des corps noirs dans l'art...)

✏ Véritable prouesse à quatre mains, c'est un travail titanesque, jonglant entre la censure de la prison et les difficultés financières à obtenir du matériel dans des conditions de vie compliquées. Les techniques utilisées sont aussi variées que parfaitement maîtrisées : de la gravure sur bois, du crayon à la linogravure et à la gouache c'est un pur régal graphiquement.

🧡 Vous vous dites "mais alors que manque-t-il à cette bd ? " la réponse est RIEN. Du début à la fin c'est une claque de beauté mélangée à la dureté et à la réalité de plus de milliers d'amércain·es.

Première bd de Valentine Cuny Le Callet, mais il faut officiellement suivre de près son travail sublime !!

✒ Manon

​"Mes racines se trouvent dans l'histoire d'un peuple que l'on appelait les bêtes de foire"

🌈Joan Nestle est lesbienne et féministe. Écrit dans les années 50, à une époque où l'homosexualité aux Etats-Unis était synonyme de déviance, de maladie et d'emprisonnement, elle est une vraie claque de militantisme. De la théorie à l'histoire - c'est l'une des créatrices du Lesbian Herstory Archives ! - en passant par l'évocation érotique de ses jouissances, c'est une pépite. Une écriture qui bouleverse, qui chamboule et qui résonne. L'un de gros gros coup de cœur de la rentrée. 🧡

Claire, concise et précise, elle revient sur les relations fem-butch qui ont été jugées, dénigrées et parfois incomprises au sein même du milieu lesbien. Si vous ne connaissez pas encore le travail de Joan Nestle : n'hésitez plus, foncez la lire dans cette superbe traduction par Noémie Grunenwald & Christine Lemoine !!!

✨ Les éditions Hystériques & associé.es ont publié à ce jour que trois ouvrages et quelques brochures et la qualité est au combien au rendez-vous (Stones butch Blues c'était déjà elleux!). C'est tout d'abord un travail de recherches, de textes militant.e.s féministes, lesbiens et/ou trans. C'est donc aussi, un travail de traduction d'une excellente qualité. C'est une maison d'édition indépendante, que l'on aime et chéri particulièrement à la librairie.

✒️Manon

✊ MON CORPS. MON CHOIX. "Clandestines" c'est un grand cri de rage et de révolte.

🔥 Dans les années 70, à l'aube de la loi Veil, Jane milite pour le droit à l'avortement. De famille catholique dont un père autoritaire, médecin, sexiste et fervent adepte d'une association conservatrice et une mère silencieuse et "obéissante", Jane tente de s'échapper de ce schéma familial grâce notamment à ses ami.es et Pierre. Ce dernier est son amoureux et médecin également. Jane a ses côtés mais surtout aux côtés de son amie Laurence va rejoindre le GIS (groupe information santé) et pratiquer à son tour des IVG.

En parallèle de cette lutte pro-IVG, Jane est face à une secret de famille lourd : où est sa sœur ainée Louisa ? Pourquoi elle a été bannie "pour son bien" chez ses grands parents en Espagne ? Et surtout, pourquoi toute la famille ment continuellement sur Louisa? Pourquoi elle ne donne pas de nouvelles ? Une tonne de questions que Jane tente d'élucider tout au long du roman et de son enquête.

💪"Clandestines" c'est nous toustes. A l'heure où les droits des femmes et minorités de genre sont bafoués et que l'on entre dans une ère rétrograde, ce livre nous rappelle les luttes et notre colère. Parce que cette colère est légitime et qu'elle ne disparaitra pas. Le droit a l'IVG en France n'a que 47 ans et il est déjà de nouveau questionné. Et parce qu'elle le dit toujours mieux que nous, Simone de Beauvoir nous mettait en garde : "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant."

✨Petit mot pour la maison d'édition - étant toulousaine, c'est l'occasion de vous parler des talents de mon ancienne ville. Blast est une maison d'édition indépendante, féministe, queer et tout bonnement génialissime. Vous ne les connaissez pas encore ? Alors faites leur confiance et faites nous confiance : acheter tous les titres. Comme leur nom d'édition : c'est une onde de choc, un souffle qui bouleverse nos lectures.

✒️Manon

​Aujourd'hui, on vous parle d'un livre rare, précieux et formidable ! Il s'agit de "Désirs flous" de Dola de Jong ! C'est un texte traduit en français pour la 1ère fois (merci les excellentes Editions du Typhon de faire ce travail de recherche!) alors best-seller et classique au Pays-Bas et aux Etats-Unis. Ce roman a fait scandale à sa sortie en 1954, ayant été traité comme "honteux et malsain". Tout ça parce qu'il s'agit de l'amour entre 2 femmes !

💕 "Désirs flous", c'est une rencontre entre deux jeunes femmes totalement différentes à Amsterdam d'avant-guerre : Béa, sage et rangée et Erica, remplie d'une folle envie de vivre, qui ose et transgresse les codes. Un coup de foudre amical les amène à cohabiter ensemble mais très vite, elles se laissent happées par d'autres sentiments : passion, désir, folie, jalousie, soumission ! Béa fait tout pour Erica. Incapable de protester contre les caprices d'Erica et d'oser dire non, elle est absolument fascinée par son amie. Erica use et abuse (souvent) de la dévotion de son amie.

📚 Comment s'affranchir de ses désirs flous et/ou les accepter dans le pays où l'amour entre 2 femmes est considéré comme "anormal", où l'homosexualité est un tabou, où le coming-in est inconcevable ? Comment s'avouer que c'est possible ? Tensions permanentes et ascenseur émotionnel garantis en lisant ce très très beau roman ! L'autrice décrit les tréfonds d'une âme humaine à merveille ! L'écriture est limpide et fluide. Le livre se dévore ! J'ai adoré !

Mention spéciale à Irène Tardif pour la sublime couverture 🌸
✏ Rosa

​✨ Laisse tomber la nuit est un roman plein de paillettes. Cette jeune fille dont on ne connait pas le prénom est remplie de fougue et d'espoir. Reflet d'une génération militante et engagée, elle vit sa vie comme elle l'entend. Puis c'est le coup de foudre avec Adore. Leur amour va s'épanouir dans les soirées voguing et entouré de shows de Drag Queens, arrosé de culture queer. Quant à Adore est un jeune homme mystérieux mais peu à peu, nous assistons à sa transformation. Véritable Queen, iel devient une star des nuits parisiennes.

🔥 Enfin un livre sur le milieu drag queen (à quand les kings ?!) avec de très bonnes références musicales qui nous donne une forte envie d'aller danser et de se laisser emporter par la douce brise estivale nous aussi. De quoi prolonger les vacances!

Et puis si vous aussi, vous êtes tristes de la fin de Drag Race France, alors ce livre est fait pour vous! (oui je suis une grande fan, si vous n'avez pas vu cette première saison, foncez!)

N'oublions pas de parler d'Agnès Mascarou, c'est son premier roman. Elle travaille dans le monde de la musique (d'où les géniales références!) et elle a découvert le milieu des drag queens au fil de sa carrière, notamment avec le collectif Fugly.

📖 Laisse tomber la nuit d'Agnès Mascarou publiée chez Hors d'Atteinte, 25€.

🖌 Manon

​Если бьёт, значит любит (S'il te bat, c'est qu'il t'aime)
💁‍♀️ Aujourd’hui on vous présente notre livre "coup de poing" de cette rentrée littéraire. C’est moi, Rosa qui écris et c’est important de le savoir pour ce qui va suivre.
Il s’agit de « Trois sœurs » de Laura Poggioli. C’est un premier roman. L’autrice, passionnée par la Russie ayant vécu quelques années à Moscou, s’est inspirée d’un fait réel qui a eu lieu en Russie en 2018 avec une couverture médiatique assez intense et dont l’opinion publique s’est emparée. Il faut dire que l’événement frappe par sa rareté. C’est une histoire de parricide. Trois sœurs adolescentes d’origine arménienne, victimes de violences sexuelles et domestiques de la part de leur père depuis des années décident un jour de le tuer dans son sommeil, à leur domicile.
📚 Laura raconte cette histoire terrible des sœurs Khatchatourian et à travers elle, sa propre expérience de vie à Moscou : ses amitiés incroyablement belles avec des femmes et sa relation toxique avec un amoureux de là-bas, Mitia ! Les deux histoires se font inévitablement écho.
Je suis russe, d’origine arménienne et j’ai vécu en Russie jusqu’à mes 21 ans. Comment vous dire que ce roman m’a tellement parlé ? J’ai peu de mots pour décrire les émotions que j’ai ressenties en le lisant.
C’est bien évidemment le texte sur la violence faites aux femmes et aux enfants dans une société qu’on connaît si peu et si mal. Le pays où les maris sont autorisés par la loi à frapper leurs femmes. Mais c’est aussi une déclaration d’amour au pays où le harcèlement de rue n’existe pas. Je trouve que le roman de Laura est un ouvrage essentiel à lire maintenant, quand l’amalgame entre le peuple russe et son dictateur fou est si facile à faire.
💥C'est aussi un livre qu'une fois ouvert, impossible de lâcher, autant par la fluidité de la narration que par l'histoire qui tient en haleine !
Le livre aborde plein d'autres choses dont on aura l'occasion de parler avec Laura le 13 octobre prochain à la librairie :) (inscriptions sur le site)
💜 Enorme coup de cœur et longue vie à ce livre !
TW ! Inceste, viol, violences
"Trois soeurs" de Laura Poggioli, aux éditions @ed_iconoclaste, 320p., 20€

☀️ L'été où tout a fondu est comme un immense incendie : on perçoit le danger, on entrevoit les possibilités de fuite, puis tout brûle et part en fumée.

💥Tout commence lorsqu'un juge d'une petite province de l'Ohio invite le diable, c'est un enfant noir aux yeux d'un vert envoûtant qui y répond. Alors que l'histoire nous paraît manichéenne et écrite des millions de fois : l'homme mûr, blanc VS l'enfance, noir, le bien VS le mal, l'hétérosexualité VS l'homosexualité, la vraie force de Tiffany Mc Daniel c'est sa poésie. Elle nous embarque dans une ambiance suffocante, suante. Qui est le vrai diable ? Qui sont les monstres de ce roman ?

💣Comme une bombe à retardement, l'autrice nous transporte dans un tourbillon d'émotions jusqu'à l'explosion. Un énorme coup de cœur de la rentrée littéraire !

L'été où tout a fondu, Tiffany Mc Daniel, traduit par François Happe, Gallmeister, 25€60

🖌 Manon

💁‍♀️ Lena Moss, découvre un jour dans l'actualité de son téléphone, le visage de son ancien amant, Aiden, avec qui elle a eu une brève aventure en Irlande, lors d'un séjour de woofing et qui est aujourd'hui recherché par le monde entier pour cause de violences faites aux femmes. Elle essaie alors de remémorer cette histoire et comprendre ce qui l'a poussée à avoir une relation avec lui à l'époque. Il y a aussi un autre homme, Gwyn, le contraire d'Aidan.
📚 Souvent je me demande, comment, nous les femmes, en ayant intégré la peur des hommes, partout, les acceptent encore dans nos chambres à coucher ? Je me dis cela doit être le dernier endroit où on doit les inviter, surtout pas au lit, l'endroit où notre vulnérabilité est nue. Pourtant, on continue à coucher avec eux. C'est paradoxal, controverse, flou. Emmanuelle Richard parle de cette zone grise entre les 2. Elle parle de nos désirs construits, de nos peurs justifiées.
📕 A travers deux portraits de ses 2 amants : l'un brute et violent et l'autre doux et féministe (je caricature à outrance, c'est beaucoup plus teinté que ça), elle nous parle des hommes, de notre peur d'eux mais aussi de la tendresse dont ils peuvent faire preuve :
"Je suis passée d'hétéro à gentilsexeulle, d'où ma sexualité inexistante, les hommes non sexistes, attentifs de ma génération de transition étant si rares".
Elle évoque aussi le désir féminin, sans pudeur, fort et revendiqué. Elle parle de l'égalité dans nos rapports amoureux, qui est tellement sexy.
"Tout était à l'équilibre sans besoin de comptes, les rapports étaient simples... la paix était possible, ce seul possible était exaltant et furieusement sexy".
💜Texte hyper puissant d'Emmanuelle Richard! J'ai adoré ce livre, dont j'ai annoté beaucoup de passages. La langue est belle, la pensée nouvelle et juste. Emmanuelle Richard, c'est incontestablement un grand talent littéraire et "Hommes" un roman indispensable à lire dans cette rentrée littéraire !
✒ Rosa
P.S. Je pressens fortement "Hommes" sur la liste de nombreux prix à venir !
"Hommes" d'Emmanuelle Richard, aux @editionsdelolivier , paru le 19/08/22, 256p., 19€

​💁‍♀️ "Les chairs impatientes" est un premier roman de Marion Roucheux, l'une des fondatrices de @leslouves. J'ai été rapidement absorbée par la narration et la voix de l'héroïne principale : une femme avec une dépression post-partum sévère part se refaire la santé dans un pensionnant au bord d'un lac dans les Alpes. Là-bas, elle fait une rencontre avec un homme qui va être sa porte de sortie de son rôle écrasant d'épouse et de mère. Cet homme est l'objet de tous ses désirs et ses fantasmes, décrits de manière crue, vive, intense, vraie, excitante ! Certains passages peuvent déranger les féministes car frôlent la violence (scènes de soumission) mais rappellent imminemment "On ne nait pas soumise, on le devient" de Manon Garcia et le caractère construit de ces désirs !
📕 Cette histoire de passion va être une première étape salvatrice dans son émancipation de femme qui, à travers le sexe, se libère des carcans de la société qui l'enferme. C'est un magnifique roman sur le désir féminin totalement assumé et surtout vue par une femme. Marie Roucheux dépeint très justement l'état d'un mal-être profond d'une femme d'aujourd'hui (qui a tout pour être heureuse à première vue) et je pense beaucoup d'entre nous peuvent s'y retrouver.
📚 Je constate aussi, grâce à cette lecture, qu'il y a quelque chose de très viscéral qui se fracasse quand une femme devient mère. La maternité bouleverse notre identité, c'est un moment charnière, transformatrice qui éveille et libère le corps et le désir. Je regrette un peu que l'autrice a choisi cette vieille histoire d'un homme qui sauve une femme, à l'image des contes de fées (elle aurait pu être libérée par une autre femme!) mais finalement ça reflète le vécu au delà du genre : une rencontre peut sauver une vie ! Bref, il faut lire ce court roman très puissant, qui nous plonge dans les replis du désir féminin charnel et sans tabou !
💜 Coup de cœur assuré !
Rosa
"Les chairs impatientes" de Marion Roucheux, paru le 18/08/22 aux éditions @editionsbelfond , 192p. 19€

​💁‍♀️ Roman épistolaire entre Oscar, un auteur à succès et Rebecca, une grande actrice de 50 ans. Cela démarre par un tweet d'Oscar où il insulte Rébecca en la traitant de crapaud, vieille, épaisse, débandante. Rebecca riposte en écrivant "Cher connard,...".
✏ S'en suit une correspondance entre les 2 où on apprend qu'ils se connaissaient dans leur enfance, car Corinne, la sœur d'Oscar était la BFF de Rebecca et qu'Oscar était éperdument amoureux d'elle ! Ca part sur les chapeaux de roues, injures et humiliations et petit à petit, les 2 êtres se montrent de + en + vulnérables. Ils sont habitué‧es à la défonce, drogue dure et alcool. Despentes nous décrit brillamment notre époque à travers ses 2 personnages si contemporains. Elle évoque entre autres: dépression, rapport à l'argent et à l'addiction, cyberharcèlement, parentalité, confinement, nouvelle génération, milieu du cinéma, altérité, #metoo et bien sûr le féminisme ! Le personnage d'Oscar, si détestable au début, se dévoile au fil des pages, plus en nuances, plus complexe. Cela me confirme que Despentes sait mieux que personne se glisser dans la peau des mecs toxiques, à la virilité débordante.
📕 Il y a un autre personnage important, Zoé Katana. Ex-attachée de presse d'Oscar et victime du harcèlement de sa part, elle tient un blog féministe où elle dénonce Oscar et la manière dont il a détruit sa vie‧ Elle parle de la minuscalité (jeu de mot) toxique et aussi du mouvement féministe de la France 2022 ! Ses pensées remplies de colère et d'indignement, ont tant résonné en moi et ont croisé les mêmes questionnements qui m'habitent ces derniers temps à propos des fractures au sein du mouvement féministe : "Je vais chercher le coin de la maison du féminisme où l'on désire apprendre à écouter jusqu'à ce que la parole de l'autre renverse et fissure et bouscule les superstitions".
Je me suis dit en lisant ce roman, rempli de punchlines, que Despentes reste l'une des plus remarquables voix de la littérature française !
💜 Sans surprises, gros coup de coeur pour "Cher connard", qui signe le grand retour de DESPENTES !
✒ Rosa
"Cher connard" de Virginie Despentes, aux éditions Grasset, 352p., 22€

​💜 Coup de cœur pour cette formidable BD jeunesse ! "Little Katherine Johnson" raconte l’histoire d’une mathématicienne de génie qui a mis son talent au service de la NASA !
💁‍♀️ Issue d’une famille modeste avec une grande fratrie, elle obtient son bac à 14 ans et sera honorée de plus hautes distinctions civiles américaines des années plus tard !
La bd n’est pas sa simple biographie ! Conçue sous forme de courtes histoires d’une ou de deux pages, on suit Katherine dans son quotidien de petite fille : avec son père et sa mère, son frère Charles et surtout sa poule Lucinda ! On la voit compter les étoiles, les fourmis, les grains de maïs, les nuages, les assiettes essuyées, écouter une leçon de géométrie en guise d’une histoire du soir, causer avec la lune dans ses rêves et surtout :-) passer du temps avec Lucinda ! Lucinda, cette poule qui n'arrive pas à pondre un œuf et couve tout ce qui ressemble de près ou de loin (coucou la lune :-!) à un œuf 😂😂
C’est très très drôle, très malin et très brillant !
Certaines pages contiennent des exercices de calcul à faire, avec des niveaux de difficulté différents et solutions à la fin de la bd.
Lecture de pur plaisir, didactique, passionnante et rigolote, pour petits et grands !
Super cadeau à faire à toustes !
"Little Katherine Johnson" d'Augel aux éditions @laboiteabulleseditions _, 78p. 16€
✏ Rosa

📖 ✊ [ Santé et féminisme ] 

Ce livre sur l'exploration féministe du cancer du sein est à découvrir d'urgence si vous ne l'avez pas encore lu.

Divisé en sept chapitres: de la (non-)annonce et de l'incompétence aux violences de la sphère médicale, en passant par la pression de la féminité racisée (blanche) à tout prix, de l'abandon des patientes à leur sort et sans solutions lors des traitements d'hormonothérapie, le business et le marché du cancer, la quadruple peine des femmes qui doivent tout gérer car très souvent abandonnées par les hommes à cause de la maladie (contrairement aux femmes qui restent) et la révolte face à une politique de pansement plutôt que d'actions et de solutions environnementales, le travail de reconnaissance et d'évolution des choses est loin d'être acquis.

A découvrir aussi le formidable travail de recherche et de données de l'anthropologue @mouniaelkotni, qui nous laisse en plus une très belle bibliographie en fin d'ouvrage, et que nous avons eu la chance et l'honneur de recevoir ce 30 juin 2022. Un échange émouvant et hyper intéressant qui donne envie de continuer le combat de Maëlle Sigonneau dont la voix résonnait avec nous. Maëlle est décédée le 17 août 2019, après trois ans de combat contre un cancer du sein métastatique tardivement diagnostiqué malgré une consultation en urgence huit mois plus tôt...

Maëlle a ouvert une brèche, c'est véritablement une voix à écouter pour prendre conscience de toutes ces violences oncologiques, de tout ce qu'il y a autour et de ce qui en découle. Une voix que vous pouvez retrouver sur le podcast éponyme : Im/patiente grâce à @laurenbastide chez @nouvellesecoutes.

Une cocréation essentielle, remplie de clés et de témoignages très forts, pour un sujet féministe et au combien politique dont il faut s'emparer pour prendre conscience et agir, pour faire avancer les choses, les personnes malades déployant déjà toute leur énergie pour se battre et (sur)vivre.

Passionnant autant qu'effarant, cet ouvrage coécrit à quatre mains de manière inclusive, sur la santé des femmes, mais également sur la façon dont elles/nous sont/sommes (mal)traitées, voire humiliées par: la société, la médecine, le lobbying, la politique, les sphères privée et professionnelle, nous questionne sur le sexisme et les injonctions dont les femmes sont victimes, mais aussi sur le racisme et le patriarcat dominant.

Un business médical florissant et choquant qui ne sert qu'à faire des profits et dont la recherche ne voit que les miettes. Un "pink washing" écœurant avec notamment le lobbying d'"Octobre rose" qui ne sert qu'à mettre en avant de grandes marques conventionnelles et non bio au détriment d'anciennes malades qui ont de vrais projets éthiques et équitables et qui elles donnent directement à la recherche, mais aussi une valorisation exclusive des "warriors" et non des malades car "ce n'est pas glamour".

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​✒ Mélanie

​BD Féministe ✊

😂 Envie de rire tout en ayant une réflexion féministe? Alors cette BD en format poche chez @lenouvelattila est faite pour vous/nous, filles et garçons!

@emilie.gleason dessinatrice belgo-mexicaine et @adelinerapon photographe et artiste féministe nous propose une BD sur un sujet/diktat encore au combien tabou surtout en cette période estivale et caniculaire : les poils et l'épilation.🐈

Dans cette BD dystopique qui se déroule à Paris en 2061, l'épilation est interdite.
Qu'à cela ne tienne, trois esthéticiennes d'un nouveau genre et leurs trois matous tiennent un salon d'un nouveau genre: "Fau'tif Hair":
"Ici le poil on ne l'éradique plus, on le sublime".

Cela donne des situations cocasses et des nouveautés capillaires/poilues innovantes. Les client.e.s ont au choix entre la coupe pubis "Deneuve", une coiffure des mollets effet "torsadé" ou "pyramide"...

Une BD "ébouriffante" qui permet également de se poser des questions sur sa propre relation aux poils: aux nôtres et à ceux des autres.

En fin d'ouvrage, trois chapitres : s'épiler ou ne pas s'épiler telle est la question, songe d'une histoire du poil, le marchands de poils, qui sont des dialogues entre les deux autrices permet d'aller beaucoup plus loin dans la réflexion ! J'ai adoré leurs échanges.🤩

Cette BD à lire cette été 😎 (ou cet hiver 😜) est un vrai support et outil de dédramatisation et d'acceptation de soi.
Après à vous de décider si vous décidez de garder vos poils ou non, car attention ici pas d'injonctions, mais cela permettra peut-être à certaines surtout d'assumer leur pilosité à fond.

​📢 Comment j’ai pu passer à côté de ce texte extraordinaire, je me demande encore ?
A mains nues d’Amandine Dhée m’a complétement retourné et touché au plus profond de mon être de femme.
📕 C’est un court texte où l’autrice partage ses souvenirs et réflexions (oh que brillantes!) sur sa vie de femme : fille, ado, mère, conjointe, amante. Elle se pose et pose beaucoup de questions : la famille, la parentalité, l'éducation, le couple, la sexualité, le désir, le corps, les rapports hommes-femmes, la question du genre.... Je ne mentirai pas en disant que jamais je ne me suis autant identifiée dans un parcours de vie !
Au-delà des questionnements partagés, j’ai trouvé toutes les pensées tellement justes, percutantes et vraies ! Le texte est imminemment féministe, la bande sur la couverture ne ment pas, c’est du King Kong Théorie d’aujourd’hui mais avec une écriture plus belle que celle de Despentes.
Je partage quelques extraits (le choix est dur) qui m’ont particulièrement plus et qui démontrent la force de ce récit :
« J’aimerais que chaque homme cherche le connard ordinaire peut-être tapi au fond de lui et l’en extirpe. Combien sont-ils à se livrer à cet examen intime ? »
« Mon imaginaire s’étire encore, allégé d’un cliché »
« Non, vraiment, ce n’est pas le moment de refuser de lécher les femmes, mais plutôt d’y voir, en plus du plaisir, un acte politique d’une grande noblesse »
« Rien de plus doux que les familles élastiques, celles que l’on s’invente. Je sais qu’elles peuvent sauver, accueillir sans étouffer »
« Jouir est une si belle façon de désobéir »
« J’accepte qu’éventuellement une part de ma libido se sublime dans l’écriture »
« Une amitié amoureuse, c’est la forme de couple la plus lucide »
Etc, etc, etc.
💜 A lire de toute urgence ! Et je n’exagère pas !
« A mains nues » de Amandine Ghée, aux éditions @editionspoints 5,70€, 117p.

Simone de Beauvoir, c'est bien plus que son fameux essai "Le deuxième sexe", paru en 1949. C'est aussi, et surtout, des romans, des nouvelles, et ses mémoires ! 📖 Voici donc une petite présentation des livres de Beauvoir que j'ai le plus apprécié, ce qui permet de mieux connaitre cette auteure.

Dans "La force de l'âge", publié en 1960, Beauvoir retrace son parcours depuis la fin de ses études et son agrégation. Elle relate, entre la fin des années 1920 et le début de la Seconde guerre mondiale, ses voyages avec Sartre et les rencontres faites au sein du milieu intellectuel et artistique. Elle y raconte également son quotidien avec Sartre, et notamment leur triangle amoureux avec une étudiante, Olga Kosakiewicz...
 

Belle surprise que "Itinéraire d'une garce" cette bande dessinée de @iamcelinetran et @grazialapadula qui vient de paraître chez @glenatbd.

Découpée en sept chapitres, additionnée de textes et d'illustrations pleine page, elle montre l'évolution de son héroïne: Se réveiller, Crier, Lâcher, Sentir, Oser, Jouir, Aimer. Cette BD qui semblait de prime abord classique, avec un couple de cinquantenaire dont la femme se sent délaissée et dépassée, est une vraie bonne surprise.👍

Céline Tran, aujourd'hui accompagnante, se sert de son expérience des personnes et couples qu'elle reçoit pour nous proposer une histoire originale sur la sexualité, la jouissance, le désir, le plaisir. Une histoire réhaussée des illustrations de Grazia La Padula, sur fond de remise en question, d'introspection mais aussi de libération, le tout raconté avec une certaine poésie.
Car même s'il est question de sexualité, il y a une délicatesse incontestable qui émane à travers ces pages.

Extraits:
Féminité: "Sous la chaleur de ses mains, son regard attentif et pour la première fois depuis longtemps, je me suis sentie belle. Ma peau, mes muscles... tout mon corps m'a parlé."
"Est-ce mon sexe qui fait de moi une femme? Qu'est-ce qui définit ma féminité?"
Rituel: "Peut-on considérer le corps comme un temple?"
Vibrations :" Avec moi tu es un homme dé-tendu.
Ton sexe, vers moi, ne se tend plus. Avec elle, quel homme es-tu? Et moi... quelle maîtresse puis-je être? Est-il trop tard?"
Extase: "Faire l'amour est une bénédiction ! "

Et comme le notifie si bien la dernière phrase de l'album: "quelle femme je veux être?", car c'est bien de cela qu'il s'agit avant tout.

Sans trop en dévoiler, voici une BD à la fin insoupçonnée et surprenante. Une histoire de couple et d'amour qui semblait perdu, mais surtout une belle histoire de femme et de féminité à lire et à partager. Bravo 👏

Et vous quelle femme voulez-vous être?😉

✒ Mélanie

📢 Coup de cœur Jeunesse !
💁‍♀️ Voici Dolores Wilson et ses 5 aventures ! Dolores Wilson est une super-héroïne, aux multiples talents et compétences. Grâce à son chef Eddy de l’agence d’intérim OBOULO, chaque jour elle fait un nouveau métier et elle sait tout faire : trouver un professeur perdu, livrer un colis mystérieux, espionner dans une grande entreprise. Son chien fidèle Doug, peureux, gourmand et flemmard, ainsi que son escargot géant Oscar (qui lui sert de moyen de locomotion 😊) l’escortent dans ses aventures !
👸 Dolores a un super pouvoir ! Elle avale un piment cru enrobé de la crème chantilly et aussitôt se transforme en magnifique guerrière !
🎨 Cet album est très joliment illustré, avec la forte dominance de rouge, jaune et bleu, cela donne des pages pop, vives, pleines de peps et un brin vintage !
😊 Les histoires sont drôles d’absurdité, loufoques et un peu dingues, j’ai beaucoup aimé ce côté décalé de tout album.
💥 Dolores Wilson est une héroïne comme on en voudrait plein : intrépide, brillante et plein de surprises !
Un chouette album pour tous les enfants à partir de 7 ans ! Testé et approuvé par ma fille Sacha, 9 ans 👍
« Dolores Wilson » aux éditions Fourmis Rouges, 120p, 15.90€

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Rosa

Qu’est-ce qui peut être plus satisfaisant pour un.e libraire que tomber sur un magnifique texte d’une autrice peu connue ?! Moi, cela me comble et je m’apprête à partager avec vous cette récente découverte.

📚 Toya de Marcelle Auclair est un livre qui m’a beaucoup touchée. Peu se souviennent de son autrice. Marcelle Auclair est née en 1889 et était une brillante conférencière, journaliste (co-fondatrice du magazine Marie-Claire) et féministe engagée en faveur de l’IVG. Née en France, elle a grandi au Chili. C’est là-bas qu’elle écrit son premier roman « La Novela del amor doliente », traduit par elle-même en français sous le titre de « Toya ».
💁‍♀️ La narratrice découvre dans une vente aux enchères un journal de Victoria (Toya est son diminutif). Elle plonge dedans et découvre l’histoire de cette femme. Toya était une « vieille fille », célibataire et pieuse, disgraciée par la nature. Dévastée par l’amour impossible pour son beau-frère, sa vie va être une lente descente aux enfers, entre dépression et solitude, folie et chasteté.

💕 Cette femme m’a vraiment bouleversée. Toya n’embrase pas le rôle d’une femme tel qu’assigné par la société. Elle reste célibataire, vierge, sans enfants toute sa vie. Cette situation est souvent subie, parfois voulue. Elle refuse la main d’un riche français, refusant ainsi le carcan d’une épouse et restant fidèle à son amour non partagé.
Finalement, c’est une femme ordinaire, avec ses côtés sombres. Toya est une sorcière.

💜 J’ai adoré l’écriture très romanesque de Marcelle Auclair. Elle pose un regard fin, juste, solaire et indulgent sur Toya et fait qu’on s’y identifie facilement à elle (même dans l’indicible). C’est du « je », du « soi », c’est intime qui devient politique. C’est tout ce que j’aime. Un roman d’une force et d’une finesse magistrales !

✒ Rosa

Toya de Marcelle Auclair aux éditions @leslapidaires , 200p, 20€

❤️ Coup de cœur ❤️ pour ce nouvel album jeunesse illustré par notre super graphiste Carol Arnaud alias @kif_kif_lyon , et ses deux acolytes @mailyscartlamy et #jessicarolland.🐟

Le traitement graphique et les aplats de couleurs utilisées: du bleu au noir, les multiples couleurs des animaux des fonds marins, sont parlantes et l'on comprend bien l'enjeu et le danger encouru par notre belle planète Terre 🌍

Ce bel album tout en finesse et sensibilité va vous permettre de découvrir le fond des océans et les animaux marins grâce à "petit poisson" 🐟
Mais surtout, vous découvrirez à travers les yeux de petit poisson 🐟 (comme un enfant), les ravages de la société humaine, la fragilité de la nature détruite par l'Homme. 🌳

👉 Loin d'être moralisatrice, cette fable écologique nous interpelle et nous questionne sur la planète que nous laissons et que nous voulons laisser aux générations suivantes, que l'on ait des enfants ou pas. ✊

🌼🌱 "Respectons le vivant et la beauté des océans!" 🐚🐳

Car c'est bien du vivant dont il est question.
La destruction causée par les humains est parfois irréversible.😭

✊ Il n'est jamais trop tôt pour être sensibilisé aux questions d'écologie et de sauvegarde du vivant et de la nature. 🌱

"Petit poisson" 🐟 chez @kenneseditions nous apprend cela tout en subtilité et émotions.
En espérant qu'un jour les Humains arrivent enfin à vivre en totale symbiose avec la nature comme ils savaient jadis le faire dans des temps anciens.

💃🕺C'est en bougeant, en dansant, en cocréant et en imaginant ce futur possible et surtout en se mettant à l'action, en initiant cette spirale vivante et énergétique, même si on est petit comme l'histoire du colibri, que le changement sera enfin possible.🎆

🐟 "Petit poisson" est véritablement un album inspirant, avec un glossaire à la fin qui reprend et explique les différents animaux marins évoqués. 🐟

🔥 Un album de cocréation sorore à découvrir absolument. 👍

✒️ Mélanie

Alerte coup de cœur BD !
😊 10 ans après tout le monde, je découvre la géniale dessinatrice et bédéiste française Anne Simon !
👌 Sa dernière BD « L’institut des Benjamines » est un bijou absolu !
📕🌼 C’est la suite de sa série de BD « Les contes du Marylène ». Je précise que je n’ai pas lu les tomes précédents et cela ne m’a aucunement empêchée d’être absorbée par l’histoire et m’être régalée !
💁‍♀️ Le pays Marylène est toujours sous la dictature de Boris, l’enfant patate. Avec son armée de frites, il a plongé sa population dans l’alcoolisme. Heureusement, il y a Simone Michel (notons la référence à Simone de Beauvoir grâce au foulard dans les cheveux). L’ex bras-droit d’Aglaé, la mère de Boris, elle le déteste et organise une résistance avec l’aide de sa fidèle assistante Rita. Elles montent l’Institut des Benjamines où les petites filles kidnappées apprennent à nourrir la colère et à préparer de renverser le tyran.
Les personnages sont excentriques à souhait. Ils sont chevaux, oiseaux, crocodiles et légumes 😊 ! Bienvenue dans l’univers fantasmagorique de Anne Simon !
💥 Au-delà de l’histoire prenante et hyper bien ficelée, « L’institut des Benjamines » dénonce les rapports de domination, la hiérarchisation de notre société et la corruption ! Car oui, le pouvoir fait tourner la tête et même les féministes les plus aguerries n’y échappent pas forcément !
J’ai vraiment adoré cette BD et j’ai hâte de lire cette délicieuse saga à l’envers 😊
💜 Une fable pleine de fantaisie à dévorer sans attendre ! Rosa
« L’institut des Benjamines » de Anne Simon aux éditions Misma , 128p, 18€

En tant que féministe hetera de plus en plus aguerrie et convaincue, la question avec qui j’ai envie de relationner en amour se pose inévitablement. Je ne pense pas être la seule et nombre d’entre nous se demandent si la suite évidente de ce continuum intime est de devenir lesbienne. Cette éventualité germe forcément, d’autant plus que le programme de sortir de l’hétérosexualité est aujourd’hui posé, réfléchi, défendu (cf. l’excellent l’ouvrage de Juliet Drouar entre autres). Chloé Delaume a bien dit : « L’hétérosexualité est une malédiction pour une féministe ». Et je suis d’accord.
Dans "Comment devenir lesbienne en 10 étapes ?", Louise Morel s’adresse aux heteras comme moi. A celles qui ne se sont jamais posées la question, celles qui doutent, celles qui ont peur de franchir le pas, celles qui osent mais font face à tout un tas de difficultés.
En partant de sa propre expérience d’une femme qui est devenue lesbienne vers sa trentaine, l’autrice explique en 10 chapitres tout ce que ce parcours représente : du moment où on prend conscience qu’on est devenue hetera « par défaut » parce que jamais on ne nous a servi un autre modèle de relation amoureuse et sexuelle, du comment concrètement on trouve un.e partenaire au moment où on s’approprie les codes d’une identité saphique et on profite de la nouvelle vie épanouie.
Afin de faire taire le discours homophobe, l'autrice dit dès le début que nos vécus sont multiples et que oui on naît lesbienne et on peut la devenir et qu’entre les 2, c’est une multitude d’expériences à vivre. Comme à dit Despentes "Un jour on peut commencer à entrevoir cette possibilité ».

Au delà d’un outil très bien amené, le livre de Louise Morel est un véritable manifeste politique de l’identité lesbienne, dans la même lignée du Génie lesbien d’Alice Coffin.
Il est surtout hyper bienveillant, décomplexant à souhait, inclusif (les bies, pans et trans ont toute leur place) et tellement joyeux !
Personnellement, ce livre a répondu a pas mal de mes questions, m’a appris plein de choses sur la réalité des personnes lesbiennes et surtout m’a rassuré sur le fait que oui, notre sexualité est mouvante et qu’on a le droit de la changer courant une vie ! Quel avenir réjouissant (et quel soulagement 😊!)
« Comment devenir lesbienne en 10 étapes ? » de Louise Morel aux excellentes éditions @hors_d_atteinte 225p, 16€

💜💁‍♀️ C’est un grand coup de cœur que je vous présente aujourd’hui !
L’Odysséa de Marilù Oliva, autrice, professeure de lettres et militante féministe italienne !

🌺 Pour moi, ce livre sera pour toujours associé à la lecture de vacances, savouré dans un coin ombragé d’un jardin magnifique à la végétation luxuriante quelque part dans l’Algarve.

🙌 L’Odysséa est l’épopée d’Ulysse vue et racontée par les femmes qui l’ont aimé tout au long de son voyage. On plonge dans la mythologie grecque à travers 9 chapitres et 7 femmes ! Calypso, la nymphe amoureuse qui a pris au piège Ulysse pendant 7 ans, Athéna, son ange gardien, Nausicaa, princesse phénicienne et sa sauveuse, Circé, La magicienne, Les Sirènes, sa fidèle nourrice Euryclée et bien sûr Pénélope. Pour la première fois, ce sont tous ces personnages féminins qui parlent, c’est L’odyssée de Homère avec du female gaze à fond !
💜 Personnellement, cette lecture était une grande révision de la mythologie grecque dont j’étais une lectrice passionnée à l’adolescence, revisitée à la sauce féministe.
👍 Que vous soyez fada de la mythologie ou pas, L’Odysséa se dévore comme un livre d’aventures. Lecture légère, idéale quand on veut changer de registre, des idées et s’évader loin sans bouger de son canapé.

✨ Je profite pour annoncer que le mois de mai est placé sous le signe de la mythologie à la librairie ! De par notre nouvelle sublime exposition « Les nymphes oubliées » de Florina à notre nouvelle vitrine dédiées aux femmes dans la mythologie !

L’Odysséa de Marilù Oliva aux éditions Michel Lafon, 238p, 17,95€

Pour les amoureux.ses de mythologie et de contes ou pour les néophytes, découvrez cette fantastique BD de Blanche Sabbah alias @lanuitremueparis qui a été diffusé chez le super @matin_queljournal et éditée par @dargaud .

Après les BD "Marinette" et "Nos Mutineries" (excellente BD féministe) , Blanche Sabbah revient brillamment en solo dans "Mythes et Meufs", où elle revisite 21 portraits d'héroïnes de la mythologie et de contes de fées à travers le prisme du féminisme et de la pop culture.

Beaucoup d'histoires ont été (ré)écrites par des hommes et surtout sous un angle patriarcal, ces héroïnes ont longtemps été stéréotypées ce qui a permis de maintenir les femmes dans des rôles de subordonnées figées et caricaturales. Une image de gentille petite fille qui a empêché bien des vocations et des destins, on est bien loin de l'empowerment...

Aujourd'hui les femmes se réapproprient peu à peu leurs modèles, leurs icônes, leurs mythologies, ce qui n'est pas une mince affaire car entre les invisibilisations et les (ré)écritures par des hommes qui tiennent lieu de vérité 😱, les femmes ont un gros travail de remise en lumière et de recherches à faire. Un combat long et déjà commencé grâce à une sororité grandissante et des autrices et artistes de talent 👍

Blanche Sabbah nous fait redécouvrir ces histoires souvent édulcorées et reprises par la pop culture qui nous ont souvent construites depuis l'enfance.
Des violences faites aux femmes "acceptées " dans des histoires non remises en question depuis des millénaires et inscrites dans des mythes et des contes qui ont perduré jusqu'à nos jours. Des histoires également réécrites par Disney par exemple comme Pocahontas ou la Petite sirène pour être plus acceptable que la réalité ou la version d'origine.

Après chaque histoire racontée et dessinée, l'autrice termine par une explication et une œuvre miroir.

Cette BD est géniale, passionnante et drôle ! Elle est absolument à découvrir.
En bonus la liste des références livres, podcasts et films en fin d'ouvrage pour approfondir. 👍

J'aurai aimé aussi une liste des ouvrages utilisés pour les recherches sur les contes et la correction des coquilles p75😉

✒️Mélanie

👉 @ovidieraziel et @diglee_glittering_bitch sont de retour avec ce super documentaire illustré à destination des ados. Inclusif, féministe et très bien expliqué, il est sur le thème des injonctions... mais surtout il les dégomment.🎉😁

📍 Après une explication sur ce qu'est une injonction, ce guide est divisé en chapitre de quatre pages chacun.

📖 Au sommaire, toutes les thématiques liées sont évoquées : comparaison avec les autres filles, corps, épilation, tenue, apparence, gynécologie, couple, sexualité, harcèlement...

❗️ Un livre complet à partir de 12 ans mais attention car certains chapitres sur la sexualité sont plutôt conseillés pour les plus de 15 ans.

Un documentaire coup de cœur que nous vous conseillons vivement aux éditions @lavillebrule !

✒️ Mélanie

J’ai enfin lu mon premier livre de Gabriela Cabezon Camara ! C’est une autrice, journaliste et militante féministe argentine.
Je vous présente « Les aventures de China iron », son deuxième roman.
💁‍♀️ C’est une épopée fantasque, queer et féministe !
Ici, l’autrice revisite le mythe fondateur argentin du gaucho et propose une relecture totalement féministe – de Martin Fierro (1872), poème épique de José Hernandez (1834-1886).
Nous sommes dans l’Argentine du XIXe siècle. A 14 ans, China Iron est déjà mariée et mère de deux enfants. Elle est orpheline indienne, élevée par un couple noir. Un jour elle se trouve soudain libérée de ses chaînes lorsque son mari, Fierro, un gaucho également chanteur, est appelé contre son gré par l’armée argentine, avec tous les autres hommes du village. China profite de l’occasion et décide de partir, seule sans ses enfants. La chance est avec elle. Liz, une Britannique riche et charismatique, décide d’aller récupérer son propre époux au sud du pays, à bord de sa charrette.
💥 J'ai adoré les aventures réjouissantes de ces deux femmes à travers l'Argentine.
Grâce à Liz, China Iron va vivre un véritable voyage initiatique. Liz lui apprend à lire, à écrire, lui donne le goût du voyage, lui explique le monde. C’est dans les bras de Liz que China Iron connaitra l’amour, le sexe et l’émancipation en tant que femme.
🙌 Toute l’odyssée est racontée sur le fond des paysages de la magnifique pampa déserte de l’Argentine et avec l’écriture envoutante et poétique de Gabriela Cabezón Camara !
💜 Un roman à lire absolument !
« Les aventures de China Iron » de Gabriela Cabezon Camara aux @editions1018
7.60€ 216p - Rosa

Art et femmes d'exception

😁 Après "Sorcière", "Chat" et "Diable", l'historienne de l'art, conférencière et autrice @alixxpare revient de nouveau dans la collection "ça c'est de l'art" aux @editions.duchene avec son nouveau titre "Héroïne".

🤩 Cet ouvrage nous propose une traversée de l'histoire et de l'histoire de l'art à travers 37 héroïnes réelles ou fictives de l'Antiquité à nos jours.
Elle emploie le format double page que j'ai beaucoup apprécié notamment pour :
👉 les "repères géographiques" qui resituent chaque héroïne sur une carte du monde
👉 la "chronologie héroïque" qui les replace sur une frise du temps en précisant si elles ont véritablement existées ou si elles sont nées de l'imagination humaine.

📍 Ensuite, pour chacune, on retrouve une pleine page avec une œuvre : peinture, photo, dessin, œuvre mixte... et en face une explication et des pistes pour approfondir.
Un ouvrage classé en deux parties: "incontournables" et "inattendus", où l'on se plaît à se plonger autant dans l'œuvre en elle-même que dans l'histoire de chacune.

👍 Car il ne faut pas oublier que les représentations des femmes et surtout des femmes fortes et qui réussissent sont essentielles à notre construction féminine, mais aussi à celle des plus jeunes générations. Ces représentations peuvent être très diverses: littérature, médias, cinéma, musique, sport, art, histoire, mythologie...
Des figures féminines pour tou.te.s nous inspirer, mais aussi pour nous élever nous-même et prendre confiance afin de réussir, de nous dépasser nous-aussi et peut-être faire exploser une bonne fois pour toute ce plafond de verre. Mais également pour nous alerter sur les risques et les ombres que l'on pourrait croiser...

📖 Un plaisir de lecture à lire d'une traite ou à piocher, pour découvrir l'histoire de ces femmes, approfondir nos connaissances sur elles, les revisibiliser et surtout construire notre propre Herstoire. 💙

✒ Mélanie

💜 Alerte Coup de cœur !

J’avoue que je ne m’attendais à rien de spécial en ouvrant ce roman, n’ayant jamais lu de la littérature sud-coréenne et n’étant pas particulièrement attirée par cette culture.

Mais alors, quelle surprise agréable ! Je n’ai pas pu lâcher « A propos de ma fille » et je l’ai dévoré en 2 jours.

💁‍♀️ Je vous recommande vraiment de vous plonger dans la Corée du Sud de nos jours à travers les 3 personnages de ce roman. Une mère tiraillée entre l’amour inconditionnel pour sa fille unique et le poids des traditions et le conservatisme de la société. Une fille, brillante trentenaire chargée des cours à la fac et lesbienne qui milite contre l’homophobie ambiante à son travail et contre les injustices à coup de happenings sur le campus. Enfin, l’amoureuse de cette dernière, qui emménage avec elle chez la mère qui l’accueille de manière hostile.

✒ Ce roman raconte beaucoup de choses. C’est tout d’abord un voyage au cœur de l’âme humaine, avec ses paradoxes et complexités. La mère qu’on peut blâmer dans un premier temps pour sa frigidité d’esprit vis-à-vis de sa fille (elle désespère la voir mener une vie « normale » : mari, enfants, CDI), se révèle très attachante au fil des pages et on assiste graduellement à sa prise de conscience. Finalement sa fille n’est pas si différente qu’elle et elles ont toutes les 2 un fort goût pour la justice.

✏ « A propos de ma fille » dénonce l’homophobie de la société coréenne où l’homosexualité reste encore très tabou aujourd’hui. Le livre aborde également le sujet du traitement de « nos vieux » dans les Ehpad (on pense forcément à la dernière enquête révélée par Victor Castanet dans « Les Fossoyeurs »). L’autrice nous raconte également le quotidien d’une aide-soignante, dont le corps est en souffrance permanente à cause de son travail physique, des trajets quotidiens, de l’angoisse à parvenir à ses besoins. C’est vraiment un livre juste et puissant !

👍 J’ai beaucoup aimé la lecture très fluide au point qu’on imagine très bien l’adaptation au grand écran !

Je finis par dire que « A propos de ma fille » a reçu le prestigieux Shin Dong-yup Prize et a été déjà traduit dans une quinzaine de langues.

Ce roman est absolument magnifique en tout point !

« A propos de ma fille » de Kim Hye-Jin aux éditions Gallimard, 174p. 18€

​Enorme coup de cœur de toute ma famille (Rosa) pour cette formidable BD !
🌺 Yeowoo, petite renarde très futée, abandonnée par ses parents (fraichement séparés), part vivre chez son grand-père et sa tante en pleine campagne, dans le village des Renards. Elle est malheureuse dans cette nouvelle vie subie, en colère, ses parents lui manquent énormément.
💐 C'est là, qu'elle va se prendre d'une amitié pour Paulette, une poule (une poule au village des renards ??!!) à grand cœur qui va la prendre sous son aile et l'aider sur le chemin de la liberté et de la quête de soi.
🌷 Chaque chapitre porte le nom d'une fleur magnifique car Paulette adore les plantes et que chacun.e de nous a une fleur à l'intérieur qu'il faudrait chérir et faire éclore ;-)
🌻 Histoire remplie de tendresse et de douceur, avec les dessins sublimes de Yunbo (la dessinatrice que j'ai découverte à l'occasion 👌💜) !
Je recommande cette BD aux grand.es et aux petit.es, à lire ensemble et à relire à volonté !
Une BD qui caresse l'esprit comme les pétales d'une pâquerette sur la joue 🌼🌼
"Seizième printemps" de Yunbo aux éditions @delcourt_soleil_bd

Avec cette première BD de @marguerite_b, on retombe instantanément dans nos années lycée. Le décors, les expressions, le gang des "fraicheurs", tout y est ! 

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🎒 Le personnage principal, Pia, 16 ans, fait sa rentrée dans un nouveau lycée et explore pour nous ce monde adolescent.

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 👄 Une BD sur les doutes, l'envie de plaire à tout le monde, les premières fois et la pression que subissent les femmes, dès leur plus jeune âge. C'est aussi une entrée en matière de sexualité maladroite, brutale et pleine de désillusion.

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💪 De manière habile et détournée Marguerite Boutrolle fait le constat d'un monde où les femmes seraient prude ou salope, où les rumeurs sont reines et où les hommes prennent toute la place.

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Au delà d'un trait franc et impactant, ce sont les textes incisifs et engagés de @marguerite_b qui nous marquent :

"Ils occupent l'espace : je ne sais plus où me mettre. Ils surjouent la détente : ils me laissent le stress."

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🧘 C'est aussi une BD qui fait du bien, facile à lire avec un beau message sur l'affirmation de soi d'actualité peu importe l'âge.

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UNE PEPITE ! 💜

🤩 @pola_von_grut, géniale artiste et astrologue, nous invite dans son magnifique ouvrage qu'elle a richement illustré chez @laroussepratique, à partir à la découverte de l'astrologie, mais aussi de soi.

C'est une initiation très pédagogique que cette traductrice des étoiles nous propose. 🌙

👉 Après une présentation de l'astrologie, de la psychologie, des symboles, partez à la découverte de votre thème astral, véritable "théâtre intérieur".

🎭 Vous rencontrerez d'abord les acteurs principaux que sont les planètes et les luminaires (Soleil & Lune), puis les costumes qui habillent les signes du zodiaque et leur modalité, et enfin, les maisons qui représentent les décors de ce théâtre personnel.

Vous approfondirez ensuite avec les interactions: aspects et figures.

☀️🌙 La relation Soleil-Lune et leur cycle vous aidera à manifester vos intentions en méditant et en ritualisant selon la lune du moment. 🧘‍♀️

Pour finir, apprenez à lire votre thème astral, avec en exemple une analyse d'un thème qui est expliqué et un récapitulatif des mots-clés en fin d'ouvrage.

📘 Un décryptage du langage des astres accessible et clair avec des exercices pratiques à remplir en fin de chaque partie afin de pratiquer pour développer vos potentiels et éclairer votre chemin de vie.

🤿 C'est une vrai plongée dans votre psyché qui vous est proposée grâce aux nombreuses questions posées à la fin de chaque chapitre.

p.9: "Il n'y a personne qui soit né sous une mauvaise étoile, il n'y a que des gens qui ne savent pas lire le ciel". Dalaï Lama

💙 Gros coup de cœur pour ce livre aussi beau que passionnant que je vous invite vivement à découvrir. Pour les débutant.e.s et celles et ceux qui souhaite reprendre les bases.💙💙💙

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✒️ Mélanie

Le premier roman de Louise Browaeys est difficile à résumer sans trop en dévoiler.

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Divisé en trois parties et un épilogue, l'histoire se déroule entre fin 2016 et l'été 2017 de Paris à Saint-Brieuc, et l'épilogue en juin 2030. On suit une jeune femme amnésique qui sort de l'hôpital et qui ne se souvient plus ni de son nom, ni de son passé. Elle essaye de recouvrer la mémoire mais sa vie lui semble lointaine et brumeuse. C'est également le sentiment que l'on a à la lecture de cette première partie.

Elle est aidée par K. ou Camille, un jeune homme avec son jeune fils qui vient prendre soin d'elle dans les gestes du quotidien et qui essaye de l'aider dans sa remémoration. Ce sentiment d'impuissance génère de la colère, de la dépression... Pour sortir de cet état végétatif, elle va redécouvrir les plaisirs charnels avec différentes personnes, une volonté de se sentir vivante!

Pour s'aider, elle fait des listes de mots dans un carnet, nouveau gardien de sa mémoire toujours absente.

Une fugue de Paris à Saint-Brieuc dans la deuxième partie l'entraîne sur les traces d'un passé toujours flou qui semble se dessiner.

Puis pendant le retour à Paris dans la troisième partie, des révélations seront faites, des vides seront comblés mais parfois la vérité peut-être crue et violente.

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Ce roman humain et viscéral sur fond d'écologie, d'écoféminisme, de sexe, de secte, de culpabilité, de post-partum, de maladie mentale... dénonce l'inaction du capitalisme et du patriarcat pour sauver et protéger la planète, mais aussi l'éco-anxiété que cela suscite, ainsi que des solutions proposées par des sociologues, des philosophes, des citoyens. Car oui des solutions existent!

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Une histoire à vraiment lire jusqu'au bout pour la comprendre, mais aussi pour en comprendre toute la portée. 

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✒️ Mélanie

Le mouvement #Metoo a été le début de la libération de la parole des femmes mais aussi de leur reliance.
Un élan soror retrouvé qui a permis de questionner les rapports de domination du patriarcat (mais pourquoi !!!), mais aussi de se demander qu'est-ce qu'être une femme aujourd'hui, quels sont ses droits, ses libertés, sa charge mentale, où en est-on de l'égalité?

🤩 Chloé Delaume a invité pour parler "Sororité":
@juliettearmanet
@laurenbastide
@irisbrey
@estellesarah2018
@rebeccachaillon ,
Jeanne Cherhal
Alice Coffin
@camille.froidevauxmetterie
@kiyemis
@lafonlolafiction
Fatima Ouassak
@ovidieraziel
Lydie Salvayre
@maboulasoumahoro

✒ Chacune se raconte par son parcours personnel ou par la fiction, grâce à des récits, poèmes, chansons....
Chaque vision de la sororité est différente et révélatrice de diversités. Un bonheur de lecture et de découverte de plumes et d'histoires.
Le pouvoir féminin est grandissant. Il montre que la révolution féministe est déjà en marche, car c'est bien d'un combat dont on parle. Il ne reste plus qu'à se relier encore plus pour se faire entendre.

👌 Un livre de poche indispensable et passionnant aux @editionspoints , que l'on vous conseille très souvent, car idéal pour découvrir le féminisme et la sororité.
✊ C'est grâce à toutes et à tous, ensemble, grâce à la force du collectif, que l'égalité des droits des femmes et des minorités pourra enfin être atteinte. Et oui, il reste du boulot !

✒ Mélanie

Ce recueil écrit entre 2007 et 2009, "dans la joie militante de la vingtaine" à l'époque où Wendy Delorme faisait partie du mouvement "sex-positif", bénéficie d'une nouvelle édition revue et préfacée par l'autrice.

En quinze ans, beaucoup de choses ont changé. Il y a eu l'évolution des mouvements politiques, le passage de la loi sur le mariage gay, le spectre de "La Manif' pour tous", la révolution "#Metoo"...

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L'autrice a ainsi retravaillé ses textes pour mieux les assumer car en quinze ans, on change, on évolue, on n'est plus tout à fait la même personne.

P.16: "J'écris ici en tant que femme cisgenre blanche ayant grandi dans la classe moyenne, fait des études supérieures en sciences humaines et sociales, devenue enseignante-chercheuse à l'université. J'écris aussi en tant que gouine sex-radicale, en tant que femme-assignée-femme, en tant que militante de la PMA, en tant que féministe, en tant qu'alliée des travailleur.se.s du sexe."

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Divisé en cinq parties: sexe est politique, Je-ux, Amours, La haine, Les mots et le monde, ces 24 récits d'autofictions sont bruts et sans concessions, les textes sont forts et sans filtres, il y a des pratiques et des relations qui peuvent être dérangeantes ou déstabilisantes, les mots sont crus et râpent. L'écriture belle et incisive nous rappelle l'urgence de vivre pleinement et de se battre pour l'égalité des droits de tou.te.s, mais aussi une liberté à vivre, à aimer et à jouir et ce quel que soit son genre, son orientation sexuelle, ses envies et ses rêves...

Des nouvelles et des réflexions toujours furieusement d'actualité.

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"Une exploration féministe charnelle et incarnée des corps et des désirs" pour ce "jalon littéraire des écrits de vies queers".

"Mais la fiction aussi a une responsabilité politique" car la littérature est politique!

Un questionnement sur la liberté, le plaisir, la recherche du bonheur et le vivre ensemble.

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Attention: contient des scènes de violence, de sexe, de pratiques trash, d'inceste.

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✒️ Mélanie

📢 Oh Mon Dieu, voici mon dernier coup de cœur romanesque, le livre que j’ai lu en apnée !

« Au temps sublime » de Louise-Amanda D.. Le titre est à l’image du texte, sublime, insoutenable de beauté, je n’ai pas d’autres mots. Si vous êtes sensibles à la belle prose, vous serez plus que servi.es ! Avis à toutes les personnes qui adulent l’écriture poétique, ici on assiste à son apothéose ! Le vocabulaire est riche, sensuel et foisonnant.

📕 Le livre est divisé en 2 parties. D’abord, une femme qui essaie de noyer son chagrin d’amour en allant sur les lieux de souvenirs d’une histoire perdue. Une femme qui cherche à se reconstruire, dans sa ville natale, auprès de son amie. Elle arpente les rues et en fait des tableaux fabuleux sous forme de poèmes magnifiques au gré des saisons et de la nature souveraine qui l’entoure.

💧 La seconde partie est entièrement dédiée à son journal des orgasmes. Plus de 100 pages qui subliment la masturbation et la jouissance féminine ! C’est raconté dans les moindres détails sous forme de vers : des draps qui accueillent de la cyprine au corps qui se courbe dans une chute vertigineuse. C’est sensuel, puissant, jouissif, splendide, magistral, animal ! Plaisir charnel et cérébral garanti !

💜 « J’ai cinq orgasmes. J’ai chaque fois en tête l’image d’une fontaine avant d’éjaculer. Je m’arrête lorsque des frissons désagréables se propagent dans mon dos, recouvrant mes épaules d’un châle d’inconfort ».

Premier roman sublime inspirée de la plume de Violette Leduc !

« Au temps sublime » de Louise-Amanda D. aux éditions La Peuplade.  

👉 Contes pour adultes - Mélanie

❤️ Coup de coeur pour "Re:Contes". ❤️

👉 Un ouvrage autoédité par @melie_nasr que nous avons eu la grande chance de recevoir le 4 mars 2022, pour mon tout premier événement 😅 à la librairie, (merci Mélie pour ta confiance 🤗).

Livre que nous proposons à la vente en exclusivité pour Lyon à la librairie.

Ce fût un échange passionnant où l'on a su être sérieuse mais où l'on a aussi beaucoup rit. Merci encore aux personnes présentes, aux soutiens 😉 et aux supers échanges 👏👍

📖 " Re:Contes" est une réponse aux contes de notre enfances qui ont été assez édulcorés, surtout après que Disney s'en soit emparé.

Mélie Nasr n'a jamais apprécié les contes notamment à cause du côté passif des princesses👸 (ah bon seuls les garçons ont le droit d'être "actifs"?🤴), mais aussi par le peu d'inclusivité qu'ils proposent, même si c'est timidement en train d'évoluer.

Loin d'être juste des contes proposant une simple inversion des personnages," Re:Contes" est véritablement un recueil moderne, féministe et inclusif, où l'on se laisse surprendre, émouvoir ou effrayer, voire dégoûter par certains passages ou contes, mais n'est-ce pas ce qui se passe dans la vie?

👆 Le tour de force majeur de l'autrice est l'écriture de chaque conte dans un style littéraire différent ce qui leur une atmosphère propre. 👏

Je sais que certaines personnes ont pu être désarçonnées en le lisant. On peut aussi aimer certains contes et moins d'autres. On s'amuse aussi à essayer de retrouver de quel conte l'histoire s'inspire. 🤔

💙 Mes préférences personnelles: "Quand j'étais prince" et "Jadis, l'amour".

Une expérience littéraire originale, que je vous invite vivement à découvrir!

Et vous quel est votre conte préféré?😁

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✒️ Mélanie

Un roman où deux histoires s'entrelacent entre chaque chapitre.
L'histoire, celle d'Alicia qui repense à son adolescence, et celle d'Alice aux pays des merveilles dont Alicia réécrit l'histoire dans une version moderne. Une nouvelle Alice qui rencontre les personnages du conte de départ en version féminines pour amener une réflexion féministe.
Quant à Alicia, après avoir subit une agression sexuelle, elle se questionne beaucoup et découvre peu à peu sa féminité.
La question de la perte de l'innocence est aussi très présente dans ces deux récits qui s'entrecroisent, tout comme la littérature, le corps féminin, l'empouvoirement, la masculinité toxique, les violences faites aux femmes, la condition des femmes... " ces tentatrices " p.142.

Les deux récits se croisent mais se relient souvent et se font écho en miroir (de l'autre côté du miroir d'Alice 😏):
P.102 :Alicia voit le " dessin d'un oiseau de paradis dans une cage" , p.103: Alice est préoccupée par "l'idée d'un oiseau en cage dorée "

La littérature et l'écriture sont partout en filigrane dans tout le livre, exemple :
P.158- " je veux une chambre à moi pour pouvoir penser" (Cette Reine bleue avait pour nom Virginia ) - 😉vous l'avez ?

Une plongée également dans les mondes de l'enfance et de l'onirisme saupoudrés de poésie et d'humour. Mention pour la-chatte-du-loir-et-cher 😁

Une invitation à s'affirmer en tant que femme, à trouver son chemin personnel à la croisée d'un carrefour, mais aussi sa liberté et être comme la Alice de Lewis Carroll : "une fille qui pense". Et comme le dit le Lièvre de Mars p.96: "N'oubliez pas de devenir qui vous êtes !", mais aussi comme le dit Alice p.150: "d'imaginer, de rêver, d'entreprendre "

Un roman à lire, autour d'un thé et de bons scones, et à offrir pour initier, par la littérature, les grandes novices, aux questions du féminisme et du patriarcat.

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​✒️ Mélanie

Coup de coeur pour ce formidable documentaire pour les 8-12ans, à mettre dans les mains de tous les garçons et les filles, pour leur apprendre ce que c'est que naître fille de par le monde, mais également en France.

Un très bel ouvrage coloré et vitaminé signé @alicedussutour aux @editionsduricochet met en lumière les inégalités rencontrées quand on est une fille, avec une pensée pour toutes celles qui ne sont pas nées... ou ont été abandonnées à cause de leur sexe.

Il montre également que le combat pour les droits des femmes et l'égalité est encore plus que nécessaire et c'est en éduquant les plus jeunes que les mentalités pourront évoluer.

Divisé en 5 chapitres, chaque histoire commence par une localisation du pays, une présentation de la jeune fille, du thème concerné, d'un message d'espoir et d'un documentaire sur le sujet.
Très intéressant même pour les adultes, ce documentaire peut également servir de support pour lancer une discussion avec des enfants et ados sur les thèmes abordés: règles, précarité menstruelle, injonction, grossophobie, patriarcat, éducation, excision, mariage forcé, harcèlement, féminicide...

Loin de croire que ces problèmes n'existent qu'ailleurs, une histoire se passe en France, montrant ainsi qu'ici aussi il reste du chemin à faire...

Cet ouvrage positif, explique très bien chaque problématique. On sent le travail de fond et de recherches de l'autrice-illustratrice qui propose d'ailleurs des pistes et des ressources en fin d'ouvrage pour approfondir chaque sujet.

Le changement est en marche !

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​✒️ Mélanie

Camille Anseaume, je la connais depuis bien des années grâce à son blog « Café de filles » où elle raconte sa vie à coups de chroniques drôles et intelligentes. J’ai toujours adoré la lire. Le sujet, peu importe, c’est sa plume qui me touche en plein coeur. Elle arrive à nous décrocher des sourires spontanés et à procurer un formidable sentiment de bien-être. Camille est une autrice talentueuse, très talentueuse.
Evidemment, j’étais impatiente de lire son dernier roman « Ma Belle, » paru le 16 février dernier aux éditions @calmann.levy et je l’ai dévoré !
👌Le sujet du livre, c’est la famille recomposée et plus précisément la place et le rôle de la belle-mère (Louise) par rapport à sa belle-fille (Blanche), une jeune fille adolescente très belle et très triste. La place du père aussi et sa responsabilité. Mais ce texte n’est pas que ça. L’autrice aborde avec énormément de sensibilité et de justesse le sujet des injonctions faites aux corps des femmes, les complexes, la féminité, la construction de soi par autre chose que l’apparence. Elle manie son écriture avec délicatesse, elle vous saisit de l’intérieur avec parfois une simple phase, une chute drôle et oh combien efficace ! C’est un roman brillant, sublime, précieux !
💜Voici l’un de mes extraits préférés :
« Et si finalement on se débattait avec la même chose toutes les deux ? Et si le mal que tu te donnes pour être belle et le mal que ça me fait de ne pas être assez, c’était la même souffrance ? Et si notre dénominateur commun, c’était ce souci de l’apparence ? Et si l’erreur dans tout ça, c’est qu’on nous avait fait croire qu’il fallait être belle pour se sauver ? Que c’était notre seule arme contre le désamour, le désintérêt ? Contre l’indifférence de ton père et celle de tous les hommes ?
Et si on était dans le même bateau toutes les deux ? Et si on était dans le même bateau que les trois milliards et demi de femmes sur Terre ?
Alors ce serait un très grand bateau, très beau, très puissant, un qui fendrait l’océan contre vents et marées, à bord duquel on pourrait aller plus loin que dans nos rêves les plus fous »
💥« Ma belle, » de Camille Anceaume, livre-trésor d’une infinie délicatesse !

🔥 A découvrir absolument, cet album jeunesse drôle, mignon, dynamique et coloré! 🔥

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📖  Stephanie Stansbie et Hazel Quintanilla, les autrices, ont réalisé un super album plein d'énergie qui est paru aux éditions Tigre & Cie pour sa version en français.

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🤩 Rosa est une petite fille qui sait ce qu'elle veut !  Elle sait qui elle est, elle peut tout faire, rien ne peut l'arrêter. Elle est aussi créative et bourrée d'idées.

Toute ressemblance avec une personne que vous pourriez (re)connaître serait fortuite.😉

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🎉 Un album qui célèbre les filles puissantes du monde, et encourage tous les enfants, garçons comme filles à vivre pleinement et à s'épanouir !

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🌈  Une bonne dose d'énergie et de positivité que l'on voulait absolument partager avec vous !

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✒️ Mélanie

🙄 Vous ne savez plus quoi répondre à votre père, votre mec, votre pote, votre frère quand ils vous disent : "le féminisme ça sert plus à rien aujourd'hui, c'est bon vous l'avez l'égalité!" 😂😂😂

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✊ Vous voulez initier votre soeur, votre mère, votre meilleure amie, votre tante, votre nièce ado au féminisme de manière ludique mais avec un vrai fond, alors c'est la BD qu'il vous faut ! 🔥

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🤩 Les formidables autrices Eve Cambreleng et Blanche Sabbah ont écrit et dessiné cette BD à quatre mains, parue aux éditions Mango Society, pour répondre aux idées reçues sur le féminisme, mais aussi pour éduquer les personnes intéressées sur le sujet. 

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👏 Mission réussie !👏

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😁  A travers le prisme de l'humour, elles prouvent à travers les différents chapitres thématisés en quoi les luttes féministes sont toujours essentielles encore aujourd'hui!

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Une BD sur la déconstruction  à mettre dans toutes les mains. 👌

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👉 Une bonne piqûre de rappel qui est également un très bon support pour ouvrir la discussion et/ou pour argumenter lors des repas en famille 😉

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✒️ Mélanie

​💥Malgré mon état de conscience en alerte permanente, je n’arrêterai jamais de me soulever intérieurement quand je constate à quel point la misogynie et le patriarcat ont intégré toutes les sphères de notre vie.

👌Ici, il s’agit du milieu de la bière et des brasseries. Anaïs Lecoq nous dresse un tableau complet de ce monde. On apprend que les premières brasseuses étaient des femmes (houblon = produit calorique pas cher = nourrit la famille = les femmes s’y mettent) ou comment l’histoire les a effacées de cette industrie au fil des siècles (sentiment du déjà-vu renforcé). L’autrice fait un constat terrible : pubs sexistes, féminisme washing à fins markéting, stéréotypes du genre pour les bières (sucrées pour les filles, amères pour les hommes – même nos gouts sont construits culturellement, c’est dingue !), double standard pour les femmes qui boivent de la bière (vues comme vulgaire !), la sous-représentation des brasseuses aux festivals, l’entre-soi masculin au syndicat national des brasseurs (soulignons l’inclusivité du nom), etc.
La parole est donnée aux brasseuses, sommelières, influenceuses (ce qui me fait penser que hier pour la première fois, j’ai rencontré une femme à la tête d’une brasserie locale croix-roussienne La Soro, j’ai nommé Anne-Charlotte), aux spécialistes et aux premières concernées !

🥃« Faire de la bière, seule ou entre amies, et le revendiquer, c’est se réapproprier cette pratique arrachée aux femmes il y a plusieurs siècles ! Faire de la bière, c’est politique ! »

👍Super lecture, riche et passionnante que je recommande chaudement !

📙 « Maltriarcat » de Anaïs Lecoq aux éditions @nouriturfu , parution le 03 mars 2022, à retrouver à la librairie dès demain !

❤️Alerte coup de cœur monumental ❤️!

💁‍♀️ Il y a eu d’abord mon mec, qui lisait cette BD à mes côtés, en prenant de fous rires et de grosses claques à tour de rôle, c’est ce qu’on appelle un ascenseur émotionnel ! Il n’arrêtait pas de me dire « tu vas l’adorer… tu vas l’adorer !». Puis ce weekend, j’ai lu (d’une traite) « La voie de la sagesse » d’Anne Boudart et en effet cette histoire est un pur régal, une merveille de bout en bout.
📚 Nina, une journaliste trentenaire, en couple avec Max (le conjoint dont on rêve toustes 😉), découvre un jour une ride au niveau de son trou d’anus (il fallait l’imaginer quand même 😉) et c’est le DRAME ! Par ailleurs, alors qu’elle est en dépression totale suite à cette découverte, elle se voit confier une enquête de « sa vie » qui est censée propulser sa carrière, au sujet d’une ado de 14 ans décédée des suites d’une nymphoplastie (réduction d’une partie des petites lèvres). Coïncidence ou pas, cette enquête va mener Nina à interroger le coût social que paient de jeunes adolescentes face aux injonctions du corps lisse et imberbe de notre société. Mais aussi s’interroger sur son propre rapport au corps, sa sexualité, ses désirs, ses relations amoureuses.
💥J’ai adoré le scénario de cette BD, bien ficelé, on a l’impression d’être dans une série ou un film. Tout est illustré dans les moindres détails, on peut passer des heures à scruter une page 😉 et trouver de petits trucs hilarants. Les textes sont riches, on rigole, beaucoup, vraiment ! Coup de crayon simple mais tellement efficace ! C’est le génie d’Anne Boudart, nous plonger dans un sujet important sans qu’on n’en sorte attristé.e ou démoralisé.e. Cela fait beaucoup réfléchir mais aussi beaucoup pleurer de rire !
🙏 A la fin, l’autrice raconte qu’avoir écrit cette histoire lui a ouvert le passage vers ses propres souvenirs et c’est très beau, bouleversant et touchant !
💜 Je n’ai encore jamais lu un roman graphique aussi génial ! Pépite absolue !
Réservez votre place pour la rencontre avec Anne Boudart à la librairie le 10 février ! Je suis certaine que ça va être le feu 🔥 !

« La voie de la sagesse » d’Anne Boudart, aux éditions Larousse

Jolie découverte que cette BD de la lyonnaise @aloysemendoza 😉
22 femmes, 22 tranches de leur vie offertes, et merci à elles, ayant comme fil conducteur le thème de la " rupture ".

Qu'elles soient amoureuses, amicales, physiques, sur le deuil, le coming out, la dépression... toutes ces ruptures marquent le début d'un changement dans leur vie, dans la vie.

Subies ou choisies, ces ruptures n'en sont pas moins le début d'un nouveau départ et d'une re-construction de soi, de savie, de l'intime parfois.

Des témoignages forts, très divers et surtout une parole offerte, dessinés avec douceur et respect par l'autrice - illustratrice.

L'impression de lire des extraits de vie d'une bande de copines toutes différentes, certaines situations ne pouvant faire que écho à notre propre vie.

Chaque témoignage en noir et blanc rehaussé avec subtilité d'une seule couleur, se clôture sur une double page lumineuse et colorée qui clôt le témoignage.
Un beau travail graphique. 👍

C'est aussi un beau partage, c'est sensible.
Un vrai bonbon doux-amer, à lire et à relire pour reprendre confiance après une situation de rupture.

Car ne dit-on pas qu'après la pluie vient le beau temps ? Rien de tel également pour être capable ensuite si la situation se représente d'apprendre à danser sous la pluie.
C'était la minute "développement personnel " 😅.

Mention aussi au format semi-poche très pratique et très agréable à lire. Une belle fabrication des @editionslapin 👍

Un joli cadeau à (s')offrir.

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✒️ Mélanie

J’avais un peu d’appréhension pour ce roman. Le sujet de l’infanticide, j’ai toujours évité, que ça soit dans les films ou les livres, je ne me suis jamais sentie prête à recevoir l’histoire d’une mère infanticide qui tue son enfant. Qu’y a-t-il de plus terrible et de plus inconcevable, vraiment ?
Cependant, en tant que mère, j’ai voulu m’y affronter pour comprendre. Et le bon moment s’est présenté avec le livre « Par la forêt » de Laura Alcoba. Sur la 4ème de couv, il est écrit « entrevoir au fond de la nuit, le pari de l’amour et de la vie ».

La narratrice mène une enquête sur un drame familial produit il y a trente ans. Elle retrouve les survivant•es, témoins de cette tragédie. Pendant des mois, elle note scrupuleusement leurs récits lors des rendez-vous dans le café parisien, toujours le même. Elle retrace les faits, revient sur la rencontre des parents, leur amour, leurs engagements, les premières années de leur vie de famille. Dès les premières pages, on s’en prend de l’affection pour tous les personnages. La narratrice n’essaie pas d’expliquer ou de justifier ce qui s’est passé. Elle écoute, recueille la parole d’une manière délicate, douce et avec beaucoup de pudeur. C’est remarquable !

J’ai beaucoup aimé ce livre, pour la force de l’autrice de raconter l’indicible, la fluidité et la finesse du récit ! Un sublime coup de grâce !

« Par la forêt » de Laura Alcoba paru le 06 janvier 2022 aux éditions @Gallimard

Vous l'avez vu passer en story et bien arrêtons nous un peu sur cet album jeunesse qui fait du bien même aux plus grands.

Cet album écrit par @gabi_snyder_writer et illustré tout en douceur par @sgraegin chez @saltimbanque_editions a été traduit en français par @susiemorgenstern et Emma Gauthier.

On suit une enfant qui entend les bruits de la ville, qui commence par distinguer les différents sons, qui écoute les syllabes, les mots, ceux qui procurent de la joie, ceux qui font mal... qui écoute les sentiments de son amie, sa peine.
Puis elle commence à écouter "au-delà du bruit ", le silence, son souffle, sa petite voix intérieure, puis le silence à nouveau avec les murmures de la nuit... Car oui, même le silence peut être écouté.

Un joli album très doux qui apprend à se reconnecter à soi et à écouter vraiment, suivi d'un petit lexique qui explique "l'art de l'écoute ".

Une très belle surprise que cette traduction, avec cet album pour les 3-7 ans, qui permet de faire une pause intérieure loin du brouhaha incessant. Un bonheur.

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✒️ Mélanie

Après l'excellent livre de Margaret Atwood que j'ai lu , il y a un moment, avant la sortie de la série (trop à rallonge à mon goût même si la saison 1 était assez fidèle au roman ), voici la BD, ou plutôt le roman graphique.

Et bien quelle bonne surprise !
Le roman est adapté et illustré avec talent par la canadienne Renée Nault

L'histoire : une dystopie. Un monde où les femmes qui peuvent ou qui ont pu procréer sont éduquées pour devenir de bonnes servantes "sexuelles" pour de riches couples dont les épouses cloîtrées chez elles ne peuvent avoir d'enfants.
Une cérémonie inspirée de la bible sert de prétexte à cette situation au combien mal saine et dérangeante.
Un monde patriarcal où le plaisir n'existe plus (en apparence...), où la rébellion et les actes "contre nature" sont punis de bannissement dans les colonies où seule la mort est l'issue... souhaitée.

Defred/June ne rêve que de retrouver sa vie d'avant, son compagnon, sa fille.
Mais l'espoir est parfois plus douloureux que l'acceptation qui anesthésie le coeur.

Le rouge très vif des tenues des "servantes", contraste très bien avec les robes d'un bleu un peu passé des épouses et les vêtements sombres des hommes.
Les passages colorés sont réservés presque exclusivement aux joies du temps passé.
Ceux en noirs et gris sont réservés à la nuit, aux pensées et réflexions de la protagoniste.

Une histoire qui résonne furieusement moderne et qui fut pourtant écrite en 1985.

Un plaisir de lecture 💜

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✒️ Mélanie

Le cœur cousu de Carole Martinez est un récit

d’aventure impitoyable revêtu de la puissance

évocatrice du conte sur les déagrations intimes de

la vie et la magie des femmes.

C’est en suivant les tribulations de Frasquita, dans le

sud de l’Espagne, que le lecteur accompagne cette

femme dans la découverte de son corps, de son don

et de la marginalisation. Capable de révéler la beauté

comme de cacher les secrets, ses doigts de fées et

ses prières mystérieuses vont l’emmener à créer.

Confectionner des enfants dans un tissu d’épreuves

douloureuses, repriser l’âme d’un homme inachevé,

remodeler le visage des révoltes paysannes à l’image

de son amour manqué puis fuir, toujours plus au Sud.

Après un périple homérique traversé de sang et de chants, Frasquita et ses ouvrages vivants âgées de quelques mois à 16 ans posent leur fatigue au Maroc. Peu à peu les dons surnaturels de sa descendance vont permettre de véhiculer des messages aussi

tendres que cruels pour devenir le fil rouge de notre héritage universel : l’amour à l’épreuve de la vie et de la mort.

Piqués par l’aiguille de la narratrice « L’encre m’est venue quand il n’y a plus eu de larmes. (…) Mon lumineux cahier sera la grande fenêtre par où s’échapperont un à un les monstres qui nous hantent. », cette lecture est un enchantement pour les sens.

Les yeux sont bercés par la musicalité des mots et se parent du voile des métaphores tissées par l’auteur pour envelopper le lecteur dans ce récit aux portraits subtilement brodés entre eux.

Ce récit est saisissant. Il relie l’œuvre du monde à l’extraordinaire qui sommeille en

nous pour encourager la destinée.

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Cette chronique vous a été présentée par Claire Bascou, l'une de nos fidèles clientes et une talentueuse libraire à Uzès 💥 ! Grand merci à elle 💜

💜Attention ! Gros coup de Cœur 💜!

Il fallait que j’apprenne que Charlotte Perkins Gilman fait partie des 3 autrices adulées par Lauren Bastide pour que j’ais envie de la découvrir.

Et Oh ciel, qu’est-ce que je comprends 🙏🏽

Charlotte Perkins Gilman est une écrivaine, sociologue et féministe américaine du début du XX siècle. Elle a écrit quelques romans et essais dont le plus connu est « Le Papier peint jaune ». C’est aussi une femme au destin tragique. Elle a longtemps souffert d’une dépression grave liée entre autres à son aliénation aux rôles d’épouse et de mère, dans lesquels, elles ne s’épanouissaient pas. En guise de traitement, son mari lui a interdit toute forme de lecture et d’écriture, ce qui l’a anéanti encore plus. Elle finit par quitter le foyer, s’enfuir en Californie, divorce et récupère sa fille. Malheureusement vers ses 55 ans, se sachant atteinte du cancer, elle écrit sa biographie et se suicide en déléguant tous droits d’autrice à sa fille.

🌸 Herland est une superbe utopie (malheureusement) féministe ! 3 jeunes Américains explorateurs, en suivant une légende, tombe sur un pays totalement isolé et inconnu des cartes sur les hauteurs d’une montagne. Ce pays n’est peuplé uniquement que des femmes et ça depuis 2000 ans ! Prisonniers dans une cage dorée, sceptiques et incrédules au début, ils finissement par admettre que ça puisse être vrai et qu’aucun homme avant eux n’a jamais mis les pieds sur cette terre. Ils commencent alors à découvrir le pays, l’histoire, la culture, le fonctionnement, les us et les coutumes, la méthode de procréation (parthénogénèse), lors de longs échanges avec les femmes de Herland. La maternité est vénérée comme la valeur suprême et sacrée de toutes. Le système économique est bâti sur la sororité et l’entraide, tout est fait pour un bien commun, la prospérité nationale. A Herland, il n’y a pas de guerre, de maladies, d’enfants pas sages, de crimes et de prison, de rapports de force, de laideur -la suite dans les commentaires ⬇️
#herland #perkinsgilman #femmesautrices #livres #lecture

37 sem

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    !

Tant attendue, la nouvelle BD de Pénélope Bagieu est sortie.
Après le succès international mérité des "culottées" qui vient d'être rééditée en intégrale et où l'on pouvait (re)découvrir le destin de femmes qui ont fait avancer les choses mais dont on oublie très souvent de parler...
Merci encore pour ce fabuleux travail. 🙏👏

Ici, on retrouve la vie de Pénélope Bagieu (pensées pour sa première BD, "Ma vie est tout à fait fascinante "🤩) .
Pénélope Bagieu nous partage sa vie d'ado dans les années 90, de ses amours d'adolescente, de sa sexualité, de son rapport à son corps, des agressions sexuelles qu'elle a subies, de ses amitiés, de sa famille..., mais aussi de pourquoi même en adorant les chats, elle n'en a pas.
Je défie d'ailleurs quiconque de ne pas pleurer pour cette première histoire.😭

"Les strates" c'est avant tout l'histoire d'une construction, une construction de soi, couche après couche, années après années, avec ses sentiments, ses expériences, son courage, ses peurs, ses choix.
C'est surtout l'histoire d'une fille qui grandit, qui apprend à faire avec les épreuves qu'elle a traversées dans sa vie, qui l'ont traversé. Un récit parfois intime, parfois sensible, parfois drôle mais toujours raconté avec pudeur et justesse.
Une BD qui sent la madeleine de Proust pour la quarantenaire que je suis, mais qui rappelle aussi des situations vécues que l'on aimerait oublier.

Une BD en noir et blanc, sorte de journal intime illustré, réussie, que l'autrice illustratrice nous partage en chapitres comme autant de tranches de sa vie.
Ce fût un très grand plaisir de retrouver Pénélope Bagieu et son style, son dessin, ses récits. 💜
Merci.

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✒️ Mélanie

Découvrez l'histoire de Salem et sa chasse aux sorcières à travers les yeux d'Abigail, jeune fille de 13 ans qui voit sa vie basculer car elle est une fille et donc une proie pour le regard des hommes...

Une histoire bien menée par Thomas Gilbert que j'ai beaucoup aimé.

Une BD sur la sororité, la liberté et la volonté d'émancipation contrecarrées par le patriarcat, la religion, la peur, la jalousie et l'ignorance.
Des femmes innocentes accusées pour leur différence, leur volonté d'être libre, leurs connaissances...

Ce que je retiens c'est qu'aujourd'hui, au XXIÈME siècle, les choses ne sont pas devenues si différentes...

Attention, quelques scènes de violences peuvent heurter, c'est pourquoi je ne la conseillerai qu'à partir de 15 ans.

Bonne lecture 💜

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✒️ Mélanie

« Il y a les vivants, les morts et il y a les marins !
👌 Voici une lecture qu’il me fallait pour ce week-end.

💁‍♀️ « Ultramarins » de Mariette Navarro nous invite à faire une pause, le pas de côté, à s’échapper de la routine, à sortir la tète de l’eau. En l’occurrence ici c’est en y plongeant qu’on assiste à la dérive.

🌊 Une commandante rigoureuse d’un cargo accorde, malgré le règlement très stricte, une baignade à son équipage en plein océan Atlantique. Une échappée merveilleusement bien décrite qui ouvre le roman. Une fois les marins remontés à bord, on assiste aux choses étranges : ils sont 21 au lieu de 20, la brume épaisse envahit le cargo, le bateau perd de la vitesse, il part à la dérive. La commandante essaie de maîtriser la situation dans un premier temps mais se laisse bercer elle aussi par un mystérieux état de flottement de corps et d’esprit. Elle cherche à percer le cerveau de la machine, cet animal à qui elle s’adresse comme à un être à part entière. Elle a l’impression qu’il prend son indépendance, hors de son contrôle : « Quelque chose s’est planté dans ton gros cœur, bateau. Un harpon visible et puissant. L’arrêt de mort de quelques certitudes. Tu nageais dans ton propre sang quand je n’avais que la routine et les petites habitudes comptables du soir »

🎈Ultramarins est un roman a l’atmosphère envoûtante, surprenante, humide et poétique. C’est une pause, un écart, un arrêt dans nos vies folles que Mariette Navarro nous invite à faire. Un texte poétique à l’allure de l’étrange !

📘Une véritable parenthèse à offrir à vous ou à vos proches !

Je dois avouer, je suis devenue un brin méfiante face aux textes écrits par des hommes (cis hetero en particulier). À force de lire que des femmes, mon gaze (regard que je porte à l’œuvre) s’est beaucoup imprégné du female gaze (regard féminin donc).
J’avais quelques réserves face à ce livre : protagoniste masculin, écrit à 4 mains par Simon et Capucine Johannin. D’autant plus que le début n’était pas prometteur. L’histoire démarre dans un camp militaire d’entraînement de la Légion étrangère - milieu viriliste par excellence. Le décor était planté, ma perplexité aussi.

Mais ... (puisqu’il y a un « mais » de taille), ce pressentiment était un immense leurre !

👨Nino est un jeune homme de la génération Z. Précarité, violence sociale, laideur de la réalité, appartement lugubre dans une banlieue parisienne, c’est son quotidien. Nino cumule des petits boulots mal payés et cherche désespérément sa place dans la société. Il est perdu le jour, il n’y a que la nuit et ses lumières qui lui apportent un peu de répit, bonheur et plaisir.

👩🏻Il y a aussi Lale, pour qui il porte un amour fou et inconditionnel. Les pensées de Nino sont remplies d’elle, tout le ramène à elle, Lale est sa boussole, sa raison d’exister. C’est magnifiquement décrit.

👍J’ai très vite adoré la langue vive, crue, amère du roman. Cette fiction est une poésie urbaine ou comment rendre beau ce qui est laid, avec des mots percutants de justesse ! Quel talent de manier les mots, de faire des phrases coup de poing !
👥 Nino dans la nuit est une histoire de notre jeunesse, qui reste à la marge malgré les efforts et l’envie de s’en sortir. Les auteur•es lui rendent un bel hommage.

🎈Ce n’est pas un roman triste. Malgré la noirceur et la souffrance, il reste un espoir de vie meilleure, si proche.

🙏🥰C’est surtout un beau roman d’amour entre deux êtres qui malgré la violence étouffante, continuent à s’aimer et à se soutenir. C’est l’amour absolu, inconditionnel, sincère et sublime !

💜Énorme coup de cœur pour « Nino dans la nuit » de Simon et Capucin Johannin aux éditions Points J’ai hâte de lire leurs prochains livres !

🔥 J’écris ces lignes encore sous l’émotion, après tout juste refermé la dernière page du « Viendra le temps du FEU » de Wendy Delorme 🔥. J’ai rarement lu un texte qui a remué tout mon être comme ça, peau hérissée, cœur serré, ventre apeuré, yeux mouillés.

✍️ Il s’agit du dernier roman de Wendy Delorme (une autrice et une personne que je suis depuis longtemps et que j’estime beaucoup) qui est une dystopie féministe. L’histoire se passe dans un futur sombre où la vie (ou le peu qui lui reste) est régie par un état totalitaire, oppressif et sexiste. Les ressources sont épuisées, on vit avec un système des avoirs pour boire, manger, se loger et se vêtir au rythme des couvres-feu et on obéit au pacte national. Le mot tourisme est un archaïsme et les librairies n’existent plus !

🙏🏽 Au milieu de ce chaos quelques personnes résistent, surtout les femmes et espèrent bâtir un futur possible, un monde différent exempt de peur et de domination.

👩‍❤️‍👩 Ce roman parle de la plus belle des manières de la sororité, pour moi il lui est même consacré ! La sororité comme un savoir-vivre ensemble accessible a toustes.

📚 Aussi, c’est une ode aux livres, à la lecture et à l’écriture, aux mots tout simplement. Wendy Delorme démontre à quel point c’est crucial d’avoir accès aux livres, à la pensée pour ne pas tomber dans l’obscurantisme. À quel point l’écriture est indispensable pour se souvenir, ne pas oublier, transmettre, donner du sens à ce monde.

💜 Je vous conseille cette belle lecture qui m’a procuré énormément de joie et d’espoir !
Avec plein de clins d’œil à notre époque ...